CHAPITRE 5

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Chapitre 5 :

Hana

Cela fait déjà deux heures que je suis à l'hôpital, contrainte d'attendre l'arrivée de mes parents qui m'ont bombardée d'appels jusqu'à ce que ma boîte vocale soit saturée. Les médecins ont enveloppé mes mains de bandages et m'ont formellement interdit de les utiliser, sous peine d'aggraver mon état. Ils m'ont assuré que j'avais de la chance, que je ne garderais aucune séquelle physique. Alors que je fixe le vide, j'entends la porte de la chambre d'hôpital s'ouvrir, mes parents apparaissent, complètement affolés.

- « Hana, comment as-tu pu te retrouver dans une telle situation ? C'est ta faute si cette fille a renversé son café sur toi ! » m'accuse t'elle, à peine arrivée dans la salle.

- « Ta carrière de pianiste est en danger. Tu dois te reposer et laisser tes mains guérir correctement. » a-t-il dit, d'un ton clame

Ils poursuivent leur réprimande sur ma conduite, comme si c'était là la seule chose importante en cet instant. Je mords mes lèvres pour retenir les larmes qui ne demandent qu'à jaillir.

Je tente de ravaler ma déception alors que je leur demande la raison de leur présence ici, bien que je sois heureuse de les voir. Leurs mots résonnent dans le silence pesant de la chambre d'hôpital. Leur réponse est tout aussi décevante que mes espoirs étaient élevés : ils étaient simplement dans la ville voisine pour affaires. Mon cœur se serre à cette réalisation. J'avais naïvement pensé qu'ils avaient parcouru des kilomètres pour moi, mais ils étaient à peine à une heure d'ici.

Alors que le médecin m'avait administré des analgésiques pour soulager mes douleurs, mes parents m'ont ramenée à l'école. Pourtant, une fois devant le bâtiment, je me retrouve prise d'une envie soudaine de rester dans la voiture. La honte de m'être effondrée devant tout le monde m'envahit. Je redoute la réaction de mon père s'il venait à l'apprendre, son éternel discours sur la nécessité de dissimuler ses émotions.

-« Tache de te faire discrète et de ne pas attirer l'attention, Hana. » Mon père lance d'un ton froid

-« D'accord. », je réponds simplement, incapable de trouver les mots.

Après un moment d'hésitation, je rassemble mon courage et sors de la voiture.

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Je suis allongée dans mon lit, plongée dans l'obscurité de ma chambre. Le tic-tac régulier de l'horloge résonne dans le silence de la nuit, comme une douce mélodie entremêlée aux battements douloureux de mon cœur. Mes mains, enveloppées de bandages, reposent immobiles sur le drap, mais la douleur persistante refuse de me laisser en paix. Chaque mouvement est une torture, chaque souffle une lutte contre cette sensation brûlante qui envahit chaque fibre de mon être. Et au milieu de cette nuit oppressante, mes larmes silencieuses se mêlent au désespoir qui m'étreint, m'isolant dans un océan de souffrance et de solitude.

Le lendemain matin, malgré la douleur persistante et mes yeux rougis par une nuit agitée, je prends la décision de me préparer pour la journée de cours qui m'attend. Le principal m'a dispensée de présence, mais cela ne suffit pas à m'arrêter. Je m'efforce de revêtir mon uniforme, me confrontant à chaque geste douloureux. Cette fois, je laisse mes cheveux détachés, renonçant à l'habitude de les attacher en queue de cheval, une tâche rendue impossible par l'état de mes mains.

À peine ai-je franchi le seuil du couloir qu'une voix m'interpelle :

- « Salut ! » lance-t-elle.

Je la fixe avec perplexité, ne la reconnaissant pas, et elle se présente :

- « Je suis Amira, on est à côté en cours... » dit-elle, visiblement offensée par mon manque de reconnaissance.

Elle est vêtue de son uniforme, impeccablement repassé, contrastant avec un cardigan aux couleurs vives qu'elle porte par-dessus. Des barrettes multicolores parsèment ses cheveux, ajoutant une touche de fantaisie à son apparence.

- « Ah, pardon... » articulé-je comme une excuse.

- « Je n'ai pas besoin de ta pitié », rétorqué-je en soulevant mes mains blessées.

- « Je sais, je voulais juste... que tu m'aides pour le piano ! », ment-elle.

Je perçois immédiatement qu'elle a probablement été envoyée par un professeur pour s'occuper de moi, mais je décide de feindre l'ignorance. Après tout, j'ai bien besoin d'aide finalement.

Alors que nous avançons lentement vers la salle de cours, je ressens comme une lourdeur dans l'air, un silence chargé de curiosité et de jugement. Les élèves sont dispersés dans la salle, certains chuchotant entre eux tandis que d'autres me lancent des regards furtifs, leurs yeux semblant peser sur moi comme des poids invisibles.

Des murmures se font entendre, étouffés mais distincts, accompagnés de quelques rires étouffés, moqueurs. Je me sens comme isolée au milieu de cette mer d'élèves, leurs regards scrutateurs semblant pénétrer au plus profond de moi-même. Pourtant, je m'efforce de ne rien laisser paraître, de garder ma posture droite et mon visage impassible, même si à l'intérieur, je sens le poids de leur jugement me peser.

La personne assise juste devant moi se retourne lentement, et mon cœur rate un battement en reconnaissant Ren. Son regard est froid, dénué de toute chaleur, comme si notre dernière interaction à l'infirmerie avait laissé une empreinte indélébile sur lui. Il laisse échapper un soupir, presque imperceptible.

-« Tu as les cheveux détachés », dit-il d'une voix calme, mais empreinte d'une pointe de surprise. « Je ne t'avais jamais vue comme ça. »

Je lance un regard tranchant et interrogateur en, me demandant ce qu'il insinue.

Alors que les minutes passent, je finis par me tourner discrètement vers Amira.

-« Peux-tu m'attacher les cheveux ? » lui chuchotai-je, souhaitant mettre fin à cette situation inconfortable.

La fin de la matinée approche, et avec l'état de mes mains, il est évident que je ne pourrai pas assister aux cours pratiques prévus pour l'après-midi. Suivant Amira sans vraiment réfléchir, nous nous retrouvons devant la cafétéria. Un frisson parcourt mon corps lorsque je réalise que je ne peux pas entrer. Des émotions me submergent, mais je refuse de les laisser éclater. Au lieu de cela, je fais volte-face, disant à Amira que je n'ai pas faim, puis je m'échappe en direction de la bibliothèque, cherchant refuge entre les étagères de livres.

-« Putain », ai-je lâché à haute voix.

-« Tiens, on dirait que tu as appris la colère pendant ton séjour à l'hôpital », a répliqué une voix familière.

Je me suis retournée pour voir Ren juste derrière moi.

-« Pitié, laisse-moi tranquille. Tu ne vas quand même pas t'y mettre aussi », ai-je répondu d'un ton détaché.

-« Kira a été virée pour quelques semaines », a-t-il dit avec regret.

-« Je suppose que ses parents ont payé les profs pour qu'elle reste », ai-je ri.

Il n'a pas répondu tout de suite.

Je me suis retournée pour m'éloigner de lui quand il a lancé cette phrase qui m'a figée sur place.

-« Et au fait, j'aurais été déçu de perdre ma rivale. Ça n'aurait pas été drôle de gagner sans te voir frustrée à la fin », a-t-il dit en quittant la bibliothèque, sur un ton moqueur.

THE BROKEN NOTESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant