Los Angeles, avril 1996
JOY
Je revois simplement son visage et c'est tout. Je ne me souviens de rien d'autre que de son visage.
Ce qu'il m'a fait subir ? Plus aucune trace dans mon esprit. Je me souviens juste de notre arrivée à Los Angeles, de la maison et c'est tout. Le reste, mon cerveau l'a effacé. Et c'est mieux comme ça. Si je parle, peut-être que cela mettrait en danger ma mère. Et je ne voudrais rien risquer qui pourrait la mettre dans une position délicate.
— Joy ?
Liam me sort de mes pensées.
Je tourne la tête vers lui. Il a l'air fatigué. Il a des cernes. Ses yeux sont rouges. Je lis de l'inquiétude dedans. Il n'a pas non plus les cheveux coiffés.
— Parlez-moi, me supplie-t-il. Dites-moi tout ce dont vous vous souvenez.
— Je vous le répète, Liam, je ne peux pas.
Cela fait déjà longtemps que Liam essaie de me faire parler. Ce n'est pas que je ne veux pas, c'est que je ne peux pas.
Le médecin arrive. Liam se lève instantanément.
— Bonne nouvelle, votre état se stabilise Joy, vous pourriez ressentir encore de la fatigue dû à l'endométriose. Mais votre femme pourra sortir dès que vous le voudriez, il s'adresse à Liam comme si je n'étais pas.
Sa femme ? Je lance un regard à Liam avec un air étonné et il me répond avec un sourire.
— Cependant, l'endométriose n'est pas à prendre à la légère. Il lui faudra beaucoup de repos. Nous vous avons prescrit quelques médicaments pour les douleurs. Malheureusement nous ne pouvons rien faire de plus.
J'avais beau tout essayé, rien ne me soulageait véritablement de la douleur. Je n'avais qu'à attendre que ça passe. Rien d'autre.
— Nous ferons simplement des derniers examens pour être sûrs et Madame Serra pourra sortir, affirme-t-il.
Le fait que le médecin m'appelle madame Serra me fait quelque chose dans la poitrine. J'étais censée m'appeler Madame Costa le mois prochain et voilà que l'on m'appelle avec le nom d'un autre.
Liam se tourne vers moi.
— C'est une bonne nouvelle.
Je suis mitigée. Je voulais à tout prix rentrer à la maison mais est-ce que cela ne permettrait pas à Ernesto de me retrouver plus facilement ?
Malgré tout, je suis soulagée de sortir de cette chambre pas du tout à mon goût et de quitter l'atmosphère lugubre et médicale de l'hôpital.
Une pensée s'envole pour l'Italie et pour ma mère. Il fallait que je l'appelle pour lui conjurer de faire attention. Si Ernesto retourne au pays, qui sait ce qu'il pourrait lui passer par la tête.
Le médecin enfin sorti, Liam se tourne vers moi.
— Madame Serra ? je dis un sourire aux lèvres.
— J'étais obligé, sinon je n'aurais pas pu avoir accès aux informations, il se justifie.
— Vous avez bien fait, merci Liam.
— De rien, Joy, dormez maintenant. Nous pourrons rentrer à votre réveille.
J'obéis, j'en ai bien besoin et Morphée me traîne dans mes plus sombres rêves et cauchemars.
°°°
Liam est assis sur l'une des chaises au pied du lit, un livre à la main. C'était la première fois que je le voyais lire.
— Quelle heure est-il ? je lui demande.
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L'AMOUREUX
RomansaDans le monde de la bourgeoisie italienne dans les années 1990, les gens ont une passion pour les soirées et galas, les ventes aux enchères, les belles voitures. L'argent fait leur bonheur et ils ne le cachent pas. Mais les choses se corsent quand o...