Chapitre IV : La robe noire

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Venise, février 1996

JOY

La maison était si calme. Maman venait de me lire un mythe comme tous les soirs. Elle était rentrée tard et était très fatiguée. Puis des bruits vinrent à mes oreilles. Je sortis de dessous ma couette. La maison était noire, plus un bruit. J'entrouvris la porte de ma chambre où des lettres en bois écrivaient mon prénom et entrevis le dos du canapé taché de quelque chose. Je cherchai maman et papa. Mais personne n'était là. Je cherchai encore et encore mais les murs se refermaient sur moi. Ces tâches sur le canapé apparaissaient quand je fermais les yeux. La lampe cassée se recollait toute seule. J'appelai encore et encore et encore et encore...

Je me lève en sursaut, réveillée par un mauvais rêve. Nous sommes rentrés hier soir de Paris après une entrevue avec des gens à qui Ernesto tenait à me présenter et les choses ne se sont pas déroulées en douceur.

Je calme ma respiration en regardant autour de moi. Personne n'est dans la chambre aux murs noirs. Ernesto n'a pas dormi ici. Je balaie la pièce du regard pour voir si Nana est là mais ne la trouve pas. Voyant le soleil à moitié couché, j'ouvre les fenêtres pour laisser entrer sa douce lumière du matin dans la pièce. Je me dirige ensuite vers la salle de bain et observe le nouveau bleu que j'ai sur l'avant-bras gauche. Je passe sous la douche pour réguler la température de mon corps. Sortie, je me brosse les dents et applique de la pommade sur la blessure.

Je me prépare et retrouve enfin Nana dans le salon. Je la nourris et me pose un temps devant la télévision avec mes tartines de confiture de myrtille.

Je passe les chaînes et tombe sur les infos. Rien de nouveau à part un nouveau meurtre aux alentours de Paris en France. Un député apparemment. Je prends une grande inspiration et change de chaîne pour mettre de la musique.

Après avoir fait cela, je prépare Nana et nous sortons. Je suis contente d'être rentrée à Venise, elle m'avait manquée.

En sortant, nous passons près de la piscine et à travers les jardins. Ernesto déteste quand Nana marche dans l'herbe.

Le soleil se lève à peine, Venise est encore endormie. J'aime ce moment de la journée où je ne suis pas obligée de sourire aux gens pour leur dire bonjour.

Je suis de nature solitaire et n'apprécie pas la foule. Je préfère la compagnie de bonnes notes de musique et de Nana. Mais il faut parfois se forcer et faire bonne figure. Montrer et faire croire que tout va bien dans votre vie privée. Que vous êtes heureuse et chérie par votre fiancé qui vous offre tout ce dont vous rêvez. C'est ce que l'on voit quand les rideaux de la scène ne sont pas baissés.

Une fois Nana rassasiée de sa balade matinale et après avoir arrosé mes roses et narcisses, je sors, laissant cette fois-ci Nana à la maison.

Ce soir, Ernesto organise une soirée qui se déroulera chez nous et je n'ai rien à me mettre. Il faut à tout prix que j'aille m'acheter une nouvelle robe.

J'ai toujours eu une grande passion pour la mode et la haute-couture. J'aurais aimé en faire mon métier. Mais ma mère en avait décidé autrement.

Je prends la direction de ma boutique préférée de Venise, Aphrodite, où nous pouvons y retrouver des robes venues de France. J'y trouve toujours mon bonheur.

Les rues de Venise se remplissent peu à peu. Je passe sur le Pont Rialto. Je fais tout le chemin à pied pour prendre l'air et ne pas déranger notre chauffeur pour une chose aussi proche que je suis capable de faire sans efforts. Des gens sont arrêtés pour prendre mille et une photos du canal.

En entrant dans la boutique, je fais retentir la petite sonnette et je salue les vendeuses que je commence à connaître.

Signora (madame en italien), me saluent-elles en retour. Si vous avez besoin de n'importe quels renseignements, n'hésitez pas à nous solliciter.

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