Chapitre XIX : Un voyage de prévu

5 2 0
                                    

Venise, avril 1996

LIAM

J'arrive chez moi accompagné de Marius et Gio. Tom et Louise nous attendaient déjà.

— Alors, où sont-ils ? demande furtivement Louise.

— En Californie, à Los Angeles.

— J'ai toujours rêvé d'y aller, commente Tom.

Je retrouve Ilya pour la prévenir que nous allons nous absenter pour aller rentre visite à Costa, à L.A. Je ne manque pas de la remercier pour toute l'aide qu'elle nous a apportée depuis qu'elle est là.

— Tu ne m'as pas fait perdre mon travail, donc on peut dire que c'était avec plaisir. Je suis persuadée que tout va bien, Liam.

Ses longues tresses se balancent de part et d'autre de son corps quand elle avance vers moi. Elle porte un jean droit noir et un haut blanc à bretelles, le tout accompagné d'un blazer noir. Sa peau ébène est maquillée de highlighter doré, et ses yeux marrons d'un léger trait d'eye-liner. Deux créoles parent ses oreilles.

Ilya pose sa main sur mon bras.

— Tiens-moi au courant de la suite, mais sur mon numéro perso, comme ça je n'aurai pas de soucis. Je continue de chercher la taupe. Dès que j'ai des nouvelles, je te contacte.

— Merci Ilya. Merci pour tout.

Je la prends dans mes bras et elle resserre mon étreinte. Je la laisse dans la pièce qu'elle occupe et retrouve mes amis dans le salon.

— Bien, vous pouvez préparer vos affaires. Nous partons demain à la première heure, je les préviens.

Je retiens Tom une heure pour lui expliquer comment cela va se dérouler.

— Ça va faire un sacré bordel tout ça, Li, il conclut.

— Je sais. Mais si c'est la seule manière de savoir si elle va bien et de me venger de ce qu'il a fait à Gio, alors c'est ce que l'on fera.

— Et tu penses que Gio est d'accord pour que tu utilises la violence pour te venger ?

Non. Gio n'était pas de cet avis. Pour elle la violence ne résout rien même si la plupart de ses menaces consistent à planter ses ongles dans les yeux de ceux qui nous gênent.

Et c'est habituellement aussi comme ça que je préférais agir, mais je ne pouvais pas laisser passer le fait qu'il s'en soit pris à ma sœur.

— Allez, va préparer tes affaires, nous nous retrouverons demain.

Il me fait une accolade et part.

Je monte dans ma chambre pour préparer mon sac et Gio apparaît derrière moi. Je l'ai conjurée de rester ici cette nuit. Je ne pouvais pas la renvoyer chez elle après ce qui s'était passé.

— Li ?

— Entre.

— J'aimerais que tu réfléchisses bien à ce que tu comptes faire.

Elle s'assoit sur le bord de mon lit. Elle avait troqué sa longue robe bleue contre un jogging et un débardeur noir. Ses cheveux sont coincés derrière ses oreilles.

— J'y ai réfléchi, Gio. Je ne laisserai pas cet homme faire de mal à d'autres femmes sous mon nez.

— Tu ne penses pas qu'il y a une autre solution ?

— Non, Gio. Il n'y en a pas d'autres.

Elle souffle l'air de ses poumons par le nez. Je sentais que la tension montait et que cette conversation allait de mal en pis.

— Li, elle me réprimande.

— Je sais. Ce n'est pas comme cela que toi et Rosalie m'avez élevé. La violence ne résout rien, mais je ne peux pas faire autrement, Gio.

— Si, bien sûr que si. Tu ne veux tout simplement pas te remettre en question, de même pour ton « plan », elle mime les guillemets. Tu sais qu'il y a des milliers de solutions. Que nous n'avons jamais qu'un seul choix. Sans quoi nous ne serons pas ici dans cette maison qui vaut plus cher que nos deux vies réunies.

Je détestais quand elle parlait de notre enfance et de tout ce qu'elle avait dû endurer en tant que grande sœur quand nous sommes partis de chez nous sans laisser de trace.

Tous les jours je m'en voulais d'avoir été le petit frère et non le grand. Tous les jours, je me reprochais de ne pas avoir été assez présent quand elle pleurait le soir dans sa chambre. Car tous les soirs je l'entendais. En contrepartie, je rapportais de bonnes notes, je leur jouais de la musique. Mais ce n'est pas ce qu'il lui aurait fallu. Elle aurait eu besoin d'une épaule sur laquelle se reposer. Et à part Rosalie et moi, elle n'avait personne.

Dans cette histoire, c'est elle qui avait le plus souffert. Et je m'étais juré de lui en être toujours reconnaissant.

— Je veux que tout cela s'arrête, Li. Dès qu'Ilya a retrouvé la taupe, tu arrêtes tout ça. Tu n'as pas besoin de ça pour vivre. Cela t'a complètement transformé. Donc soit tu arrêtes, soit je dénonce tout le monde à la police.

— Tu n'oserais pas, Gio.

— Je peux te faire tomber en quelques mots, Liam, tu te souviens ? J'en ai plus qu'assez de découvrir un nouveau mort tous les mois pour un foutu instrument. Je veux une vie normale. Tu ne crois pas que c'est ce que tu me dois, Li ?

Elle touche où ça fait mal.

Je ne pouvais pas lui promettre, mais si cela pouvait la rassurer.

— D'accord, je te le promets, Gio. Après avoir neutralisé la taupe, tu n'entendras plus jamais parler de vente, d'achat et de mort.

Je l'approche pour la prendre dans mes bras. Elle entoure ma taille et resserre mon étreinte.

— Va préparer ta valise maintenant. Nous allons rendre visite à Amon et Noah.

Elle sourit immédiatement à l'entente des deux prénoms de nos amis californiens.

L'AMOUREUXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant