Venise, mars 1996
LIAM
Joy se passe de l'eau sur le poignet où un bleu naît. Son bras avait déjà une trace rouge que je fais semblant d'ignorer pour éviter toutes questions qui pourraient la mettre mal à l'aise. J'ai le sentiment que Joy ne sera jamais complètement d'accord pour me parler.
Je discerne maintenant d'autres marques, qui doivent dater, sur ses avant-bras et une dans son cou cachés par ses cheveux bruns.
Je ne savais pas exactement depuis combien de temps nous attendions ici, mais le temps paraissait long sans s'adresser la parole.
Est-ce que j'avais le droit de parler ? De lui poser des questions ? Ou devrais-je me taire ? Je ne sais pas quoi faire, et je ne sais pas non plus ce que Joy me laissera faire.
— Ernesto ne vient jamais dans cette partie de la demeure. Mais l'entrée n'est pas très loin, m'informe Joy en se séchant le bras avec une petite serviette. Vous pourrez sortir discrètement.
Ne sachant pas où était Ernesto, il ne valait mieux ne prendre aucun risque, alors j'attends encore un moment.
Je me lève du tabouret.
— Je peux ? je lui demande en lui tendant la main, pour que j'examine ses blessures.
Je ne suis pas un expert en la matière mais il nous est déjà arrivé de devoir soigner quelques blessures avec Marius et Tom.
Elle hésite une seconde avant de me tendre son poignet pour que je l'observe. Cette couleur sur sa peau hérisse les poils de mon corps d'effroie. Je cache ma respiration remplie de colère pour ne pas me trahir. Comment veut-elle que je ne m'en mêle pas ?
Je lève la tête et regarde dans la pièce s'il n'y a pas une trousse à pharmacie qui traîne par là. Je repère sur le lavabo un tube de pommade et par chance, c'est de l'arnica. Je le prends et commence à lui en appliquer sur les bleus apparents. Le contact froid la prend par surprise quand je dépose mes doigts sur sa peau.
Elle ne riposte pas et me laisse faire.
Je la sens trembler sous mon toucher quand je fais des mouvements circulaires pour faire pénétrer le gel sous sa peau.
— Je sais que vous m'avez répété de ne pas le faire mais je suis obligé de demander, Joy. Depuis quand il vous fait cela ?
C'est plus fort que moi, je n'arrive pas à tenir ma langue.
Elle a un temps d'hésitation.
— Et je vous le répète une nouvelle fois, vous ne devriez pas vous entraîner là-dedans. Nous avons tous des problèmes et je préfère garder les miens secrets.
Je me doutais qu'elle allait m'envoyer balader une nouvelle fois.
— Joy, vous avez conscience que ce n'est pas normal ?
Elle lève ses yeux verts pour les plonger dans les miens. Nous n'avions jamais été aussi proches. Je sens son cœur battre dans son poignet. Sûrement de peur. Ses yeux se baladent sur mon visage en le scrutant. Elle sait. Mais qu'est-ce qui l'empêche d'en parler ?
J'ai parfaitement conscience que partir n'est pas simple dans ce genre de situations. Mais pourquoi ne veut-elle pas se confier ?
Je suis sûrement la personne la moins bien placée pour ça, me direz-vous.
Elle regarde son nouveau bleu.
— Nous ne pouvons rien y faire pour le moment, et je m'en sors toute seule. Encore une fois Liam, cela ne vous regarde pas, point, fin de la discussion.
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L'AMOUREUX
RomanceDans le monde de la bourgeoisie italienne dans les années 1990, les gens ont une passion pour les soirées et galas, les ventes aux enchères, les belles voitures. L'argent fait leur bonheur et ils ne le cachent pas. Mais les choses se corsent quand o...