Chapitre 41

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TW : Ce chapitre contient des descriptions explicites à caractère sexuel. 


Félix avait connu durant sa courte vie de nombreuses péripéties. Pour ainsi dire, plus rien ne l'étonnait. Son aversion était telle, que si la lune venait à lui tomber dessus, cela ne représenterait qu'un autre mauvais jour de son existence. Toutefois, son manque d'intérêt ne l'empêchait pas de s'amuser pour autant. Ce soir, par exemple, assister à une réunion de vieux maitres aux allures divine et complétement hystérique l'avait fort bien égayé.

À ses côtés Régina, ou plutôt la nouvelle grande maitresse, avançait à grands pas. Félix alluma une cigarette tandis qu'ils continuaient à s'engouffrer dans les tunnels sombres de sa maison. En plus du maigre flambeau que tenait Régina entre ses fines mains gantés, le bout de tabac incandescent vint éclairer davantage les parois rocheuses. Une odeur âcre se rependait entre eux sans pour autant couvrir celle de son parfum délectable.

Le jeune homme aimait fumer depuis qu'il vivait sur un territoire fyto. En dépit de se sentir plus léger et parfois moins malheureux, la drogue lui permettait de garder enfermé les pensées qui le tourmentait. Chaque instant, ses souvenirs, réflexions et regrets ne cessaient de le mitrailler de reproches comme une mélodie hasardeuse que l'on souhaiterait à tout prit extirper de sa tête. La drogue le libérait de ces maux, en apparence du moins.

Félix restait faible. Inutile comme un mouchoir de papier déjà utilisé. En morceau comme une assiette brisée. Pourtant, il restait en vie, propriétaire de rien. Ainsi donc, il vivait à travers Nery et ses motivations, dans l'espoir d'être pour une fois utile à quelqu'un. Ce nouveau dessein, très vite apparut après son exil, l'animait. Bien que ses émotions demeuraient encore un peu floues, il appréciait ses nouveaux amis, ses nouveaux objectifs et l'existence qu'il menait. Malgré ça, son passé le hantait comme un spectre malsain.

- Je me retrouve dans des cavités avec toi un peu trop souvent, remarqua-t-elle avec une pointe de nostalgie.

- Ce doit être ton mauvais sort.

Régina fronça son petit nez parsemé de taches de rousseur quand l'odeur écœurante lui montât au narine. Cette fille, il ne l'aimait pas. Elle représentait inconsciemment toute la noblesse qui le rebutait. Du bout de ses doigts, elle maniait un corps débordant de manières élégantes et raffinés.

- L'odeur te dérange ? demanda-t-il sans s'en soucier.

- Non, en revanche, ce qui me dérange, c'est ta présence derrière mon dos. Exilé ou non, rentre chez toi, râla-t-elle en entrant enfin chez elle.

Lorsque Nery lui offrait le monde, mais toujours sans aucune émotion, plus glacial qu'une nuit d'hiver, Régina le rejetait en y mettant du cœur. Bien que sans aucune pincette, ses paroles se voyaient toujours volontairement blessantes et son attitude à chaque fois plus désobligeante. Mais il aimait cela. Régina avait l'effet d'un coup de fouet libérateur. Elle le faisait bruler, lui offrait la douleur dont il avait besoin.

- Je suis ton garde et la nuit n'est pas terminé, je dois au moins te raccompagner jusqu'à ta chambre.

La jeune femme roula des yeux sans rien dire. Malgré l'heure, elle semblait plus prête à mettre Kardia à feu que d'aller se coucher. Énergiquement, les talons de ses courts souliers clapotèrent contre le parquet grinçant de sa maison. Pas une seule fois, même à travers son masque, Félix ne la quitta des yeux.

- Tu n'as pas l'air particulièrement joyeuse, remarqua-t-il en s'attardant sur son artefact.

- Bien au contraire, je jubile.

Une fois devant les hautes portes voutées de sa chambre. Elle sortit de son corset une fine clef sertit de gemmes. Un court instant, elle resta figée, dos à lui.

The blood heiressOù les histoires vivent. Découvrez maintenant