L'AMOUREUX

Chapitre XXV : Un inquiétant récit

Los Angeles, avril 1996

JOY

Je ne sais pas exactement où je suis. Mes yeux essaient de s'habituer à la lumière de la pièce mais ont beaucoup de difficulté. Je ne porte qu'un jogging et un t-shirt en guise de vêtements. J'arrive à percevoir certaines choses. Les murs de la pièce, les cadres accrochés, la table en face du fauteuil dans le coin.

Il y a un poids sur le lit qui tire le drap qui me recouvre. Je me redresse et vois Liam endormi là, sans t-shirt, sa tête posée sur le matelas. J'observe son magnifique tatouage d'Athéna qui s'étend de ses épaules jusqu'au bas de son dos. Il embellit parfaitement sa musculature.

Une douleur me monte à la tête soudainement.

Liam bouge, il a dû sentir que je me suis réveillée car il ouvre les yeux à son tour.

— Comment vous sentez-vous ? me demande-t-il.

— Cela peut aller, où sommes-nous ?

— Chez un ami, toujours en Californie. Quelle heure est-il ?

— Je n'en ai aucune idée, avoué-je.

Nous restons là sans parler. Soudain, c'est comme s' il a une prise de conscience et se redresser.

— Vous voulez peut-être quelque chose à boire, ou alors quelque chose à manger. Il faut que l'on change vos pansements et désinfecte vos plaies aussi...

Je passe ma main sur ma lèvre pour réaliser que je suis blessée à plusieurs endroits sur le visage.

— Liam, je pose ensuite ma main sur son épaule qui est dénudée. Je vais bien, je vous assure, ne vous inquiétez pas.

Il a l'air perturbé de mon touché alors, en voyant l'expression se dessiner sur son visage, je la retire.

— Si, permettez-moi de m'inquiéter, mais au risque de vous le rappeler, vous avez disparu durant un long moment, et vous avez vu dans quel état nous vous avons retrouvée, Joy, il finit sa phrase.

— Grands dieux, je prends ma tête dans mes mains.

Je ne suis pas prête pour un affront matinal

— Vous n'avez pas à vous faire de soucis pour moi. Vous ne me devez rien, Liam, je lui répète une énième fois.

— Vous seriez peut-être morte à l'heure qu'il est si nous n'avions rien fait. Et à cause de moi.

Il fait les cent pas dans la pièce.

Je remarque qu'il est blessé à la jambe. Il boite.

— Je ne vous ai jamais appelé à l'aide. Et jamais il ne m'aurait tuée, je dis avec assurance.

Il tourne la tête et ricane dans sa barbe.

— Ça, vous n'en savez rien, Joy. Vous ne connaissez pas l'homme que je connais.

— Je vous demande pardon ?

—Vous ne savez pas qui il est, Joy.

— Et je vous rappelle que je ne sais pas qui vous êtes non plus, Liam, je lui remet les idées en place.

Son visage s'assombrit. Touché.

— Je ne veux pas que vous pensiez que je me fais passer pour votre sauveur, Joy. Je l'ai fait parce que cet enfoiré vous bat. Aucun homme ne lève la main sur une femme sous mon nez, même si vous pouvez vous défendre seule, comme vous n'avez pas arrêté de me le répéter.

Il se rassoit. Je ne dis plus un mot.

— Il s'en est pris à Gio.

Je le fixe en attendant la suite.