The blood heiress

Chapitre 16

Après une nuit passée à voyager dans la diligence cahoteuse, Nery sentit son cœur s'emballer lorsque le soleil levant imprégna le véhicule de sa lumière dorée. Habitué aux tumultes de la ville cœur et à ses combats dans les terres de Patoma, l'agréable quiétude lui parut n'être qu'un songe. Le long de la route côtière qu'empruntait son véhicule, des arbres aux formes exotiques laissaient leurs branches danser avec la brise. Au loin, elle pouvait apercevoir les contours flous de l'océan scintillant qui semblait irrésistiblement l'attirer. Comme hypnotisé par ce tableau envoûtant, son excitation monta en flèche.

Puisque les éléments exerçaient une certaine liberté sur le continent, le cycle des saisons se voyait parfois chamboulé de manière absurde. Si durant le voyage, elle avait traversé des montagnes enneigées, à seulement dix kilomètres plus loin une chaleur agréable animait les plaines littorales. En d'autres termes, ils prenaient refuge dans leurs lieux de prédilection, sans rarement prendre la peine de changer d'un moindre degré. Paradoxalement, les éléments pouvaient du jour au lendemain, faire passer une zone du continent d'un été torride à un hiver glacial.

Ainsi, Nery avait passé la majeure partie de son temps à réfléchir quelles informations elle pourrait tirer d'Hélios, de quelle manière et quels secrets pouvait renfermer la résidence de la plage. Comme son nom l'indiquait, il ne s'agissait que d'un emboîtement de villa royale au bord d'une plage. Si le roi y séjournait lors de ses déplacements entre la ville cœur et le grand laboratoire, la résidence accueillait également les Exelixi et quelques hauts maîtres de maison qui souhaitaient changer d'air.

Cinq ans auparavant, Nery s'y était déjà rendu aux côtés d'Hélios afin d'y passer des vacances des plus mémorables. Lorsque quelques souvenirs lui revinrent à l'esprit, la jeune femme se mit à grimacer dans le vide, gênée par ses propres actions.

La dernière heure dans le véhicule passa rapidement. Ainsi, vers onze heures du matin, la diligence s'arrêta avant que le cocher ne lui ouvre la porte. À son premier pas sur la terre ferme, elle fut saisie par la forte chaleur et l'odeur salée de l'océan. Comme si elle l'accueillait, la brise vint lui rafraîchir la nuque avant de faire onduler sa cape. Étrangement, elle avait l'impression d'être en plein milieu de l'après-midi.

Tandis qu'elle s'approchait pour rejoindre sa correspondante, le paysage se transformait en un spectacle exotique. Vers le ciel azur, des majestueux palmiers aux frondes agitées s'élevaient. À leurs côtés, des fleurs de toute forme aux couleurs vives bordaient le chemin menant à la résidence. Au milieu de toutes ces effluves enivrantes, la résidence emergait telle un joyau scintillant.

- Ma Dame ! s'exclama une domestique qui ne jouissait que d'un simple tablier et d'une fine robe à volant. Vous êtes venu, quel plaisir.

Ses longs cheveux blonds s'ondulèrent lorsqu'elle se baissa pour lui tirer une révérence.

- Nous avons préparé votre chambre, si vous me le permettez, j'aimerais vous y guider afin que vous puissiez vous changer et y déposer vos bagages.

- Parfait.

Nery laissa le cocher récupérer sa malle et les suivre jusqu'aux appartements.

La résidence semblait être le fruit d'un mariage entre l'architecture royale et les merveilles de la végétation environnante. Des arcs et des colonnes moulées soutenaient de larges terrasses offrant une vue imprenable sur l'océan miroitant. Aux côtés de fontaines et de bassins aux jets cristallins, les jardins luxuriants entouraient les bâtisses. Au milieu de tout ce paysage, Nery avec sa cape semblait faire tache. Sur les façades des bâtisses, des ondulations dorées semblables aux vagues rebelles reflétaient les rayons brûlants du soleil.