Chapitre 40

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Régina détestait son frère. Sa nonchalance l'épouvantait et son manque d'esprit la désespérait. Il n'avait aucune conviction ni même un tant soit peu de détermination. De ce fait, elle restait certaine d'une chose, il ne possédait pas l'étoffe d'un maitre de maison. Pourtant, Achille était le plus susceptible d'être choisi parmi les derniers héritiers.

Toute sa vie, Régina s'était efforcé d'être parfaite. Ses manières raffinées, sa force, sa beauté et son vaste intellect ne se voyait offrir de limite. Ainsi, l'héritière avait toujours été persuadée, grâce à son grand nombre d'ennemis, d'être une source d'admiration jalousé de tous. Toutefois, ces dernières semaines s'étaient révélées bien enrichissante. En effet, elle avait fini par découvrir qu'on ne la considérait guère plus qu'une exécrable stratège sans cœur.

Fort heureusement pour elle, son esprit n'était disposé à ressentir de la tristesse. À la place de cette émotion qu'elle qualifiait de puéril, la colère et la résilience prenait place. Le monde choisissait de la mépriser, très bien, elle ne lui donnerait que raison. Régina possédait un caractère détestable. Personne ne méritait son attention, personne n'était à sa hauteur. Au final, cette révélation lui avait permis d'accepter ses mauvais cotés et d'en tirer le meilleur partie. La perfection restait subjective après tout, rien ne l'empêchait de le rester.

De ce fait, l'étalage de ces capacités avait assez duré. La grande maitresse ne voulait pas

d'elle. Elle s'était montrée catégorique. Or, comme pour toute chose, la jeune femme n'était du genre à abandonner.

L'énorme rubis qui trônait sur sa brosse à cheveux scintillait au rythme de ses mouvements. Régina réajusta sa légère frange avant d'appliquer une dernière touche d'encre à lèvre. Une fois prête, elle quitta sa coiffeuse pour un miroir plus grand. Rapidement, la jeune femme aplatit les jupons de dentelles de sa robe magistrale puis elle vérifia les pierres de son corset ainsi que celles de sa parure. À cet instant, plus que jamais, son allure se devait d'être irréprochable.

Dans six heures, le prochain grand maitre de sa maison serait dévoilé.

Régina fit tinter sa clochette afin d'inviter son garde à la rejoindre. Tandis qu'elle fermait à clefs tous ses tiroirs et placards, la porte de sa chambre claqua.

- Nous n'avons plus beaucoup de temps, tu as ma flasque ? demanda-t-elle sans se retourner.

Quand seul le silence lui répondit, elle se dépêcha de clôturer ses derniers effets avant de se retourner, indigné. Elvir, son garde, se trouvait bien là, drapé sous la capuche de sa longue cape blanche brodé de fils d'or habituel. Le saphir des protecteurs de Diamond&Chrysos toujours autour du cou. Un masque blanc encore une fois fidèle aux gardes de la maison, camouflait l'entièreté de son visage.

Malgré son accoutrement tout à fait coutumier, il y avait quelque chose de perturbant dans son comportement. Elvir restait nonchalamment adossé à la porte de sa chambre.

- Ma flasque ? où est-elle ? répéta-t-elle comme si de rien était.

Encore une fois le supposé Elvir qui d'habitude lui répondait du tac au tac resta silencieux quelques secondes. Après ce qui lui parut déjà un affront prémédité, le garde plongea une main gantée dans le revers de sa cape avant d'en sortir une élégante flasque. Comme un maitre envers son animal de compagnie, il agita la fiole, semblable à une grenade brillante, au loin.

Tandis qu'elle ne s'était jamais autant méfiée de la composition de son thé, Régina s'avança, un sourcil arqué, prêt à réagir au moindre geste suspect. Le garde fit de même, un pas confiant après l'autre. Dès l'instant où il fut face à elle, de par sa taille bien plus élevée que celle de son garde habituel, elle sut que quelque chose clochait.

The blood heiressOù les histoires vivent. Découvrez maintenant