Chapitre 15

4 2 0
                                    

Nery se réveilla en sursaut. Déboussolée, elle dévisagea la chambre dorée qu'elle connaissait un peu trop bien. Les rayons de l'aube qui traversaient les rideaux firent scintiller les diamants de sa robe de bal. Malgré sa confusion, tous les souvenirs de la veille subsistaient bien clairs. Ainsi, la jeune femme fut davantage surprise de voir qu'elle se trouvait seule sur cet immense matelas. Aucune trace du prince. Après avoir repris ses esprits, elle se dépêcha d'invoquer Akini et de sortir du lit. Avec un grognement plein de sous-entendu, le Dynami scruta la chambre à son tour avant de porter son attention sur les pieds de la jeune femme.

« Et moi qui pensais en avoir terminé avec ce mobilier tape à l'œil...Tiens, tu as grandi. »

Comme si elle venait seulement de le remarquer, Nery examina ses membres avec stupeur. Une seule goutte de sang du Roi lui avait apparemment fait prendre plus de dix centimètres.

Elle avait besoin de comprendre ce qui lui était arrivé, car bien qu'à présent plus aucune douleur ne la dérangeait, son trouble restait bien présent. Le rapport qu'elle entretenait avec le sang ne pouvait plus être ignoré. Si la veille son corps faible avait réagi si étrangement, il devait y avoir une raison. En bref, il lui fallait absolument des réponses et une seule personne sur Patoma se trouvait en capacité de les lui offrir.

À la hâte, elle entrouvrit les placards de la garde-robe du prince et fut dans un premier temps surprise d'y trouver l'une de ses capes exposée derrière une vitrine. Les coutures d'un rouge pourpre et la coupe de la capuche la firent reculer d'un pas.

- Ma Dame, murmura une voix derrière son dos.

Si elle avait remarqué sa présence, les battements irréguliers de son cœur ne lui avaient intimé aucune méfiance. Toutefois, lorsqu'elle se retourna vers la petite servante, une sueur froide lui glaça la nuque. Tout commençait à devenir trop étrange. Encore plus petite que Nery, la domestique portait un masque et arborait la même coupe de cheveux qu'elle. Ce ne pouvait être une coïncidence, pour les femmes de la noblesse, les cheveux longs étaient un signe de pouvoir et de beauté. En d'autres termes, Nery était l'une des seules à les porter aux épaules.

Entre ses mains, une missive trônait au beau milieu d'un plateau d'argent. Si la servante semblait tout aussi surprise, elle se contenta de baisser la tête. Ainsi, sans cesser de la toiser, Nery saisit la missive et la déplia avec méfiance.

« Ma chère Nerezzya,

Comme prévu, je t'attends à la résidence de la plage que je ne quitterai pas avant de t'y avoir trouvée. Ce soir, une diligence viendra te chercher, libre à toi d'y monter.

Dans l'attente de ta visite,

Le prince Hélios. »

Un instant, Nery grimaça et songea au plaisir que la longue absence d'Hélios pourrait lui procurer. Néanmoins, sa curiosité et son engagement la forçaient à s'y rendre.

- Si vous me le permettez, je vous guiderai à votre manoir en toute discrétion.

D'un geste de la main, Nery balaya son offre et saisit l'une des capes d'Hélios qu'elle enfila directement.

- Je vais me débrouiller.

Ainsi, elle laissa la servante perturbée et s'engouffra discrètement dans les couloirs du palais. Il existait plus d'une dizaine de passages secrets menant aux galeries, elle n'avait qu'à emprunter le premier venu.

« Ma fois, remarqua Akini sur un ton moqueur, cette cape vous sied à merveille ! Pensez-vous, ma chère, que la vôtre lui aille aussi bien ? »

Mal à l'aise dans son vêtement trop long Nery déglutit. La remarque d'Akini ne faisait que confirmer la folie du prince.

The blood heiressOù les histoires vivent. Découvrez maintenant