Prologue

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Rome, mai 1975.

Nous sommes à Rome, en mai 1975, l'égalité entre les conjoints a été adoptée et la guerre continue entre les fascistes et le parti communiste. Mais tout ceci, Liam n'en savait rien.

La maison des Alfieri était silencieuse et paisible vue de l'extérieur. Cette jolie maison blanche entourée dautres maisons presque identiques. Cette allée de gravier qui menait à l'entrée, avec sur le bas-côté des rosiers qui poussaient dans l'herbe. Nous pouvions le dire, les Alfieri avaient énormément de chance. Avec un père juge et une mère avocate, les petits Giovanna et Liam n'avaient vraiment pas de quoi se plaindre. Ce n'est pourtant pas ce qu'ils vous diront.

Liam pleurait. Il ne voulait pas quitter l'école et sa sœur était obligée de le porter pour ne pas qu'il s'échappe.

— Liam, écoute-moi, tout va bien se passer, d'accord ?

Les larmes coulaient sur ses joues rouges.

— Tu dis ça à chaque fois, Gio, il répondit, bouleversé, à sa sœur.

Quelle était l'envie de retourner dans cette jolie maison si l'intérieur était effrayant.

— Ils me laissent des bleus Gio, il fit remarquer à sa grande sœur en sanglotant.

Giovanna ne savait pas quoi faire pour protéger son petit frère des coups de leurs parents. Elle n'a jamais su pourquoi et comment tout cela avait commencé. Un jour son frère était simplement rentré dans sa chambre pour lui montrer la coupure au poignet que venait de lui faire leur père avec un couteau. Elle avait pourtant essayé de tirer les vers du nez de celui-ci mais il ne cessait de répéter que Liam faisait cela pour avoir de l'attention. Et puis une fois, cela s'est passé devant elle, elle a fini par croire son frère.

— A partir du moment où nous entrons, tu cours dans la chambre d'accord ? Je dirai à papa et maman que tout s'est bien passé, s'ils sont rentrés. Je te couvrirai, d'accord ? Liam regarde-moi.

Son petit frère ne l'écoutait plus. Sa vue était troublée par les larmes. Il essayait d'écouter sa sœur, de faire ce qu'elle lui recommandait, mais il n'en pouvait plus. Tout cela devenait dur à supporter.

En passant le pas de la porte, il fit ce que Giovanna lui avait ordonné. Mais tout ne s'est pas exactement passé comme prévu. Leur mère était déjà là et Liam neut pas le temps de monter dans sa chambre que sa mère lui retint le bras.

— Liam, mon chéri, tu dois me raconter ta journée.

C'était le rituel : Liam racontait sa journée passée à l'école et suivant l'humeur de ses deux parents, il avait le droit oui ou non à des coups.

La femme regardait son fils avec un grand sourire. Elle était pourtant si gentille par moment.

— Giovanna a dit qu'elle le ferait pour moi, dit-il, intimidé.

Leur mère se retourna vers la jeune fille de 12 ans. Leur père n'était pas encore là, mais ça ne saurait tarder.

— Oh mais non mon chéri, tu vas le faire toi, dit-elle en fixant sa fille avec un sourire aux lèvres.

— Il est fatigué, il doit dormir, maman.

— Tais-toi petite idiote, monte dans ta chambre. Tout de suite ! Et laisse-nous.

Elle resta là et ne fit rien. Son frère s'échappa enfin pour aller se cacher comme sa sœur lui avait dit. Le voilà enfermé dans le placard. Sa sœur en bas en train de débattre avec leur mère. Il entendit la porte claquer et son père crier. Ça y est, cela recommençait. Encore une fois Gio, papa et maman criaient. Il essayait de ne faire aucun bruit. Il voulait se faire oublier. Il ferma les yeux, essayant d'échapper à cette triste réalité.

Puis plus aucun bruit. Simplement des pas dans les escaliers. Il ne bougea plus et retira ses mains de ses oreilles.

Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Où était maman ? Où était papa ? Et Giovanna ? Qu'est-ce qu'elle faisait, elle allait bien ? Que leur était-il arrivé ?

Tant de questions sans réponses jusqu'à ce que la porte de sa cachette souvre pour laisser apparaître sa grande sœur.

— Viens Liam, il faut que nous partions.

Ils avaient toujours leurs uniformes scolaires. Giovanna quitta sa jupe à carreaux pour mettre un pantalon. Elle remplit ensuite deux sacs à dos.

— Giovanna ?

— Ne pleure pas, tout va bien se passer, d'accord ? Ça va aller, je te le promets.

Mais rien n'allait. Giovanna était dévastée. Mais elle se reprit devant son petit frère et essuya ses larmes.

Il hocha la tête en guise de réponse. Sa grande sœur le porta dans ses bras jusqu'au salon où Liam aperçut son père allongé sur le sol avec autour de lui une flaque de sang.

— Papa ?

— Ne le regarde pas Liam, il faut que l'on parte vite.

— Pourquoi il est allongé ?

Giovanna essaya encore une fois de retenir ses larmes et quitta la maison avec Liam et les deux sacs qu'elle venait de remplir de vêtements pour elle et son frère. Elle tenait fermement la main de son petit frère.

— Gio, elle est où maman ?

Giovanna s'arrêta et se retourna vers Liam qui ne comprenait plus ce qui leur arrivait.

Elle s'abaissa à son niveau et posa sa main sur sa joue pour essuyer les larmes qui y collaient.

— Écoute mon grand, je t'expliquerai tout un jour promis, mais maintenant il faut que tu me fasses confiance. Nous sommes seuls, juste toi et moi, tu ne t'appelles plus Alfieri, nous trouverons un nouveau nom, mais celui-ci tu dois l'oublier comme je vais le faire. Donc maintenant tu dois me promettre de ne jamais chercher à comprendre ce qu'il sest passé tant que je ne t'en aurais pas parlé, d'accord ?

Liam pleurait. Il a fait oui de la tête et ils partirent vers une nouvelle vie qu'ils construiraient à deux en abandonnant le nom d'Alfieri, qui n'était désormais plus celui de Liam et Giovanna.

L'AMOUREUXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant