CHAPITRE 20

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Chapitre 20

Hana

Le voilà qu'il s'est volatilisé, disparaissant sans arrêt. Au début, je ne voulais pas lire son journal. Je l'avais laissé sur mon bureau sans y toucher, mais j'ai besoin de comprendre pourquoi il agit ainsi. Alors, je me lève de mon lit et je m'assois à mon bureau pour le lire.

Page après page, mon cœur se serre. Il parle de ses parents qu'il aime, de ses peurs d'enfant. Il parle même de moi. Plus je tourne les pages, plus je sens un poids grandir en moi.

Il parle d'une maladie. Au début, j'ai pensé qu'il parlait de son père, mais en fait, il parle de lui. Il est malade. Malade, comme quand un piano ne fait plus de son quand on appuie sur les touches.

Une envie de pleurer embrassait mon cœur, mais mes larmes refusaient de se libérer, retenues prisonnières comme des mots restant non-dits sur une page blanche. Comme tant de fois auparavant, mes émotions semblaient se figer en silence.

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-« Pourquoi n'as-tu pas parlé plus tôt ? Pourquoi garder cela pour toi ? » m'écriai-je, agacé.

Un silence pesant suivit mes mots. Il se tient là, face à moi dans l'obscurité, immobile.

-« Réponds ! Qu'as-tu pensé ? Que je serais incapable de ressentir de la tristesse pour toi, c'est ça ? » continuai-je.

-« Non, ce n'est pas ça, Hana... » répondit-il d'une voix basse, baissant la tête.

Un rire amer m'échappe, et soudain, je m'effondre. Tout ce que j'ai retenu à l'intérieur se libère en un torrent impétueux, comme si je ne craignais plus de laisser échapper mes émotions. Les larmes dévalent mes joues, je tremble, pris entre la rage et la tristesse.

-« Regarde-moi ! C'est ce que tu voulais, n'est-ce pas ? Me voir pleurer. Voilà, c'est moi. Ce n'est pas très beau quand le masque tombe ! »

Je lutte pour retrouver mon souffle, pour apaiser le tumulte en moi, mais je me sens tel une bombe à retardement, prête à exploser à tout moment.

-« Je tente de composer une mélodie qui ne m'appartient pas, mais chaque note sonne fausse. Je suis comme un piano désaccordé, incapable de s'harmoniser avec la partition imposée. Mon cœur, tel une corde de cristal tendue, résonne de palpitations lorsque ton regard m'effleure, créant un dissonance dans mon âme. » lui dis-je, le souffle coupé.

Aucun de nous ne bouge. Il me fixe et je peux discerner ses larmes qui coulent lentement sur ses joues, lui aussi.

-« Tel que des touches ébréchées d'un vieux piano. Forcé a sourire pour masquer les cicatrices de ma tristesse. Et tout mon être est comme ces notes disjointes d'une sonate incomplète, qui cherche désespérément à trouver son accord, même au milieu de ses propres traumas. » ajoute-je.

Je n'ai pas peur. Pas cette fois.

Alors, dans un élan impulsif, je saisis sa main tremblante et l'entraîne avec moi hors des murs. Nos pas résonnent sur le bitume, tandis que le vent fouette nos visages. Nous courons à travers les rues déserte, nos doigts entrelacés.

Ma gorge est comme étreinte par les flammes, chaque inspiration brûle mes poumons. Pourtant, je persévère, car dans cette fuite, je trouve un répit, une échappatoire temporaire à l'oppression pesante de mes émotions.

Enfin, nous nous arrêtons, essoufflés, face à un pont. Les voitures passent au loin, mais ici, dans ce coin isolé, règne un silence apaisant, seulement troublé par le murmure de l'eau.

Je me tourne vers lui, mon souffle saccadé, mes yeux reflétant un mélange tourbillonnant d'émotions : la peur, la frustration, la colère, la tristesse.

THE BROKEN NOTESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant