Chapitre 38.

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Le lendemain, le soleil s'est à peine levé sur le domaine de Javier, baignant la propriété d'une lumière dorée encore fraîche. Comme chaque matin, je me réveille avec un sentiment de lourdeur dans la poitrine...

 Prisonnière de ce monde doré depuis des mois, j'ai pourtant appris à cohabiter avec la peur et la douleur, toujours sur mes gardes face aux caprices et à la cruauté d'Abuela, la gardienne impitoyable et maitresse de maison. Maintenant, Javier ne me fais plus aussi peur, mais son Abuela si. Elle, je m'en méfie comme de la peste...

Aujourd'hui est un jour de travail comme les autres. Je me lève, m'habille de ma robe en coton fin et me dirige vers la cuisine, où m'attend déjà une pile de tâches à accomplir. 

Le petit déjeuner de Javier et ses hommes, comme d'habitude, les tâches de nettoyage... Je commence par préparer le petit-déjeuner pour Javier et ses hommes, puis m'occupe du ménage et du jardinage, accompagnée de quelques une des filles. Ce moment, normalement painible en plein soleil dès le matin, s'avère aujourd'hui plutôt agréable; la chaleur ne nous étouffe plus trop; c'est bientôt la saison des orages ici, et les filles s'octroient même un moment pour chanter.

On chante en coeur, sous le regard agacé des hommes de Javier, mais ils ne nous punissent pas et nous permettent ce plaisir. 

Chaque mouvement est précis, mécanique, un moyen de s'occuper l'esprit et de repousser les pensées douloureuses.

La matinée passe sans incident notable, jusqu'à l'arrivée d'Abuela. Je ne sais pas où elle était fourrée, celle-ci, mais quand elle ouvre la grille donnant sur le jardin ombragé, je me tens d'un coup. Je ne transpirais pas excessivement, mais là ça va être le cas... Je me raidis, me forçant à continuer mon travail. 

Dès qu'Abuela franchit le seuil du jardin, son regard acéré se pose sur moi, évidamment, rempli de mépris et de haine...

- T'as toujours pas fini? crache-t-elle, sa voix aiguisée comme un couteau. Je me redresse et lui jete un regard neutre, me demandant ce qu'elle me veut. "Tu crois que t'es quoi, une princesse ? Dépêche-toi de finir ton travail, j'ai besoin de toi pour autre chose." Sa voix est froide, et mes amies de labeur me jettent des regards plein d'espoir pour m'aider à affronter cette folle. 

Je ne répond pas, serrant les poings pour contenir ma rage. Je sais que c'est pas la peine de me rebeller contre Abuela, la vieille femme est capable des pires cruautés; j'en ai déjà fait les frais. Je termine donc son travail à la hâte, redoutant la suite.

Abuela me conduit dans un des bureau, une pièce sombre et austère où règne une odeur âcre de tabac et de sueur. Je m'installe sur une chaise en bois usée, face à la vieille femme qui me fixe avec un air neutre qui me fait frissonner.

- Aujourd'hui, Natalia, tu vas me rendre un petit service", dit-elle, sa voix douce et mielleuse cachant une menace sournoise. Je suis sur mes gardes. "Tu vas m'aider à punir une des filles."

Une fois l'ordre donné, je ne bouge pas, serrant mes mains. Non, pitié, non... Je ne pourrais pas faire une chose pareille. Toutes ces filles... C'est mes amies... Je ne pourrais jamais leur faire du mal. Mais si je ne le fais pas, Abuela, Javier ou ses hommes m'en feront à moi. Enfin, peut-être que Javier serait mon seul espoir pour échapper à cette tâche. Mais il n'est pas là. Pas ce matin, il a quittée très tôt le domaine avec quelque un de ses hommes. 

Je sent un frisson de terreur me parcourir le dos. Je sait que les punitions d'Abuela sont légendaires, des actes de barbarie qui laissent des traces physiques et psychologiques indélébiles... 

- Non, s'il vous plaît, ne me faites pas ça, je supplie, ma voix tremblante. "Je vous en supplie, je ferais tout ce que vous voudrez, mais pas ça...

Captive d'un narcotrafiquantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant