CHAPITRE 7

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Chapitre 7

Hana

Mes mains semblent ne plus m'obéir, glissant facilement sur les touches du piano. Pourtant, une douleur sourde me tenaille, mais elle ne provient pas de mes doigts endoloris. Non, cette douleur émane de mon cœur affamé, de ma négligence à prendre soin de moi-même. J'ai tellement évité la cantine ces derniers temps que mes repas se sont réduits à leur plus simple expression, me laissant souvent pris de vertiges.

Alors que je m'apprête à conclure mon morceau, une onde de tremblements secoue mon corps, faisant vaciller mes doigts sur les touches. Mes notes se figent, suspendues dans l'air, tandis que je lutte contre la sensation de paralysie qui m'envahit. Je suis à bout de forces, épuisée physiquement et émotionnellement.

D'un geste brusque, je me lève du tabouret, le faisant basculer en arrière. Le bruit du tabouret qui heurte le sol résonne dans la salle, brisant le silence pesant qui y régnait.

-«  Hana, ça ne va pas ? » demande un professeur, se levant avec inquiétude.

Le son de sa voix me semble lointain, étouffé par le bourdonnement oppressant qui envahit mes oreilles. Je ressens un besoin irrépressible de combler ce vide, de l'apaiser avec de l'eau. Sans même prendre la peine de répondre, je trébuche sur mes propres pieds et m'éclipse en courant en direction des toilettes, comme si fuir pouvait apaiser la tempête qui fait rage en moi.

Une présence me suit, pesante et insaisissable, mais je suis trop absorbée par mes propres tourments pour m'en soucier. Mais avant que je ne puisse atteindre les toilettes, une main saisit fermement mon poignet, m'arrêtant net dans ma fuite.

-«  Nana, arrête-toi. Qu'est-ce qui se passe ? » demande une voix familière que je reconnais aussitôt.

Nana. Quesque, ce type insupportable.

-« Vraiment, lâche-moi. Si c'est à propos de ça qui t'inquiète, ça n'affectera pas ta note »je réponds en tentant de me libérer de sa prise.

-« Arrête, j'ai bien vu que tu ne mangeais pas assez. Viens, on va à la cantine » insiste-t-il d'une voix empreinte d'inquiétude.

-« Non, surtout pas. Lâche-moi ! » dis-je avec fermeté, parvenant enfin à me détacher de lui.

Je m'éloigne en courant, ignorant les vertiges qui menacent de m'envahir, et me dirige précipitamment vers les toilettes. Alors que je m'asperge le visage d'eau pour tenter de me calmer, une voix parvient à percer le tumulte qui règne dans ma tête.

-« Tiens, prends ça » lance une voix derrière moi.

Je me redresse et croise son regard dans le miroir. C'est lui, qui me tend un paquet de chips.

-« Arrête de faire semblant de te préoccuper de moi. » je réplique en le fixant à travers le reflet.

-« Aller, Hana, ne fais pas l'idiote. Tiens. » m'ordonne-t-il avec insistance.

-« Ça t'arrange bien que j'aie raté, tu seras encore premier, comme toujours.» l'accusé-je, mes mots empreints d'amertume.

Il me fixe intensément, comme si mes paroles l'avaient blessé.

-« Tu sais quel est ton problème ? Tu recherches tellement la perfection que tu finis par échouer » assène-t-il d'une voix hautaine et glaciale.

Je me retourne pour lui faire face, nos regards se croisant dans un échange silencieux. Je ne réponds pas, car au fond de moi, je sais qu'il a raison.

-« Ce que tu as joué, ça vient d'où ? » demande-t-il doucement, brisant le silence pesant qui s'est installé entre nous.

-« Quoi ? » je rétorque avec confusion, me demandant de quoi il parle.

THE BROKEN NOTESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant