CHAPITRE 25

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Chapitre 25

Hana

Nous sommes rentrés au pensionnat le lendemain, voyant l'état de Ren, nous avons préféré écourter notre voyage. Après avoir déposé nos affaires dans nos chambres respectives, nous avons pris le tram pour nous rendre chez sa tante, juste tous les deux. Arrivés devant la résidence, sa tante nous a ouvert la porte et nous a installés à la table du salon. L'ambiance est paisible, baignée par la douce lumière du jour qui filtre à travers les rideaux.

-« Alors, c'est toi, Hana, dont Ren ne cesse de parler. » déclare sa tante en me tendant une part de gâteau à la fraise.

Je remarque le regard que Ren lui lance, comme s'il voulait lui signifier de ne pas en dire trop, mais elle lui sourit en retour. Pendant ce temps, je reste silencieuse à côté de lui, écoutant attentivement tandis qu'il raconte à sa tante les détails de notre voyage, lui montrant des vidéos et des photos. Sa tante, avec ses cheveux noirs tombant jusqu'aux épaules et son tailleur noir, ressemble beaucoup à Ajino physiquement.

-« Je vais voir maman, je reviens », déclare-t-il en se levant, gravissant les escaliers pour rejoindre sa mère, me laissant seule avec sa tante.

-« C'est donc toi la "puce" d'Ajino ? », me dit-elle en souriant chaleureusement.

Le terme "ma puce" résonne dans ma mémoire, une douceur familière qui émanait toujours de mon professeur de piano. Il prenait soin de moi comme si j'étais sa propre fille, compensant l'absence d'un amour parental que je n'avais jamais connu.

-« Oui, il est... enfin je veux dire, il était très important pour moi », répondis-je, baissant les yeux.

-« Tu l'étais pour lui. Il me parlait souvent d'une de ses élèves, qu'il nommait "ma puce" », poursuit-elle.

Un léger sourire se dessine sur mes lèvres en réponse, mais bientôt le silence enveloppe la pièce.

-« Je suis désolée », s'excuse-t-elle.

-« Devant tes jeunes yeux, il est... », elle s'interrompt alors que les pas de Ren se font entendre descendant les escaliers.

Il se rapproche de la table, son expression perplexe face à sa tante, peut-être surprise par les larmes dans ses yeux, tandis que je m'efforce de garder un visage neutre. Ren entame une conversation avec sa tante à propos de sa mère. J'apprends alors que celle-ci n'a plus jamais parlé depuis le décès de son mari, semblant s'être éteinte elle aussi après avoir perdu l'homme qu'elle aimait, une pensée qui me terrifie.

Puis Ren annonce qu'il veut m'amener voir quelque chose. Nous partons en silence dans son village d'enfance, sa main serrant la mienne dans un geste réconfortant.

-« Tu ne l'as jamais vu, n'est-ce pas » me demande-t-il.

-« La tombe de mon père. » continue-t-il.

Alors que nous nous dirigeons vers le cimetière, une vague d'angoisse monte en moi, mes pas deviennent lourds, comme si chaque pas vers la réalité était une torture. À mesure que nous nous approchons de la tombe d'Ajino, mes pensées deviennent confuses, comme des notes de musiques emmêlés dans ma tête, et mon souffle se fait court. Je sens mes mains devenir moites, mes jambes flageolantes, et mon estomac se noue.

Soudain, des souvenirs inonde mon esprit, les images de la mort d'Ajino se précipitent, le rouge écarlate du sang sur le tapis, son corps inerte et sans vie. Une sensation de vertige m'envahit, le sol semble s'évanouir sous mes pieds, et je lutte pour rester debout. Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine, tambourinant contre ma cage thoracique comme pour réclamer un échappatoire. Tout devient flou autour de moi, comme si je me retrouvais dans un brouillard dense, et le bourdonnement assourdissant dans mes oreilles m'empêche d'entendre quoi que ce soit d'autre que les battements frénétiques de mon propre cœur. Mes mains tremblent violemment, mes genoux menacent de fléchir sous le poids de l'angoisse. Je lutte pour reprendre le contrôle. Je dois rester forte, pour lui, pour nous. Mais au fond de moi, je sais aussi que la douleur et le chagrin menacent de m'engloutir tout entière.

THE BROKEN NOTESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant