— Akini, tu es définitivement mon idole, affirma Bellatrix entre deux éclats de rire.
- Techniquement, non. Cette grosse larve n'y connait rien en connexion.
- Aux dernières nouvelle, Nery, c'est Akini qui lui a craché dessus, pas toi.
Amusée par sa remarque, la dynamiste leva les yeux au ciel.
Après sa journée mouvementée à l'académie, la jeune femme s'était empressée de traverser les galeries afin de se rendre à l'organisation. Ainsi, Nery avait pu rejoindre sa camarade qui l'attendait là-bas. Naturellement, elle lui avait rapporté l'épisode du lac, convaincue que son amie, qui méprisait Jessamine tout autant, serait ravie d'entendre son humiliation. Comme elle s'y attendait, Bellatrix semblait à présent louer la chenille pour son geste inexistant.
Malgré son désir de changer de sujet, la jeune femme qui enroulait une mèche de cheveux frisée autour de son doigt ne sembla pas s'y résoudre.
– Ensuite ? demanda-t-elle alors.
– Comment ça ensuite ? Répéta Nery en feignant l'innocence.
- Tu me caches quelque chose. N'essaye pas de me le cacher. Akini me l'a déjà dit.
Le regard aussi meurtrier que son pouvoir destructeur, Nery toisa la créature qui se dandinait sur les genoux de sa camarade, avec l'envie soudaine de la faire taire à jamais.
— Akini, tu n'es qu'un traître, pesta-t-elle alors.
Comme si sa maitresse venait de lui faire le plus beau des compliments, il se dressa avec fierté avant de se pencher vers Bellatrix.
« Tu entends ça, insista-t-il sur un ton charmeur, je suis un traître. »
— Toutes mes félicitations, mon Sir, poursuivit la jeune femme avec une révérence admirative.
Décontenancé, Nery sentit son œil tressaillir.
- Soit, trêve de plaisanterie. Nerezzya, s'exclama-t-elle en pointant son long doigt vers la concernée, si tu ne me racontes pas tout de suite ce qu'il s'est passé, je retourne toute mon unité contre toi.
Responsable de l'entrainement de plus d'un quart des nuisibles, Bellatrix en était largement capable. Ainsi, puisqu'elle ne voulait pas avoir à éliminer une aussi grande quantité de membres, Nery lui raconta brièvement leurs dernières altercations.
· Si tu avais raconté ça à une personne lambda, elle t'aurait sans doute prise pour une admiratrice du prince.
Elle n'y répondit rien, sachant pertinemment que ses sentiments pouvaient porter à confusion.
· Alors, c'est toujours le cas... poursuivit Bellatrix sur un ton grave. Même si je ne peux pas t'obliger à le faire, j'aimerais vraiment que tu m'en parles. Ça t'aiderait sans doute à mieux te comprendre.
Face à la gentillesse de la jeune femme, Nery qui se sentait en confiance ne put retenir sa langue plus longtemps.
· C'était juste horrible, à chaque mot qu'il prononçait, à chaque mouvement qu'il exécutait, son odeur, son visage... Je devais me mordre la joue pour ne pas lui sauter à la gorge, je ne pensais qu'à son sang dans tous ses aspects. Face à lui, c'est comme si je prenais réellement conscience de ma faiblesse et qu'il devenait la solution pour m'en débarrasser.
D'un hochement de tête compréhensif, Bellatrix caressa la main de son amie. Le contact de sa peau halée lui laissa une chaleur indescriptible.
— Nery, dis-moi la vérité, s'il te plait, est-ce qu'en dehors de l'effet qu'Helios te procure, tes pulsions ont reprise ?
Le ton prudent mais grave qu'elle avait employé tordit le cœur de la jeune femme. Soudain, des images saisirent l'opportunité de refaire surface. Le sang du dynamiste sur sa faux, la goutte du liquide irrésistible qu'elle avait failli avaler. Elle tenta de se convaincre qu'elle n'aurait jamais lâché l'entièreté de la lame si Akini ne l'en avait pas empêché, mais cela revenait à se mentir à soi-même. Encore une fois, elle passa outre Dame Rose et son déverrouillage du coffret.
Déjà agacé de s'être autant ouvert, Nery chassa ces viles émotions avant d'offrir un sourire fin à son interlocutrice. D'un brun noisette, ses grands yeux de poupée lui donnaient un air si pur. Toutefois, elle savait que plus elle insisterait sur sa défaillance, plus elle lui donnerait de l'importance. Dans sa situation, le déni semblait plus favorable.
· Non, lui mentit Nery avec sincérité, pas depuis plusieurs années.
· Ouf, ça me rassure, avoua-t-elle avec un gloussement incertain, je craignais que tu ne sois encore tourmenté par tes envies sanguinaires. Bien sûr, si ça avait été encore le cas, sache que je t'aurais volontiers offert mon sang.
Un silence vint s'installer à l'intérieur de l'immense bureau de Nery. Même la quantité astronomique de dossiers pouvait sentir son embarras. À leur tour, leurs pages pleines de secret se mirent à frisonner. Malgré son envie de bien faire, Bellatrix ne pouvait pas comprendre à quel point sa remarque demeurait insultante. Elle se sentait comme une bête folle devant laquelle il fallait se transformer en vulgaire repas. Par ailleurs, comme ses pulsions auraient pu reprendre alors qu'elles ne s'étaient jamais vraiment arrêtées ?
Impatiente, Nery reporta son attention sur un sujet bien plus signifiant. Le système de nettoyage. Elle avait besoin de savoir si son projet avait été un échec ou non.
– Le système de nettoyage... Repéta Bellatrix comme s'il s'agissait d'un lointain souvenir, et bien, je trouvais déjà astronomique la quantité d'anomalies que nous avions battues la dernière fois, mais ces dernières nuits... je n'en avais jamais vu autant en un même endroit de toute ma vie. Ces monstruosités poussaient comme des champignons. On a mis au moins quatre bonnes heures à tous les exterminer. J'espère qu'on aura au moins une petite période de répit, mais j'en doute fort, vu comme les choses s'annoncent.
– Comment ça ? L'interrogea Nery, les sourcils froncés.
— Je ne sais pas trop moi-même, tu verras les rapports à la réunion de toute à l'heure. Cependant, une chose est sure : si nous avions continué à ne purifier que les villages, je n'ose même pas imaginer combien de ces créatures seraient passées sous nos radars. Même si nous avons perdu plusieurs dizaines de nuisibles, le principe d'escouade a largement limité les dégâts. Honnêtement, tu n'aurais pas pu mieux réagir.
Bien que satisfaite, la jeune femme n'eut pas le temps de répondre. Une énième cigarette entre les doigts, Félix venait de débarquer sans frapper. Sans saluer ses deux camarades, il vint prendre place à leur côté sur l'un des canapés rembourrés. Akini vint le rejoindre.
— Alors, de quoi vous parlez, tenta-t-il enfin en passant une main dans ses cheveux obscurs.
– Du système de nettoyage, répondit Nery, le regard plongé dans le vide.
— Oh, n'en parle pas, supplia le jeune homme en ballayant l'information d'un revers de la main. C'était interminable, avec Bel, on était vers l'ouest de Vincia. Ces salopes nous attendaient comme si c'était l'heure du thé.
Tandis que ses deux camarades relataient à propos de leur dernière soirée, Nery fut la première à remarquer l'entrée fracassante de Damian.
· N'as-tu pas honte, Nery ? Plaisanta le jeune homme en agitant ses bras dramatiquement. Ces deux gentes dames sont exténuées par ta faute.
Face à sa remarque, Félix lui adressa un sourire hypocrite.
· Tu peux bien parler toi, cracha le jeune homme en le toisant avec mépris. Tu n'es qu'un nuisible des missions intérieures. À part remuer ta plume une fois tous les solstices, tu ne sers à rien.
Amusé par le pic de son camarade. Damian vint s'asseoir à son tour et desserra le nœud de sa cape.
· Je te signale que j'ai aidé Trévor à gérer les formalités des Escouades. En parlant de ça, ton frère, ma Bella, est de très mauvaise compagnie lorsqu'il est question de paperasse.
Consciente de son manque de patience, la concernée haussa les épaules d'un air désolé.
· Aligner cinq noms ensemble, quel défi ! Félix tira une taffe de sa cigarette avant de la pointer vers Damian. Rappelle-moi de t'offrir une médaille la prochaine fois.
· Sans façon, rejeta ce dernier, je préfère de loin les trophées. Mais soit, venant de ta part, je pourrai m'en contenter, à condition que Nery me la passe autour du cou, bien sûr.
· Merveilleuse idée, rétorqua-t-il en se tournant vers la jeune femme qui ne leur portait aucune attention. Tu en profiteras pour l'étrangler, que dis-je, il risquerait d'y prendre du plaisir. Fais-lui exploser la tête plutôt, je commence à me lasser de son visage d'abruti.
· Pourtant, nous ne nous voyons quasiment jamais. Rêverais-tu de moi, princesse ?
Comme alerté par un danger imminent, Nery revint à la raison. Face au visage noir de Félix, au regard fuyant de Bellatrix et au sourire victorieux de Damian, elle sut qu'il était temps pour elle d'intervenir.
· Vous me fatiguez. J'ai rendez-vous avec le conseil dans moins d'une heure. Si vous voulez vous battre, les salles d'entrainement sont à votre disposition.
Même si une certaine animosité régnait entre les deux jeunes hommes, Nery savait que même s'ils ne s'appréciaient pas, ils voyaient en l'autre un ennemi égal. En d'autres termes, le plaisir que leur procurait cette rivalité demeurait trop intense pour rester inactif. Au fond d'eux, ils ne faisaient que s'amuser. Néanmoins, cela ne les empêchait pas de dépasser la limite pour reprendre le dessus.
— En parlant de ça, reprit Bellatrix pour changer de sujet, tu as déjà terminé de rédiger les opérations ?
Comme des vautours impatients, les trois pairs d'yeux sournois et avides d'information se tournèrent vers elle à l'unisson. Trop ennuyé pour afficher la moindre réaction, la concernée invoqua Akini sur ses genoux avant de s'enfoncer dans son fauteuil.
- évidemment, pourquoi aurais -je donc convoqué le conseil si non ?
— Ne perds pas ton temps, ma Bella, Nery aime bien trop son aura énigmatique pour nous révéler quoi que ce soit.
Silencieux, Felix se contenta d'épier le dynami d'un air vide.
La jeune femme n'allait pas céder et ils le savaient. Même si elle se sentait à peu près elle-même et satisfaite avec eux, la méfiance qui l'habitait parvenait toujours à surpasser la confiance qu'elle détenait à leur égard.
Toutefois, ces petits rassemblements constituaient l'un ou le moment qu'elle préférait de la semaine. À l'inverse des étudiants de l'académie avec lesquels elle se sentait régresser, Nery trouvait chacun de ses camarades aussi intelligents qu'intéressant. Malheureusement, ces derniers temps, la faiblesse l'empêchait d'apprécier leur compagnie.
- J'ai une question, reprit Nery à la surprise de tous.
- Dis nous tout, lui répondit Damian en se redressant.
Un instant, la jeune femme que les opérations tourmentaient se mit à dévisager ses camarades.
- A quel point m'êtes-vous fidèle ?
S'ils parurent troublé par sa question, le sérieux dont elle faisait preuve les empêchèrent de répondre.
- Je ne poserais cette question qu'à vous trois, car jusqu'à la fin de mon plan, vous resterez les seuls dont j'aurais réellement besoin.
- Personnellement, s'enquit Félix, je te suivrais jusqu'au bout.
Après un hochement de tête, elle se tourna vers sa camarade.
- Tu sais Nery, je te suis vraiment reconnaissante pour tout ce que tu as fais pour mon frère et moi et pour cela je ferai le maximum pour l'organisation. En revanche, si les choses venaient à mal tourner et que tu perdais le contrôle de la situation...Je ne peux pas te promettre que je te suivrai dans les décisions démurées que tu pourrais prendre.
- Merci pour ton honnêteté. Dans ce cas si une de mes actions venait à aller à l'encontre de tes principes, je te laisserai prendre du recul sans t'en vouloir.
- Quelle ame charitable ! s'exclama Damian avec un sourire sournois. De mon côté, je te resterai fidèle. Je ferais toujours ce que bon me semble évidemment mais je ne ferai jamais rien contre toi.
- Bien, cela me convient.
Si d'apparence, les opérations allaient servir les intérêts de l'organisation, toutes les véritables choses qu'elle s'apprêtait à faire l'étaient moins. Ainsi, elle avait besoin de savoir sur qui elle pourrait compter. Après une longue discussion sur l'avenir de l'organisation, l'heure était venue pour elle de partir. Avant de les faire quitter son étage, Nery enfila une autre cape aux bordures dorées.
Le visage plissé d'ennui, Augustus concentré sur une liasse de formulaires expira bruyamment. Visiblement peu réjoui par son activité, il s'illumina tout entier à la vue de sa protégée. Semblable aux plumes d'un oreiller torturé, ses feuilles tourbillonnèrent dans les airs avant qu'il ne s'extirpe de son imposant fauteuil.
Avec bien trop d'entrain, il s'empressa de prendre Nery dans ses bras. Bien que prise au dépourvu, la dynamiste lui rendit son étreinte, savourant son odeur familiale et les caresses de ses longs cheveux d'argent contre ses joues. Comme libérée d'un fardeau, elle se sentit étrangement apaisée. Néanmoins, si son mentor restait tactile, ce ne demeurait pas au point de l'enlacer à chaque rencontre.
— Nerezzya, je suis vraiment fier de toi.
Seulement quelques mots qui détenaient pourtant le pouvoir, à chaque fois qu'il les assemblait, d'emplir le cœur de Nery d'une chaleur vorace dont elle ne se lassait jamais.
— Et pour quelle raison ? demanda-elle intriguée.
— J'ai tout lu et je n'y vois aucune faille, cela mettra tout tout le monde d'accord.
Nery ne tarda pas à comprendre de quoi il parlait. Le souvenir d'elle, à l'aube, disposant les opérations sur son bureau, refit surface. Elle se sentit par ces paroles d'autant plus excitées.
– Cela veut-il dire que vous les approuvez ? Se réjouissa-t-elle comme une petite fille.
Nery n'avait besoin que de sa confirmation pour pouvoir exposer ses projets à la réunion de ce soir et par conséquent tenir les promesses d'opérations qu'elle avait faites à tous les membres de l'organisation.
— Bien évidemment ! Retorqua Augustus comme si c'était une évidence.
L'homme s'écarta un instant et enfila par-dessus sa chemise et son veston sa longue cape personnelle tout aussi noire, mais ornée d'une bande dorée horizontale au niveau de ses chevilles. Afin de préserver son anonymat, il rajouta son masque assorti qu'il releva un instant. Avant de partir, Augustus vint placer une main respectueuse sur l'épaule de la jeune femme.
– Une dernière chose. Nerezzya, le ton sérieux et la pression qu'il venait d'employer fit frissonner l'intéressé. Tu le sais, tu l'as compris, ton objectif principal reste de nous faire monter sur le trône. Je ne me fais aucun souci quant à ta réussite. Tout de même, ce trône te revient : c'est dans ta nature de l'obtenir, donc n'en détourne jamais les yeux. Je veux que tu me promettes, quoi qu'il arrive, que tu ne te perdras pas en chemin.
La poitrine sérrée, Nery recula d'un pas afin de se libérer de sa poigne. Le regard froid, elle dévisagea son mentor avant de prendre une grande inspiration. Elle savait qu'il était au courant de ses objectifs parallèles.
— Tout se déroulera comme prévu, je vous le promets.
— Bien, le visage du jeune homme retrouva aussitôt sa tendresse avant qu'il ne remette son masque, allons-y maintenant.
Richement ornée et couverte de boiseries sombres, la salle du conseil, aussi magistrale que les autres pièces importantes de l'organisation, renfermait à présent toutes les plus hautes têtes du papillon. Il irradiait des chandeliers, un éclat tamisé, qui apportait à l'atmosphère un certain mystère.
Au centre de la pièce, réunis autour de l'énorme table en bois massif, ils n'attendaient plus qu'eux. Trevor, le commandant de l'aile des missions extérieures aux côtés d'Evalynn, celle des intérieurs, autrement dit des missions qu'exerçaient les nuisibles lors de leur vie quotidienne sur Kardia, la salua poliment. Dame Rose, commandante de l'aile du développement scientifique, adressa un clin d'œil à Augustus, commandant du corps du papillion lui-même.
Entre autres, la présidente des Incompatibles, Hanna, accompagnée de son suppléant, était présente et membre à part entière de l'organisation. Pour finir, Hérmis, un jeune homme incroyablement fluet, venait en tant que messager et représentant des territoires fyto.
Nery savait plus que quiconque dans cette pièce à quel point cette entrevue serait différente de toutes celles qu'ils avaient pu avoir auparavant. Cette tension palpable qui régnait rendait l'atmosphère menaçante. À son tour, la dynamiste enfila un masque invisible. Son visage déjà peu expressif sembla se fondre dans le marbre. La faiblesse, ses émotions, ses doutes, elle les enferma dans un coffre sombre de son esprit qu'elle verrouilla à triple tour. Son attention ne devait se porter que vers le rôle qu'elle avait à jouer aujourd'hui. Celui de commandante des opérations.
Avant de commencer la réunion, tous les membres vinrent s'asseoir sur leur fauteuil capitonné respectif. D'une voix puissante, Nery, toujours debout, salua les membres du conseil avant d'entamer la prière introductive destinée aux grandes maitresses, les fondatrices de l'organisation. Même si elle avait elle-même secrètement inventé ces bêtises, les membres paraissaient réellement impliqués. Parmi tous les paramètres nécessaires pour créer une organisation d'une telle empleur, apporter une part d'histoire et de mystère demeurait indispensable. Ainsi, les mains jointes dans un cercle sans défaut, le conseil d'une même voix harmonieuse et profonde recita la courte oraison.
Quand ils eurent terminé, la pression sembla plus supportable. Confiante, elle fit passer à tout le monde les petits classeurs contenant la majeure partie des informations concernant les opérations. Il y avait de grandes chances que le contenu leur déplaise, ainsi elle s'était préalablement préparée à contrer toutes oppositions. Avant de les faire accepter, Nery avait pour objectif de leur donner l'impression qu'aucune autre solution n'était envisageable. De cette manière, malgré l'empleur de ce qu'elle leur demandait, il devait à la fin de cet entrevu considérer son opération comme la solution à tous leurs problèmes. Pour ce faire, elle n'hésitait pas à appuyer sur les points sensibles qui les poussaient à se tenir autour de cette table.
Alors, sur un ton posé et convainquant, commença son petit discours.
— Tout d'abord, votre peuple, présidente Hannah, a de trop nombreuses années luttées seul contre la discrimination des nobles. À leurs yeux, vous n'êtes qu'une bande d'insectes insignifiants qu'il vaut mieux écraser. Au sein de la ville cœur, ceux réduits en esclavage passent leurs journées à se soumettre aux désirs les plus sombres des nobles. Comme si ce n'était pas déjà suffisant, l'arrivée des anomalies s'est mise à réduire vos effectifs.
Le visage froncé, la présidente resserra l'emprise qu'elle détenait sur le classeur.
· Par chance, après la création de l'organisation et l'aide du peuple fyto, lui aussi affaibli par ces monstruosités, nous avons été en mesure de les combattre. Toutefois, est-ce vraiment ce que nous désirons ? Être une communauté de survivants ? Une communauté vivant dans la peur constante ? N'espérez-vous pas plutôt mettre fin à tout cela ? Bien sûr que si.
Nery marqua une pause afin de laisser son auditoire assimiler les informations des classeurs. Les grimaces qu'elle pouvait lire sur leur visage lui firent esquisser un rictus. Ça rendait la réunion plus dramatique.
– Il est temps que nous abattions notre cible commune, notre réel ennemi. Comme vous avez pu le voir, au fil de nos recherches, nous avons pu découvrir que l'apparition de ces créatures n'avait rien de naturel. En effet, il représente bien trop d'oppositions avec la cohérence de l'être. Premièrement, je le rappelle, ils ne s'invitent ni à Kardia ni dans sa périphérie, ni sur les territoires fytos. On pourrait penser qu'ils ne sont pas attirés par les hiérarchisés, mais leur fougue à nous combattre lorsque nous nous trouvons face à eux nous prouve le contraire. Ne parlons même pas de leurs corps difformes, ne trouvez-vous pas qu'ils ressemblent à des êtres humains ratés ? Or, qui est la seule personne capable de créer la vie sur Patoma ? Notre cher Roi, bien entendu.
Les petits groupes s'échangèrent quelques chuchotements avant de l'inviter à poursuivre.
· Le grand laboratoire, terre du mystère, à plusieurs kilomètres de Patoma, personne n'y a étrangement mis les pieds, excepté Dame Rose qui s'est fait effacer la mémoire. Même si nous ne sommes pas en mesure de le prouver complètement, je vous assure que c'est une certitude. Quel genre de créature pensez-vous qu'ils lâcheront au moment venu ? Une escouade aura pour mission de s'y rendre lorsque nous aurons récupéré le trône. Ainsi, nous pourrons contrôler les naissances du continent.
Son introduction fin terminée, Nery laissa de nouveau les différents commandants converser et lui poser quelques questions rapides. À présent, les choses sérieuses allaient pouvoir commencer.
· Bien sûr, grâce aux travaux de Dame Rose, j'ai enfin le plaisir de vous annoncer qu'il nous est possible de contrôler les anomalies.
Face aux exclamations du conseil, Nery tapa dans ses mains afin de récupérer leur attention.
· À présent, vous comprenez ce que cela implique. Nous ne sommes plus seulement capables de gagner, nous pouvons aussi nous venger.
La table ronde échangea durant de longues heures mouvementées. Après avoir expliqué l'étendue des opérations en omettant volontairement quelques détails, les commandants avaient fini par adhérer difficilement. Si certains détails avaient posé des problèmes, Nery les avait fait paraitre plus tolérables sans les changer pour autant.
Chacun apportait comme il pouvait quelques ressources supplémentaires. Si dame Daphnée ne restait que la deuxième meilleure connexionniste de Patoma, ce demeurait la présidente Hannah qui occupait la première place.
Quand la réunion se termina, les cœurs battaient et les regards se faisaient encore vitreux. Le flot d'information qui venait d'être assimilé, ainsi que les nouvelles tâches reprises, avait complètement vidé les hauts membres d'une partie de leur lucidité. Comme si tout ceci n'était qu'une vision imaginaire séduisante, mais irréalisable, il avait encore du mal à croire.
En effet, Nery avait vu grand comme à son habitude, mais en même temps, la situation l'imposait. De cette façon, qu'avait-il de mieux pour contrer un massacre qu'un autre massacre ?
Sous le regard masqué de son mentor, elle sortit de la salle avec la ferme intention de trouver Damian.
Par chance, elle ne tarda pas à le trouver près de la sortie, comme s'il l'attendait depuis plusieurs heures déjà. Le jeune homme retrouva son énergie à sa simple vue.
· Tu as toujours su te faire désirer, Nerezzya.
Face à son ton charmeur, la jeune femme fit sortir Akini de sa cape.
· Qu'est-ce que tu fais encore là, n'y a-t-il aucune maison des plaisirs qui t'attend ?
· Y a-t-il une seule maison de plaisir qui ne m'attend pas ? Non, et pourtant me voilà devant toi. Tu me cherchais, n'est-ce pas ?
Si une partie d'elle fut satisfaite de la confiance qu'il lui portait, elle ne laissa rien paraitre.
· En effet, si tu te sens trop occupé, nous pouvons nous en charger demain, je te préviens que ça risque d'être un peu long.
Hilare, Damian passa une main dans ses cheveux en bataille avant d'offrir un clin d'œil à sa camarade.
· Me penses-tu assez sot pour refuser une nuit torride avec toi ?
Les sourcils arqués, Nery grimaça avant d'avancer vers son bureau.
· Oh Damian, Il y a tant de raisons pour lesquelles je te trouve sot que même la merveilleuse nuit qui s'annonce ne suffirait pas à en faire l'inventaire.
· Je vois que tu sembles en connaitre beaucoup à mon sujet, m'espionnerais-tu ?
· T'espionner ? Je dirais plutôt qu'il n'y a pas une seconde de ma journée où je ne pense à toi. Son sarcasme parut amuser le jeune noble qui fit mine de rougir. Comme si son cœur venait de s'arrêter, le concerné s'appuya contre le mur d'un air mélancolique.
· Cesse donc de montrer ainsi ton attention à mon égard, Grande Nery ! Je sens l'orgasme me consumer.
· Malheur, toi si pudique ! Dépêche-toi de rentrer dans mon humble bureau, il ne faudrait pas qu'un nuisible te trouve dans une si délicate situation.
Lorsqu'ils eurent retrouvé leur sérieux, les deux jeunes nobles vinrent se placer à son bureau. La grosse lune qui éclairait l'organisation sembla frémir. Quand Nery s'appréta à lui exposer ses plans, même la nuit se pencha pour l'écouter.
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The blood heiress
FantasíaDans un nouveau monde aux lois naturelles chaotique, les nobles détiennent l'autorité absolue. Tous réunis sur Kardia, la ville cœur du continent, Ils mènent une vie de luxure et jouissent de pouvoirs fabuleux. À l'inverse, les incompatibles, simpl...