CHAPITRE 18

19 5 0
                                    

Chapitre 18

Ren

Aujourd'hui, les règles vestimentaires sont assouplies pour la fête de notre établissement. J'enfile un pantalon noir et un simple tee-shirt blanc, mais je sens que quelque chose ne va pas. Ces derniers temps, mes visites fréquentes à l'hôpital pour des tests m'ont laissé épuisé. Un nouveau traitement m'a été prescrit, censé m'aider à aller mieux, mais il me coupe la faim. Mes nuits sont hantées par la mort de mon père, qui a caché sa maladie jusqu'au bout.

Suis-je en train de suivre ses pas ? Je n'ai toujours rien ne dit à mes amis.

Quand on est malade, les gens réagissent différemment. Ils vous recommandent de prendre soin de vous, mais en réalité, ils veulent simplement s'éloigner, par peur d'être blessé eux aussi, si on finit par disparaitre. La maladie physique est visible, alors elle est prise au sérieux. C'est ironique, lorsque votre corps souffre, les gens vous croient, mais lorsque votre esprit est tourmenté, ils vous disent de vous ressaisir. Cette situation me rappelle maman...

Les traitements médicaux peuvent guérir les maladies physiques, mais les blessures émotionnelles sont bien plus tenaces. Depuis qu'elle a perdu papa, elle semble vidée, renfermée sur elle-même. Comme si une part d'elle avait été emportée avec lui, dans sa tombe.

La Cour est animée, grouillante d'élèves, de professeurs et de parents, tous entourés par les hauts murs de pierre. Sous leurs pieds, les pavés irréguliers, marqués par les marques du temps. De temps à autre, des statues imposantes jalonnent les allées, rendant hommage aux grandes figures de la musique classique, telles que Beethoven, Mozart, Bach et Chopin...

Au loin, ma tante attire mon regard, sa présence inattendue m'étonne agréablement. Je ne pensais pas la voir ici. Ça signifie donc qu'elle se souvient de notre conversation concernant la fête et la présence des élèves accompagnés de leurs parents, ce qui me remplit de joie. Un large sourire illumine mon visage tandis que je me hâte vers elle.

Au moins je ne serais pas seul.

-« « Tu es venue, Tata ! Je ne m'attendais pas à te voir ici. Merci d'être la » lui dis-je.

Elle m'enlace tendrement, déposant un baiser sur mon front avant d'ébouriffer mes cheveux.

-« Je ne raterais ça pour rien au monde ! Ton école est vraiment charmante. » déclare-t-elle.

Alors que je me recoiffe, je la regarde avec affection. Sa présence me rappelle celle de papa, tant physiquement que mentalement, ce qui me tire un sourire.

-« Tu te moques de ma tenue ? Je ne mets pas souvent de robes, mais je suppose qu'il faut faire bonne figure. » lance-t-elle en riant.

-« Tu es très élégante, Tata. » répliqué-je chaleureusement.

Tandis que je jette un coup d'œil autour de nous, mon attention est captée par sa présence. Vêtue d'une robe noire rappelant celle d'une ballerine. Elle est accompagnée de son frère. Dans mes souvenirs, ses cheveux étaient noirs, mais il semble avoir opté pour une teinture, car ils sont maintenant blonds, presque blancs.

On dirait que ses parents son absents cette fois.

-« Psstt, c'est elle ? » me murmure ma tante, me sortant de ma contemplation.

-« Oui, enfin... On y va ? Je vais te faire visiter. J'ai participé à la création d'un stand. » lui proposé-je.

Hana a pris la décision d'aménager une salle dédiée à l'hommage du compositeur Sergueï Rachmaninov, un homme qui a fait preuve d'une grande résilience face à la maladie mentale, mais qui a finalement succombé à un cancer. Dès que l'on entre dans la salle, une ambiance monochrome de noir et de blanc nous enveloppe. Les murs sont ornés de portraits de Rachmaninov à différents moments de sa vie, témoignant de son parcours et de son héritage musical.

THE BROKEN NOTESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant