Chapitre 42

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Satisfaite par son encas, Nery s'amusait encore de la mine effrayée d'Achille. Tandis qu'elle songeait déjà à la robe qu'elle porterait au bal de la remise des prix, un mauvais pressentiment la rattrapa. Secoué par un haut le cœur préoccupant, elle se figea net à l'entrée de l'organisation.

Du sang, des cœurs, elle les sentait derrière chacun des arbres qui l'entouraient. Alors, d'un pas vigilant, elle recula afin de se positionner au centre de la clairière.

- Vous savez, déclara-t-elle tout haut en examinant ses ongles brillants, je n'ai jamais été très friande de ce genre de filature. Montrez-vous mon roi.

De l'entrée secrète, Basile sortit tout sourire. Son pourpoint brodé taillait sa longue silhouette à la perfection.

- Ma petite Nerezzya ! s'exclama-t-il sur un ton éhonté, tu as l'air de te porter à merveille pour une fois.

- Vous aussi, ordonna-t-elle à l'escouade d'élite.

Soutenu par le monarque, ils sortirent alors de leur cachette en l'entourant.

Quelque chose n'allait définitivement pas, le pouvoir d'Augustus était supposé maintenir le roi à l'écart de l'organisation, or sa présence trahissait le piteux état de ce dernier.

Il devait y avoir une diligence à quelques mètres dans laquelle il était enfermé. Nery le comprit aux battements de cœur irréguliers plus loin.

- Je dois bien avouer que pour un supposé souffrant, vous vous portez assez bien aussi.

Basile balaya son compliment d'un revers de la main avant d'afficher une mine désappointée.

- En parlant de ça, il ne faut pas croire tout ce que dit ce sale rejeton. Crois-moi, j'ai eu vent des derniers événements et dès mon retour, je vais m'occuper de son cas comme il se doit. Pardonne Kardia Nerezzya et revient, tout est terminé. Je vais enfin te donner ce que tu désires.

Face à son air dégouté, il rajouta :

- Je n'ai jamais été ton ennemi, tu sais, bien au contraire, tout ce que j'ai entrepris dans ma nouvelle vie, je l'ai fait pour toi. J'ai toujours tout fait pour que tu sois la plus heureuse possible. Basile s'arrêta un instant, le regard nostalgique. Je t'ai donné un titre, une famille puissante, le contrôle du prince que tu voulais... Malheureusement, ce fut un poil trop tard, Augustus t'a conquise avant moi.

- Foutaises, cracha-t-elle, vous n'avez fait que me marginaliser depuis le début.

- Pas moi, Augustus.

Son regard noir ne fit qu'accroitre sa méfiance.

- C'est lui qui te manipule depuis le début, cet endroit, désigna-t-il en montrant la porte, il l'a créé dans l'unique but de te monter contre moi, pour t'enfermer dans ses quêtes d'alliances contre la couronne. Il ne cherchait qu'à t'utiliser pour s'emparer de ce qui te revenait de droit. Tu as bien vu comment ils lui obéissaient, tout ce qu'il vous a fait faire contre les anomalies. Sans Augustus, tu serais resté à mes côtés, le continent entier aurait su qui était la prochaine reine depuis bien longtemps.

Nery se sentit insulté.

- C'est drôle comme vous avez l'air persuadé qu'il dirigeait l'organisation. D'un pas assuré, elle s'approcha du roi. La vérité, c'est que vous ignorez tout. C'est plus simple pour vous de remettre tout ce que vous ne pouvez contrôler sur le dos d'Augustus.

À mesure qu'elle observait le roi, une rage dense s'intensifiait dans son estomac.

- Je suis celle qui a trouvé Augustus la première, il m'a appris le combat en m'entrainant contre des anomalies. C'est lui qui m'a nourri de son sang lorsque j'étais faible, seule et victime de VOTRE peuple. L'unique chose qu'il a fait pour l'organisation, c'est construire, à MA demande ce repère avec ce qu'il restait de sa force. Il est resté caché tout du long, personne ne lui a jamais adressé la parole ni même ne l'a jamais vu. Alors, je vous l'accorde, il ne m'a jamais caché son intérêt pour le trône, toutefois, il a toujours incité sur le fait que c'était MON héritage.

The blood heiressOù les histoires vivent. Découvrez maintenant