Je ne sais pas trop quoi répondre, et je referme le dossier que je triais:
- Heu... Oui. Au lycée, oui. En dernière année."
Javier semble réfléchir à quelque chose, mais il est insondable, j'arrive pas à savoir ce qu'il pense. Alors, je l'observe aussi, à la dérobée; je vois le début de ses tatouages sortir de sa chemise décolleté. Je me surprends à me demander à quoi ils ressemblent si je les voyais complètement. Je sens ma gorge s'assécher. J'ai chaud. Putain, pourquoi je pense une chose pareille.
- Et tu es asser bonne en calcul, en dactylographie?" Poursuit Javier, et je souffle:
- Je crois, oui.
- Bien, dit-il, et j'attends de savoir ce qu'il attends, mais il ajoute rien de plus. Je réfléchit un instant puis continue de trier. Cette session de travail est la première de toute une série de session de travail que je passe pendant un mois entier dans le mois de Javier.
Il est là à chaque fois. Il ne dit rien, me pose quelques questions, assis à son bureau, sur son téléphone, avec ses hommes, mais jamais il ne me dérange dans ma tâche. Je finis par peu à peu à m'habituer à cette routine; je travaille au domaine, où le caractère d'Abuela a finit par ne plus m'ébranler, même si je vis sans arrêt sur le qui vive, mais j'ai finis par lentement m'habituer. Quand à Javier, j'ai finis par cerner peu à peu l'homme qu'il est.
C'est un homme complexe et imprévisible. Il peut être gentil et attentionné un jour, et cruel et violent le lendemain. J'ai appris à me montrer plus que prudente, à ne pas me montrer plus que curieuse que ce que je devrais avec lui et ses hommes, à connaître et à s'adapter à ses humeurs.
J'ai également appris à utiliser mes compétences pour mon propre avantage. Je finis par me rendre compte que je suis une secrétaire plutôt douée pour Javier, et j'ai même crû le voir sourire en me regardant travailler, un jour. J'ai l'impression de peu à peu baisser ma garde. Je ne suis plus la Natalia d'il y a quelques mois qui était une vraie lionne, prête à lui sauter à la gorge. Et j'ignore même comment j'ai pû autant changer. Peut-être parce que j'ai compris que mon comportement de rebelle ne m'apportait rien de bon et seulement de la fatigue.
Je sais pourtant que je suit toujours en danger, mais je donne tout pour survivre. Je n'oublie pas le policier infiltré que j'ai rencontré au mariage, j'essaie de penser à un plan, j'observe le habitudes de Javier et ses hommes, je me fais à la routine du domaine... Et j'essaie de tout analyser.
Un jour, alors que je me rends dans le bureau de Javier pour une enième session de triage de papiers, j'aperçois Javier assis à son bureau, les bras croisés, et un air plus que sérieux sur le visage. Je commence à connaitre ses humeurs, je sais qu'il a quelque chose en tête. Sans un mot, je m'installe au petit bureau qu'il m'a amménagé et me met à trier certains papiers. J'ai finis par avoir l'habitude de voir défiler sous mes yeux des montants exhorbitants, des adresses situées ça et là en Colombie, des horaires précises et des listes de noms. Je ne préfère pas en savoir plus. Je ne veux pas savoir ce que tout ces mots veulent dire, même si j'ai eu tout le loisir de l'imaginer.
- J'ai besoin de toi pour une mission spéciale," lance soudain Javier sans préambule, et je me fige en relevant la tête. Je suis vite asser rapidement devenir docile face au chef du Cartel. Je sais que je n'ai plus interêt à tenter quoi que ce soit ou à me rebeller. Je préfère largement me soumettre pour le moment. En attendant des jours meilleurs, un espoir. Mais cette fois, mon coeur accelère; ça fait quelques mois que je suis ici, à faire ce travail dans son bureau, à ne pas sortir de la propriété. Pendant ces quelques mois, Abuela m'a un peu fichu la paix, et j'espère vraiment que Javier ne va pas me remettre à l'entretien de la maison, sinon je sens que j'aurais encore le droit aux coups d'Abuela.
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Captive d'un narcotrafiquant
General FictionNatalia Paloma Rosamaria, une jeune espagnole de 18 ans, en vacances avec ses parents en Colombie, rencontre lors d'une soirée dansante un jeune homme sur la piste... Mais alors que la joie est de rigueur, des coups de feu éclatent et c'est la cohu...