L'AMOUREUX

Chapitre XV : Coup de fil imprévu

Venise, mars 1996

LIAM

Joy n'est pas réapparue depuis le soir où elle m'a apporté ces fichus documents. Louise les a d'ailleurs bien décortiqués, même les dossiers sur Leonardo et Riccardo. Elle a récupéré aussi les informations qu'il y avait dans les dossiers boulot.

J'ai demandé à Louise si elle lui avait parlé, mais elle n'a pas revu Joy depuis un long moment aussi. Elle m'a dit qu'elle n'avait pas osé passer chez elle par peur de croiser Ernesto. Louise a essayé d'en savoir plus sur l'affaire Joy-Ernesto, mais je lui ai dit que je n'en savais pas plus que ce que je lui avais déjà dit.

Les répétitions se faisaient de plus en plus fréquentes et je me concentrais plus sur cela qu'autre chose. Tom me faisait des comptes rendus de ce qu'il se passait au niveau de ventes mais en réalité, je n'y prêtais pas attention.

— Liam, j'aurais besoin de te voir pour l'affaire Costa.

Voilà qu'on me parle de lui une nouvelle fois. Je ne serais jamais prêt à temps si toute mon attention est tournée en permanence sur cette histoire de vol de clientèle.

— Tu peux mettre cela de côté pour le moment, Louise.

— D'accord comme tu voudras, elle marque une pause avant d'enchaîner. Tu ne devrais pas t'inquiéter pour elle, Liam. Je suis sûre que tout va bien.

Comme si elle avait lu dans mes pensées, Louise me dit de ne pas m'en faire.

Je ne réponds pas et bois une gorgée de mon verre de vin. Je sais que je ne devrais pas m'inquiéter, mais c'est plus fort que moi. J'y pense constamment.

— Oh, et Bianca m'a appelée pour te parler, j'ai oublié de te le dire, m'informe-t-elle avant de se diriger vers la porte.

— Je vais me charger de ça, ne t'inquiète pas, tu peux mettre toute cette affaire de côté pour le moment, concentre-toi sur tes projets.

— Très bien, dit-elle d'un air incertain.

Elle sort ensuite de mon bureau et je rappelle Bianca.

— Liam, dit-elle sur un ton faussement étonné. Alors tu as changé d'avis ?

— Dites-moi ce que je dois faire.

Sans même être face à elle, je pouvais voir son sourire grandir sur son visage.

Elle me donne alors seulement le lieu de rendez-vous. Je ne prends pas la peine de déranger mon chauffeur et décide de m'y conduire seul.

En prenant la route indiquée par Bianca, je passe devant le manoir de Novikova en me demandant ce que sa famille va en faire maintenant qu'il est décédé. Mais en tournant la tête, je reconnais immédiatement la silhouette de la jeune femme qui hante mes pensées. Je décide de faire un arrêt. Elle porte une longue jupe noir ainsi qu'un chemisier blanc qu'elle a rentré dans celle-ci.

— Joy, je l'interpelle.

Elle se retourne aussitôt. De la peur se discerne dans ses beaux yeux verts.

— Que faites-vous là? je lui pose la question tout en avançant dans sa direction.

— Ernesto l'a acquise récemment, elle m'apprend en désignant la demeure. C'est moi qui suis chargée de la décoration.

Je me poste à côté d'elle et regarde de toute sa longueur l'ancien manoir des Novikova. Pratiquement tout est à refaire. Le vieil homme avait délaissé cette maison depuis qu'il avait été hospitalisé et sa famille n'avait jamais jugé bon de l'entretenir.