Chapitre X : Gastronomie et course hippique

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Venise, mars 1996

JOY

— Je t'avais pourtant demandé d'aller le chercher il y a une semaine de ça, Joy.

— Excuse-moi d'avoir oublié, d'accord ? J'avais d'autres choses à penser.

— Mais oui, bien sûr. Tu te pavanes toute la journée avec un bouquin au bord de la piscine, mais tu n'as pas eu le temps d'aller chercher mon costume.

Je ressors du dressing en enfilant mon t-shirt. Lui était au bord du lit en train de mettre ses chaussures. Ernesto me prenait la tête car j'avais oublié d'aller chercher son costume chez le tailleur pour ce soir.

— Je n'y crois pas. C'est moi qui me pavane ? Tu te fiches de moi là, rassure-moi Ernesto ?

Ses yeux bleus me percent le corps. Il se lève et s'approche de moi.

— Tu as raison. Excuse-moi, il réalise, tu ne fous pas rien de tes journées. Désolé.

— Merci, je dis en lui passant devant.

— Joy, il tente de me retenir.

Je l'ignore et vais chercher mes chaussures.

— Je m'excuse, Joy, répète-il.

Il s'excuse constamment mais il met toujours du temps à le faire. Je dois attendre une ou deux heures. Mais j'ai compris qu'attendre des excuses ne changera rien à la situation.

— Oui, je sais, j'ai entendu. Tu t'améliores.

Il lève les yeux au ciel et sort de la pièce. Je finis de me préparer et je le retrouve dans l'entrée.

— Nous pouvons y aller, je déclare en enfilant mon long manteau en cuir noir.

Il m'ouvre la porte et je monte à l'arrière de la voiture, où il me rejoint. Notre chauffeur me dépose d'abord au manoir qu'Ernesto avait acquis récemment avant de l'emmener au travail. Il m'a chargée de faire la décoration et l'inventaire de tout ce qu'il y a à l'intérieur. Je lui avait proposé de le faire car je voulais un peu changer de cadre. Je ne pouvais plus rester dans cette cage un jour de plus. J'étouffais dans cette maison et je voulais changer d'air.

— Luc viendra te chercher en début d'après-midi, d'accord ?

— Parfait, à ce soir.

Il m'embrasse la tempe et je descends du véhicule.

Je regarde le bâtiment dans toute sa longueur et d'un pas assuré, j'avance pour ouvrir les portes.

Ernesto aurait pu engager un spécialiste pour faire tout cela mais je tenais vraiment à visiter en premier cette propriété, et faire l'inventaire.

Je constate que tout le jardin sera à refaire, les arbres à tailler et les fleurs à entretenir.

Ce manoir appartenait à un homme âgé qui est mort il y a quelques jours. Un certain Novikova. De ce qu'Ernesto m'a dit, il serait mort d'un cancer. Sa famille avait beaucoup de dettes après sa mort apparemment, et ils ont dû vendre cette propriété.

Je rentre dans l'immense hall. La lumière était rare. Les seuls rayons de lumière étaient les petites fenêtres le long de l'escalier.

— Bon, au travail Joy, je me motive en retirant mon manteau.

Je commence en prenant mon carnet par le salon qui est pratiquement vide. Il ne reste plus que deux fauteuils datant du dernier siècle je dirais, et un lustre en cristal pends au-dessus de ma tête. Je ne préfère pas savoir combien Ernesto a acheté ce manoir. Je continue d'avancer dans les pièces de cette immense propriété et compte les fenêtres et les meubles, imagine de nouveaux ajustements, prends des mesures et ce, tout l'après-midi.

L'AMOUREUXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant