CHAPITRE 26

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Chapitre 26

Ren

7mois avant

Les mois se sont égrenés, une lente dégradation de mon état de santé marquant le passage des saisons. La fatigue extrême, telle une ombre persistante, m'enveloppait jour après jour. Les troubles de la vision obscurcissaient mon regard, tandis que des engourdissements parcouraient mes membres, et affectais mon jeu au piano. Chaque pas devenait un défi, chaque geste une épreuve à surmonter. Pourtant, je gardais le silence, déterminé à ne pas ajouter au fardeau déjà lourd que portaient ma tante et ma mère, encore empreintes de douleur après la perte de mon père.

Mon parcours médical ressemblait à un interminable voyage à travers un dédale d'examens et de consultations. Pour les médecins, j'étais une énigme à résoudre, ils me scrutaient à la recherche de réponses, mais aucun diagnostic clair n'émergeait de leurs investigations.

Dans l'austère atmosphère du bureau médical, je m'assis une fois de plus, ressentant chaque parole du médecin comme les notes pesantes d'une symphonie funèbre jouée sur un vieux piano. Chaque mot tombait comme une touche lourde sur les cordes de mon âme, créant une mélodie sombre qui annonçait un avenir incertain et empreint de désolation.

-« Monsieur Kobayashi, voici mon diagnostic », annonça-t-il

Mes yeux parcoururent distraitement les contours familiers du bureau médical, chaque détail gravé dans ma mémoire comme les partitions de piano je me m'efforce à lire jour en jour. Les murs blancs reflétaient la froideur clinique de l'endroit, tandis qu'une photo de famille, délicatement posée sur le bureau, rappelait la fragilité de l'existence humaine. Les médecins, portaient sur leurs épaules le fardeau de la vérité, et leurs éternel blouse blanche.

-« Vous avez la sclérose en plaques », prononça-t-il, ses paroles comme une sentence irrévocable.

-« Il n'existe pas de remède, mais des traitements peuvent aider à ralentir sa progression et à soulager vos symptômes... » continua-t-il

-« Non. » j'interrompis le médecin dans son monologue.

Ma mère, autrefois si vibrante de vie, semblait désormais éteinte, son regard vidé de toute lumière, ses mots engloutis par un silence oppressant. Allongée dans son lit, elle semblait attendre, résignée, que la mort vienne la cueillir, ses bras tendus vers le néant. Et ma tante, dans un dévouement silencieux, s'occupait d'elle sans jamais prononcer un mot, comme si la simple évocation de la réalité était trop lourde à porter. Cette image me torturait, me rendant fou d'impuissance. Comment pouvait-elle se laisser consumer ainsi par le chagrin, refusant obstinément de saisir la moindre parcelle de vie qui lui restait ? Le destin semblait m'avoir joué un tour cruel, me refusant l'accès à l'éternité tandis que ma mère se laissait engloutir par les ténèbres de son propre désespoir.

Foutue vie

Pendant que le médecin continue son monologue, ses paroles semblent lointaines, presque irréelles. J'accepte machinalement l'ordonnance qu'il me tend, me lève sans un mot et quitte la pièce. Chacun de mes pas son lourd, et j'en perd l'équilibre, appuyé contre un mur, je jette un œil la liste des médicaments prescrits, une série d'antalgiques et d'anti-inflammatoires pour apaiser les douleurs physiques tout en masquant la maladie qui ronge mon être.

Je me dirige machinalement vers la pharmacie la plus proche, déterminé à dissimuler autant que possible ma maladie. De retour chez ma tante, je suis accueilli par son sourire chaleureux, que je lui rends. Dans ma chambre, je dissimule les médicaments dans mon sac, préparant mes affaires pour le lendemain. La rentrée est demain.

THE BROKEN NOTESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant