Chapitre 37.

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- Pourquoi ?" murmure Javier à nouveau, ses yeux sondant les profondeurs de mon âme. "Pourquoi n'as-tu pas pris ta liberté ?"

J'ouvre la bouche pour répondre, mais les mots restent coincés dans ma gorge. Je ne sait pas moi-même pourquoi j'ai hésité. Est-ce par peur de la mort ? Par pitié pour cet homme brisé par ses propres démons ? Ou peut-être y a-t-il quelque chose de plus profond, une étincelle d'humanité que j'ai entrevu dans ses yeux tourmentés ?

Oui, je sais que c'est ça. Avec le temps passé ici, j'ai finis par entrevoir quelque chose dans les yeux de Javier. Une lueur d'humanité malgré la monstruosité de ses actes. 

- Je crois que j'ai fini par comprendre que si je quitte cet endroit, je suis morte, soufflais-je, et Javier me fixe, le regard vide, et il semble me prendre en pitié, lève la main comme pour toucher mon visage, mais ne me touche pas, puis il se détourne et me lance froidement: 

- Les filles t'ont préparé un gateau d'anniversaire, je crois. Tu devrais aller fêter avec elles." 

Je ne bouge pas, tétanisée, la gorge nouée. Je devrais être heureuse, c'est mon anniversaire. Pourtant, tout ce que j'ai envie de faire, c'est pleurer. 

Le matin, je me lève alors, et me dirige vers la cuisine. Abuela n'est pas dans les parages, heureusement, et je n'ose même pas imaginer ce qu'elle m'aurait réservé en sachant que c'est mon anniversaire. J'ai pourtant bon espoir de me dire que Javier m'aurait protégée. Sûrement. 

Quand j'entre dans la cuisine, les filles sont afferées à allumer quelques bougies sur un gateau au fruit qui semble déjà souffrir de la chaleur malgré le vieux ventilateur poussièreux qui tourne dans le coin de la pièce, et quand elles me voient, elles me sourient. 

- Natalia... C'est un jour spécial! Tu as dix neuf ans, ma belle. Viens vite souffler les bougies avant qu'Abuela ne vienne nous interrompre, me lance alors avec un sourire Catarina, me prenant par les épaules et m'emmenant devant le gâteau. Il a l'air tellement bon, et je meurs de faim; les filles m'encouragent, me soutiennent et je souffle alors les bougies. Au revoir mes dix huit ans. Bonjour dix neuf. 

Je devrais être heureuse, mais tout ce à quoi je pense, c'est que je suis obligée de fêter mon anniversaire loin de mes parents, ici, et que la douleur de l'éloignement rends ce jour encore plus triste. Je sens les larmes monter, et Catarina le voit aussi, alors elle me prends contre elle et m'embrasse sur la tempe en me réconfortant: 

- Allez, ma belle, on est là. On va fêter quand même, ok? 

- J'suis sûre que tes parents pensent à toi, eux aussi, me rassurent Maria et Antonia. 

- Ça sera moins difficile quand ce jour sera passé, me glisse Antonia en me caressant l'épaules. Puis, Catarina frappe dans ses mains et coupe le gâteau, et on prends chacune une part. On profite de le savourer et de le manger ici dans la cuisine, où on ne vient pas nous embêter... mais c'était mal anticipé la présence de Patricio, qui vient dans la pièce accompagné de Pasqual et Pedro, deux autres hommes de Javier, les pire. 

C'est vraiment la pire surprise d'anniversaire dont je pouvais rêver. 

- Tiens, tiens, on fête un truc ici? C'est pour ça que vous êtes pas en train de bosser, les chicas?" Nous lance alors Patricio, avant qu'il ne voie le gâteau: "Oh, c'est l'anniversaire de qui?" Aucune fille ne réponds, et il lâche un rire stressant. Je ne bouge pas. Je sais pas de quoi il serait capable quand il apprendra que c'est mon anniversaire. Une nouvelle humiliation. "Alors? On réponds pas? C'est pas très poli. Allez, les filles. C'est l'anniversaire de qui?" Il garde le sourire mais sa voix est plus impatiente, alors j'assume: 

Captive d'un narcotrafiquantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant