Chapitre 32.

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Le retour dans le domaine de Javier se fait dans un calme glacial; je suis exténuée, et Javier ne me calcule pas du tout, je me sens tellement mal par rapport à ça, alors que je devrais être heureuse qu'il me fiche la paix. Mais c'est tout le contraire. 

J'ai encore envie de pleurer comme une enfant, mais je tiens bon. Catalina voit mon état et me tiens la main; elle se dit sûrement que l'exécution de la fuyarde dans la jungle a dû me marquer, l'attaque des types au bateau, tout ça a dû peser sur les épaules d'une gamine de dix huit ans comme moi, et c'est vrai, elle a raison, je crois que c'est un tout. Tout ce qui s'est passé dans cette foutue jungle m'a marquée profondément, et j'ai besoin de repos, mais je sais qu'une fois à la propriété, je ne pourrais pas me reposer. 

Nous sommes enfin de retour au domaine de Javier, mais je n'ai pas le sentiment d'être en sécurité. Je suis encore sous le choc des événements traumatisants que j'ai vécus dans la jungle, et je me sent vulnérable et apeurée.

Le silence glacial qui règne dans le domaine accentue mon malaise. Javier ne m'adresse aucun regard, et je me dis que c'est ce que j'ai mérité, après le geste que j'ai eu contre lui. Malgré cela, je ressens une étrange tristesse à l'idée qu'il ne s'intéresse plus à moi, alors que je devrais être soulagée. Sérieux, qu'est ce qui m'arrive. 

Catalina remarque immédiatement mon état, et alors qu'on s'occupe de l'étendage du linge sur le toit de la propriété, elle essaie de me faire rire en imitant Abuela avec ses grosses robes à fleurs. Ça parvient à me détendre un peu, et on finit par rire en se lançant de l'eau mousseuse depuis le seau avec lequel on doit nettoyer les catelles. 

Je sais pourtant que je ne peut pas me reposer sur les autres pour surmonter mes traumatismes. Je dois trouver la force en moi-même pour guérir, même dans un endroit aussi impitoyable que celui-là. 

De retour dans ma chambre, je suis à nouveau assaillie par une vague de larmes. Je ne peut plus contenir mon chagrin et ma peur, ma déception par rapport à moi-même... Je me recroqueville sur moi-même, pleurant toutes les larmes de mon corps.

Dans les jours qui suivent, j'essaie de me reconstruire. Mais les images de la filles tuée dans la jungle, la cruauté de Javier, sa froideur, ma tentative de le tuer dans la chambre, ça me range... Je m'isole dans ma chambre, refusant tout contact avec les autres. 

Je me remémore les moments heureux que j'avais vécus avec ma famille avant d'être kidnappée, et je fonds en larmes; j'aurais jamais du venir faire ces foutues vacances en Colombie. J'aurais dû rester en Espagne, putain. 

Puis, un matin, alors que je frotte avec ardeur les catelles l'un des couloirs, un des hommes de Javier m'ordonne avec froideur de le suivre. Je me redresse les mains encore savonneuses, je m'essuie sur ma vieille robe, et suit le type, pieds nus, et on m'emmène dans le bureau de Javier. J'ai le coeur battant, je ne suis pas présentable. Je vois également que Javier n'est pas seul. Il y a Patricio. Il ne manquait plus que lui. Il est installé au bureau, un verre entres les mains, et me matte imédiatement quand je rentre. 

Je pourrais être habillée d'un sac à patate que ce pervers me matterait quand même. C'est insuportable. Je l''ignore alors en beauté et regarde Javier, attendant ses consignes: 

- J'ai besoin de ton oeil pour regarder ces fichiers, il me semble qu'ils sont mal classés. On cherchait un dossiers avec Patricio, et c'est toi qui a classé tout ça." 

Je sens un genre de reproche sous son ton, et je garde mon calme. Peut-être que c'est moi, oui, et que j'étais ailleurs ou fatiguée quand j'ai classer ces dossiers, mais je donne toujours le meilleur de moi, parce que je sais que ça risque de me retomber dessus si je classe n'importe comment.  

Captive d'un narcotrafiquantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant