Chapitre XVIII : Provocation

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Venise, avril 1996

LIAM

Voilà un mois que Joy n'avait pas été vue en Italie. Ilya m'avait trouvé sa localisation. Rien n'était louche dans l'histoire. Un voyage en amoureux à Los Angeles. Pourquoi devrais-je m'inquiéter ? Mais au fond de moi, je savais que quelque chose n'allait pas.

Je passais le plus clair de mon temps à l'opéra. Ilya avait trouvé les fournisseurs d'Ernesto. Je ne comptais rien faire pour le moment, mon travail passait avant toutes ces histoires de ventes et d'achats.

Je me refermais sur moi-même de jour en jour. Tom et Marius tentaient de prendre contact avec moi, mais je les repoussais toujours plus.

Vous me diriez que je me mets dans un piteux état pour pas grand-chose, mais le manque d'une personne n'est plus un sentiment que j'avais l'habitude de ressentir depuis longtemps.

Mais pourquoi Joy me manquait-elle autant ?

— Monsieur Serra ? Monsieur Wagner attend à la porte.

Depuis quand Tom demandait l'autorisation pour entrer chez moi ?

— Et bien, qu'il entre.

Après plusieurs jours sans s'adresser la parole, le voilà qui arrive en trombe dans mon salon habillé d'un baggy en jean et une chemise noire rentrée dedans. Ses manches étaient retroussées.

— Nom de Dieu, Liam, sort de cette cave.

Il se poste devant moi en posant ses poings sur ses hanches. Il me surmontait de toute sa grandeur.

— Bonjour aussi.

— Oh, épargne-moi tes soi-disant politesses. Il faut que tu sortes. Tu sais que Marius essaie de te contacter depuis un moment pour une vente. Un Steinway & Sons (marque de piano). On en trouve difficilement sur le marché en ce moment.

— J'ai déjà répondu à Marius que cela ne m'intéressait pas.

Ce qu'ils ne savent pas c'est que j'ai effectué trop de vente récemment. C'est la seule chose qu'il me restait pour me sentir bien. Acheter.

— Tu as perdu la tête, mon ami. Je pensais vraiment que cette vente aurait pu te faire sortir de cette grotte, qui soit dit en passant mériterait un petit coup de balai.

Je regarde autour de moi pour essayer de comprendre de quoi parlait-il. Rosalina passait le balai tous les jours, et je repassais moi-même un coup pour être sûr. Pas que je remettais en question le travail de ma femme de ménage, mais c'est ce que l'on pourrait appeler être maniaque.

Tom s'assit dans le fauteuil qu'il avait l'habitude d'occuper quand il venait à la maison.

— Écoute-moi, Li, il se penche sur ses genoux. Costa s'est barré à Los Angeles, on a les fournisseurs, il ne manque plus que le putain de nom de cette foutue taupe, dis-moi qu'est-ce que tu veux de plus ?

Je plonge mon regard dans le vide tandis que Tom passe la main dans ses cheveux blonds qui devenaient de plus en plus longs.

— Tu veux un conseil ? Oublie Joy, il enchaîne sans attendre ma réponse. Cette histoire te fait tomber, Li. Elle n'est pas sous ta responsabilité et tu ne lui dois rien, il finit en se levant. Un jour tu feras passer ton bonheur avant celui des autres.

Et il disparaît en me laissant avec ces paroles.

°°°

Giovanna ne m'a pas adressé la parole depuis le soir où je l'ai abandonnée à cette soirée. Mais cette fois-ci, je décide d'aller la voir, en espérant qu'elle veuille bien m'écouter et qu'elle veuille bien accepter mes excuses.

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