THE BROKEN NOTES

CHAPITRE 34

Chapitre 34

Ren

La voilà, assise en classe, son visage arborant une expression neutre, comme si rien ne s'était passé entre nous. Elle a remis son masque de l'indifférence, qui semble la protéger du monde extérieur. Elle reste silencieuse, comme à son habitude, plongée dans ses pensées. Pourtant, malgré son calme apparent, je continue d'attendre, attendre qu'elle finisse par me dire à voix haute qu'elle ne m'aime pas. Ces deux dernières semaines, elle m'a évité. Elle prétendait être absente de l'école car elle était malade, mais je sais que c'était un mensonge.

-« Je vous rappelle que le concours approche ! Ren et Hana, venez me voir à la fin de l'heure. Votre aide en tant que majeurs de promotion est requise. » nous annonce le professeur Yuma.

-« Excusez-moi, mais sauf erreur de ma part, je ne suis pas la majeure de promo » déclare Hana d'un ton aigri, ses mots teintés d'irritation.

-« Au vu de vos résultats cette année, vous êtes au moins aussi performante que Ren, voire même au-dessus. Donc, vous l'êtes. Merci de ne pas vous plaindre. » lui fait-il savoir d'un ton ferme.

Elle hoche la tête en signe d'acquiescement, puis laisse retomber sa tête sur son poing.

-« Tiens, tu es en train de me battre pour la première fois de ta vie. Heureuse ? » dis-je d'un ton léger, essayant de la taquiner pour susciter une réaction.

Mais elle ne réagit pas. Son regard reste perdu dans le vide, même lorsque son amie se retourne pour lui parler, elle l'ignore complètement. On dirait que le monde autour d'elle a disparu, comme si son âme avait quitté son corps. Alors que la cloche sonne et que tous les élèves se lèvent, elle ne bouge toujours pas, comme la dernière fois. Ces moments d'absence lui arrivent souvent. Le professeur s'approche de nous et là, enfin, je vois ses yeux cligner comme si elle était revenue à elle.

-« Hana, content de vous revoir. Vous avez écouté mes conseils. » dit le professeur en prenant une chaise et s'asseyant devant nous.

-« Bon alors, je vous ai séparé la promo en deux. Avant le voyage, je veux que vous vérifiiez si chaque élève a sa liste de partitions à jouer, ses tenues... » continue-t-il.

Après avoir minutieusement pris note des tâches à effectuer avant le concours, Hana récupère sa feuille avec une lenteur presque mécanique. Son regard est toujours distant, comme si elle était absorbée par des pensées lointaines. Sans échanger un mot avec quiconque, elle se lève de sa chaise avec une démarche un peu lourde et quitte la salle de classe.

-« Dites, je m'inquiète pour elle. Il me semble que vous êtes proche, savez-vous quelque chose ? Certes, elle s'est améliorée au piano, mais elle me paraît éteinte », me demande monsieur Yuma.

-« Non, je ne sais pas », mens-je.

-« Je l'ai croisée l'autre soir, elle avait l'air perdue. Dois-je prévenir ses parents ? », insiste-t-il.

-« Surtout pas... Enfin, je veux dire, je m'en occupe », me rattrapai-je.

Après le geste réconfortant de monsieur Yuma, je me retrouve seul dans le couloir, me dirigeant vers les salles de répétition. Les pas résonnent dans le silence feutré du couloir, une musique discrète émanant de certaines salles. La salle numéro 89 m'appelle, la préférée de Hana, où elle passe la plupart de son temps. Je pousse la porte et entre. L'intérieur est baigné d'une lumière douce, le silence envahit mes sens alors que je m'avance dans la pièce. Le piano trône au centre sans personne devant. Elle n'est pas là. Malgré tout, je m'installe, espérant sa venue.

Le crépuscule commence à envelopper la pièce de son voile sombre, et pourtant, Hana ne fait toujours pas son apparition. Le silence de la salle de répétition amplifie le vide qui grandit en moi. Puis, résigné, je me lève, quittant la pièce. À travers les couloirs familiers, je cherche le moindre signe d'elle, mais elle semble avoir disparu sans laisser de trace. C'est comme si elle s'était volatilisée, comme des notes de musique flottant dans les airs avant de se dissiper.