CHAPITRE 43

22 2 0
                                    

Chapitre 43

Hana

Mes émotions, longtemps étouffées, se sont soudainement enflammées, créant une symphonie tumultueuse en moi. Chaque note, chargée de tristesse, de peur et d'angoisse, résonne dans mon être telles des cordes vibrantes, créant une cacophonie émotionnelle déchirante. Je me sens comme un pianiste confronté à une partition complexe et inattendue, essayant désespérément de trouver l'harmonie dans le chaos qui m'envahit.

Je me mets à courir en direction de ma loge, mon sac serré contre moi, puis je quitte précipitamment l'opéra. Dans la frénésie, je héle un taxi et me dirige droit vers l'hôpital. Elle avait raison, la chambre est vide. Le lit est là, mais Ren n'est pas. Le néant. Je m'effondre, m'accroupissant un instant, la tête entre mes genoux. J'entends sa voix au loin, comme un écho lointain.

Réveil toi.

Réveil toi, de ce cauchemar.

En relevant la tête, mes yeux cherchent frénétiquement une présence familière, mais la chambre reste désespérément vide. Il n'est pas là. Mon cœur se serre dans ma poitrine, une angoisse glaciale m'envahit, faisant trembler mes mains alors sors mon carnet de mon sac et déchire une page Mes doigts frôlent le papier, saisissent un stylo. avec une écriture hésitante, griffonnant quelques mots pour mon frère, des mots que je ne pourrai jamais lui dire en personne. J'abandonne mon sac dans un coin obscur de la pièce, comme si je laissais derrière moi une partie de mon être. Puis, sans un regard en arrière, je me mets en marche. Chaque pas semble peser une tonne, comme si le poids de mon chagrin et de mon incertitude écrasait mes épaules.

Dehors, les larmes du ciel se mêlent aux miennes, s'écoulant sur mon visage comme une rivière de chagrin. Le vent emporte mes sanglots, les dispersant dans l'obscurité de la nuit. Mon regard se perd dans l'immensité du ciel noir, là où il est désormais, seul, inaccessible. Une envie de hurler m'envahit, une douleur lancinante étreint mon cœur. Alors, dans un élan de désespoir, je me mets à courir, ignorant la direction, cherchant à fuir cette douleur insoutenable. Les gouttes de pluie martèlent mon visage, accompagnant le flot incessant de mes pleurs. Dans ma course éperdue, j'abandonne mes talons, me retrouvant pieds nus, la robe trempée collant à ma peau comme une seconde peau. Mes poumons brûlent, ma respiration est saccadée, mais je continue à courir, comme si chaque pas me rapprochait un peu plus de l'oubli. Finalement, épuisée, je m'effondre sur le sol froid et dur, mes mains s'écorchant au contact du béton. Le sang perle de mes blessures, mais la pluie l'emporte, le faisant disparaître, pourtant seules mes larmes persistent, indomptables. Tandis que la pluie continue de tomber, lavant mon corps meurtri mais impuissante à apaiser les tourments de mon âme.

Eteint tes émotions.

Aller Hana, tu peux le faire.

Eteint les simplement er tout disparaitra.

-« Pourquoi. » murmurais-je en boucle, chaque syllabe chargée d'une incompréhension lancinante.

-« Pourquoi a-t-il fallu que tu sois toujours le premier en tout, Ren. » dis-je en fixant le ciel obscur, comme si j'attendais sa réponse.

Je ne peux pas.

Je ne peux pas.

Il n'y a plus rien pour moi.

J'ai été deuxième de lui toute ma vie, dans chaque aspect, dans chaque domaine. Et maintenant, même dans la mort, il me devance encore, laissant derrière lui un vide insurmontable, une ombre que je ne pourrai jamais combler.

Je me redresse péniblement, m'appuyant sur ce qui se trouve à mes côtés pour trouver un semblant d'équilibre. Une fois debout, je prends le temps d'observer mon environnement. Les voitures filent à toute allure à proximité, leurs moteurs vrombissant dans la nuit, les klaxons, les lumières des phares percent l'obscurité, éblouissant mon visage pâle et désemparé. Dans un instant de lucidité, je réalise que je suis sur un pont. Rassemblant mes forces, je m'engage lentement vers le téléphone d'urgence qui se tient à proximité.

-« Bonsoir, ligne d'urgence anti-suicide. » La voix féminine, empreinte de compassion, me répond au bout du fil.

-« Je suis sur le pont Mapo. » soufflé-je à voix basse, sentant mes forces vaciller.

-« D'accord, je vous écoute » répond-elle, de sa voix douce

Je bafouille, les mots peinant à franchir mes lèvres tremblantes.

-« Je crois qu'il y a une femme... qui veut se suicider. » je parviens finalement à articuler, sentant le poids de chaque syllabe peser sur mes épaules déjà lourdement chargées.

-« En se jetant dans le fleuve... Je peux comprendre ce qu'elle ressent. C'est parce que le monde est moche, n'est-ce pas ? » je demande, cherchant désespérément à saisir une once de compréhension dans cette nuit sans fin.

Mais la voix de l'autre côté ignore ma question.

-« Êtes-vous la personne qui envisage de se suicider ? » demande-t-elle, de sa neutralité professionnelle.

-« Je peux vous posez une question ? » je murmure, luttant contre les larmes qui menacent de submerger mon être.

-« Oui, je vous écoute. »répond-elle avec calme.

-« J'ai 20 ans, bientôt 21. Je ne suis pas censée... profiter de ma jeunesse, à cet âge. » je m'adresse à moi-même.

-« Si le destin existe vraiment, j'aimerais lui poser cette question... Que me réserves-tu ? Est-ce que ma présence sur cette terre a un sens ? » je laisse échapper ces mots, un souffle de désespoir s'échappant de mes lèvres.

Et puis, dans un geste brusque, le téléphone glisse de mes doigts tremblants, tombant sur le sol humide du pont. Des lumières bleues apparaissent derrière moi, illuminant mon corps tremblant dans la nuit. Je ferme les yeux un instant, laissant le froid m'envahir, m'envelopper dans son étreinte glaciale.

Je l'aime à mort.

Non.

Je l'ai ma mort.

THE BROKEN NOTESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant