Chapitre 30.

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Non, pitié, non... Pas ça. Je ne pourrais pas regarder. 

Les filles à côté de moi restent muette, mais la fille au seul se débat, pleurant, s'agrippant à Patricio avec désespoir: 

- Non, je t'en supplie!! ... Patricio, POR FAVOR!!" 

Mais ses supplications seront veines, je le sais. Patricio lui intime de se taire, puis lui agrippe les cheveux pour la maintenir en place, et un des hommes de Javier s'approche de lui avec une machette. 

Je ne bouge pas, je me contrôle, je me force à ne pas bouger, et la seconde d'après, je vois la lame se lever vers le ciel... Et je me détourne pour entrer à l'intérieur de la maison juste à temps pour n'entendre que le hurlement déchirant de douleur de la pauvre fille, qui déchire la torpeur de la jungle. Je ne réagit pas; je continua d'avancer je me dirige vers la salle où nous avons manger, et m'effondre contre le mur, les mains tremblantes et le cœur battant la chamade. 

Les cris de la jeune fille résonnent encore dans mes oreilles, hantant mon esprit. J'ai failli voir, failli être témoin de cette horreur atroce. Je ne peux plus le supporter. 

La violence du cartel me dégoûte, me terrorise. Je me sent impuissante, incapable de sauver ces jeunes filles innocentes qui sont broyées par la cruauté de Javier et de ses hommes. Javier approuve ce genre de choses, sans sourciller. Il me dirait que c'est la dure réalité de ce monde, mais je ne le crois. On peut choisir de ne pas faire souffrir... 

Des larmes coulent sur mes joues, mêlées à la rage et au désespoir. Je veut crier, hurler, mais les mots me manquent. Je me sent prisonnière de cet enfer, incapable de m'enfuir.

Soudain, une main se pose sur mon épaule. Je me retourne et voit Catarina, ses yeux remplis de compassion et de compréhension.

- Viens," murmure Catarina, la tirant vers la salle où elles ont mangé. "Respire profondément, Natalia. Inspires et expires lentement."

Malgré mon état, je me force à lui obéir; plus d'une fois elle m'a ramenée à la raison et calmée, je la laisse faire encore aujourd'hui. 

- C'est bien, Natalia. Tu vas mieux maintenant?" Non, mais je suis plus calme. 

- Merci, Catalina... Est-ce qu'elle est... Est-ce qu'elle... 

- Un type de Javier a eu pitié et l'a terminée, souffle Catalina. Je la remercie de ne pas élaborer sur le terme "terminée". Je comprends imédiatement. 

Les heures passent, et les filles et moi devons nous atteler à quelques tâches ici et reste un moment, d'après les hommes de Javier. Je m'active à la vaisselle dans la petite cuisine, quand soudain je sens une présence derrière moi. Je me tourne pour voir que c'est Patricio. Je sens que même avec l'avertissement de Javier, il n'écoute pas et se laisse aller à ses pulsions... Je me fige et continue de frotter activement ma vaisselle. 

- Natalia... Souffle-t'il, mais je ne réagis pas jusqu'à sentir son souffle contre mes cheveux. Je me redresse et me fige, serrant mon assiette dans ma main, prête à lui la briser sur la tête s'il attaque. "Tu es belle, même brisée." Et brisée par qui?! Ais-je envie de lui hurler.  "... Mais n'oublie pas que tu es ici par notre volonté. Tu nous appartiens." 

Je me fige, un rictus de rage sur mes traits, le cœur battant la chamade. Je déteste cet homme, son arrogance et sa cruauté. Mais je sait que je ne peut pas le repousser, je sais ce que je risque. 

- Patricio, lance soudainement la voix forte d'un des hommes de Javier. "Va t'astiquer ailleurs et laisses Natalia bosser." Patricio s'éloigne de moi immédiatement et je peux entendre sa colère et sa frustration, puis il quitte la pièce. L'homme de Javier me surveille ensuite quelques minutes et repart. Je comprends que Javier a demandé à ses hommes de me surveiller, mais pour ma sécurité; ce geste m'emplit d'une espère de reconnaissance que je détèste ressentir. 

Captive d'un narcotrafiquantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant