THE BROKEN NOTES

EPILOGUE

Epilogue

Hiro

6 ans plus tard

-« Ils étaient des notes brisées. Ceux d'un piano ruiné, trop fragile pour être réparé. » dis-je, ma voix résonnant doucement dans la bibliothèque silencieuse.

Les étagères imposantes remplies de livres entouraient l'espace, la lumière tamisée des lampes jetait des ombres dans les coins, ajoutant une atmosphère presque mystique à l'endroit. Les fauteuils en cuir usé et les tables en bois massif complétaient cette scène empreinte de solennité. Face à moi, mon auditoire m'écoutait attentivement, leurs visages reflétant une concentration intense. Leurs yeux fixés sur moi.

J'inspirai profondément, cherchant à canaliser les émotions qui bouillonnaient en moi. Chaque mot prononcé semblait danser dans l'air, comme les notes d'un piano autrefois mélodieux mais maintenant silencieux, ses cordes rompues et son cœur vidé de sa musique.

-« Merci, Hiro. Bien, tout le monde, la dédicace peut commencer ! » lance la bibliothécaire Marie, brisant le silence respectueux qui régnait dans la pièce.

Marie, une jeune femme aux cheveux rouge et noir et à l'air bienveillant, se tenait près de la table, un sourire chaleureux éclairant son visage. Certain lecteurs commencèrent à se lever de leurs sièges, échangeant des murmures excités. Certains se dirigeaient déjà vers la table de dédicace, leurs livres serrés contre eux, impatients de rencontrer l'auteur, moi.

Je pris une grande inspiration, tentant de chasser les dernières traces de nervosité. Ce moment, bien que redouté, était aussi attendu avec impatience. Les visages devant moi sont empreints d'anticipation et de respect, chacun porteur d'une histoire.

La bibliothécaire, vêtue d'une robe longue noir, se déplace gracieusement entre les rangées de chaises, guidant les lecteurs vers la table de dédicace. Assis sur la chaise en bois sculpté, je pris le premier livre tendu vers moi, un sourire reconnaissant aux lèvres.

-« C'était une très belle histoire, merci, » me dit une lectrice en me tendant son livre d'un air timide.

Je souris, touché par sa reconnaissance.

Après la mort de ma sœur, j'étais effondré, comme si une partie de mon âme m'avait été arrachée. Il ne me restait d'elle que ce qu'elle avait laissé derrière : des carnets et ma webcam. Pour apaiser mon chagrin, j'ai commencé à écrire leur histoire, celle de ma sœur Hana et de son amant Ren, tous deux décédés. Je voulais leur rendre hommage, écrire sur eux. Ma peine ne s'est jamais apaisée. Chaque jour, je pense à elle, et elle me manque terriblement. Pas un jour ne passe sans que je regrette de ne pas avoir pu la rattraper à temps. Depuis ce jour, je ne parle plus à nos parents. Ils étaient présents à l'enterrement, pleurant leur fille en faisant semblant de ne pas savoir que c'était leur faute.

- « Vous l'avez annoté ? Je peux jeter un coup d'œil ? » demandai-je à la fille timide face à moi.

Elle hoche la tête silencieusement, et je prends le livre dans mes mains, mon livre. Il est annoté de nombreux post-it de couleurs différentes, et des phrases sont surlignées. Les larmes me montent aux yeux en réalisant que les gens doivent apprécier ma sœur et son histoire.

- « Tu... Je, enfin, je peux le prendre en photo ? » balbutiai-je.

-« Oui, allez-y, pas de souci, » me répond-t-elle avec un sourire radieux.

J'aurais aimé que Hana soit là pour me voir réussir. Je suis devenu auteur, et c'est son histoire qui m'a rendu célèbre.

-« Je le signe à quel nom ? » demandai-je, le stylo entre les mains, prêt à signer.

-« Effy. » me dit-elle timidement.

-« C'est l'acronyme d'Elisabeth. » se justifie-t-elle.

-« D'accord, à Effy, la meilleure annotatrice de mon livre. » répondis-je avec un sourire aux lèvres et les yeux brillants.

Elle me remercie, et je la regarde partir avec un mélange de gratitude et de nostalgie. Je continue de dédicacer des livres quand soudain Kaito et Amira apparaissent, un bouquet de pivoines à la main.

Les pivoines, avec leur parfum doux et enivrant, me rappellent Hana. Je prends le bouquet et le pose délicatement sur ma table, laissant leur présence et leur symbolisme apaiser mon cœur.

-« Hey Hiroooooo !! » crie Kaito en s'approchant de moi.

Je me lève pour les enlacer, prenant le bouquet pour le poser sur ma table.

-« Wa, vous faites quoi ici ? » demandai-je, surpris de les voir.

-« On est venus te voir à ta dédicace, monsieur l'auteur ! » dit Amira en passant sa main dans mes cheveux blonds déteints.

Depuis l'incident, nous sommes devenus très proches. Kaito et Amira ont été mes piliers, mes confidents, et mes co-équipiers dans cette aventure d'écriture. Ils m'ont aidé à reconstruire les fragments de souvenirs, me racontant ce qu'ils savaient de Hana et Ren, ajoutant des nuances et des détails que seul l'amour et l'amitié peuvent offrir. Leurs histoires, entrelacées avec les miennes, ont donné vie aux pages de mon livre. Nous avons tissé ensemble une toile de mots, une tapisserie de souvenirs et de sentiments qui honorait la mémoire de ceux que nous avons perdus.

Maintenant, nous sommes inséparables. Nous avons choisi de vivre dans des maisons voisines, près de la mer, où le bruit des vagues et l'air salin nous rappellent que la vie continue malgré tout. Kaito et Amira ont chacun pris un nouveau chemin après avoir quitté l'école de piano. Amira, avec sa passion pour l'histoire et les découvertes, travaille dans un musée archéologique. Kaito, quant à lui, est devenu professeur de musique et de chant.

Leur présence ici, aujourd'hui, réchauffe mon cœur. C'est comme si, malgré la perte, la vie avait su nous réunir pour former une nouvelle mélodie, une symphonie d'espoir et de résilience. Les moments de désespoir et de tristesse ont été transmutés en quelque chose de beau et de durable, une harmonie née de la dissonance. En les voyant là, souriants et soutenants, je réalise que nous avons tous grandi, que nous avons trouvé des moyens de réparer les notes brisées pour créer une nouvelle composition, une sonate de survie et d'amour.

« These violent delights have violent ends. » - W.S