Chapitre XVI : Besoin d'une amie

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Venise, mars 1996

JOY

Discrètement, pendant qu'Ernesto est distrait par un chat passant par là, je récupère l'ouvrage tombé par terre que Liam vient de m'offrir. Avait-il en permanence un livre dans sa voiture ?

Je range en vitesse le livre dans ma poche assez grande pour l'accueillir. Ernesto est tellement saoul qu'il ne remarquera pas qu'il a disparu du sol.

Je lui ouvre la porte de la voiture et ordonne au chauffeur de le conduire chez nous.

— Monte dans la voiture, Joy, il tente de me retenir.

Je l'ignore et donne des consignes au chauffeur pour quand ils seront arrivés.

Il démarre enfin et je me retrouve seule face à ce manoir en reconstruction. Je vais m'installer dans les jardins sur un banc qui figurait là. Je feuillette le livre en regardant les annotations qu'avait faites Liam. J'avais beau ne pas le porter dans mon cœur, cet homme avait d'excellents goûts en termes de littérature.

Plus je tournais les pages de ce livre, plus j'en apprenais, sans le vouloir, un peu plus sur le mystérieux Liam. J'y découvrais un peu plus de son enfance en lisant les annotations qu'il avait faites.

Puis en tournant l'une des dernières pages, dans l'herbe tombe un bout de papier. Je le ramasse aussitôt et y vois un numéro inscrit. Je ne sais pas si Liam a fait exprès de le laisser là par hasard ou non, mais je le range dans ma poche avant qu'il ne lui arrive un quelconque malheur.

Je décrète qu'il est enfin temps de rentrer et par chance, il ne pleut pas malgré le vent froid qui violente mon visage et mes cheveux.

Je me tiens devant la porte de chez nous et prends une grande inspiration avant de la pousser et d'entrer.

Je suis accueillie par deux femmes de chambres qui ont visiblement bien reçu mes instructions .

— Bonsoir Mademoiselle Joy, m'accueille Lavinia.

— Bonsoir. Est-il couché ?

— Oui Mademoiselle, depuis une heure.

— Bien, vous pouvez disposer.

Elle disparaît et je me retrouve seule dans le hall. Je prends le téléphone sur la commode collée à l'escalier. Je tape le numéro noté sur le bout de papier tombé du livre et tiens le fil entortillé dans ma main tandis que l'autre apporte le téléphone à mon oreille.

— Le centre d'aide pour les femmes, je vous écoute.

La femme à l'autre bout du fil a à peine le temps de finir sa phrase que je repose le téléphone violemment sur son socle.

C'en est trop. Liam ne peut pas se permettre de s'immiscer dans ma vie sans mon autorisation.

C'est comme ça que je me retrouve à vingt-deux heures en face de chez lui, pour lui demander quelle était son intention en plaçant ce numéro dans le livre qu'il m'avait offert cet après-midi.

— Joy ? Que me vaut cette visite nocturne ?

Comme s'il ne connaissait pas la raison de ma venue.

— Ceci, je lui mets le numéro devant les yeux. Vous ne pouvez pas faire cela, Liam.

Les larmes commencent à monter et ma gorge à trembler.

— Vous ne pouvez pas m'obliger à faire ça. Je suis la seule qui puisse le décider, je répète les mots que je me suis déjà dit. Vous n'avez pas le droit de vous introduire dans notre vie comme ça, Liam. Moi seule déciderai de quand et à qui j'en parlerai. Et ce n'est sûrement pas un inconnu dans votre genre qui me forcera à le faire. Vous pouvez garder vos conseils pour vous.

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