THE BROKEN NOTES

CHAPITRE 10

Chapitre 10

Ren

Après l'avoir observée s'éloigner et regagner le bus, je reste là, mon esprit embrumé par un flot incessant de pensées. Les tourments de mon âme dansent comme des feuilles tourbillonnant au gré du vent. Je suis envahi par une confusion troublante, hanté par les paroles énigmatiques de Hana. Pourquoi avait-elle laissé entendre que ses parents étaient cruels envers elle à cause de moi ? Malgré toutes les raisons que j'avais de la jalouser, notamment sa vie apparemment parfaite avec des parents toujours présents à ses concerts, un frère protecteur et un talent naturel pour le piano, elle semblait porter un fardeau. Était-ce en partie de ma faute ?

Alors que mes pensées m'engloutissent, la tête lourde de questions, un professeur brise le silence en m'ordonnant de regagner le bus. Je m'exécute, laissant mes pensées en suspens, et retrouve ma place, le cœur serré. Un regard en direction de Hana, elle est en train de détacher ses cheveux, ses épaules se recroquevillant légèrement sur elles-mêmes. Un frisson me parcourt, glaçant ma colonne vertébrale. Serait-elle en train de pleurer en silence ?

--

Dans la quiétude de notre chambre à l'auberge, alors que je me change pour l'exposition à venir, une atmosphère de tension flotte entre Kaito et moi. Évitant son regard inquisiteur depuis un moment, il rompt enfin le silence pesant.

-« Ça va ? Tu as l'air un peu pâle. » s'enquiert-il.

-« Peut-être que je devrais faire quelques séances d'UV. » répondis-je en essayant de détendre l'atmosphère par une pointe d'humour.

Un sourire échappe à Kaito, et il s'assoit sur le tatami pendant que j'enfile mon pull. J'ai opté pour une tenue simple de ville : un pull noir et un jean bleu, tandis que mon ami, visiblement, a choisi de sortir le grand jeu avec son costume, probablement pour séduire son rendez-vous.

-« Du coup, tu pourras accompagner Hana pendant que je serai avec Amira. » propose-t-il.

-« Non merci. J'irai seul. Le silence est recommandé pour cette exposition. » répondis-je, fermement.

-« Avec elle, tu auras le silence assuré. Elle n'est pas du genre à beaucoup parler. » renchérit-il.

Je reste muet, reconnaissant en silence la véracité de ses propos. Pourtant, j'aimerais tant pouvoir la faire parler, percer le mystère qui l'entoure. Kaito reprend la conversation pour briser le silence que j'ai instauré, se levant pour poser une main réconfortante sur mon épaule.

-« Je sais que tu ne l'apprécies pas beaucoup, mais elle est gentille au fond. Juste maladroite dans ses interactions avec les autres. » tente-t-il de me convaincre.

Je hoche la tête en guise de réponse, et nous nous dirigeons ensemble vers l'exposition. Là-bas, je la remarque au loin. C'est rare de la voir vêtue ainsi, dans une tenue de ville ordinaire, loin de ses habits de représentation ou de son uniforme habituel. Ses cheveux détachés. Bien que nous nous connaissions depuis plus de dix ans, aujourd'hui, elle semble être une énigme à mes yeux, une inconnue dans un monde que je croyais connaître si bien.

--

Au sein de l'exposition, alors que je me retrouve seule, absorbée par la contemplation d'un vieux piano délabré baptisé "Le Piano dans la Forêt", mon ami s'approche de moi en compagnie Amira. Leurs sourires gênés ne passent pas inaperçus, mais je peine à me concentrer sur leur présence jusqu'à ce que la conversation commence à m'intéresser.

-« Tiens, tu as vu ? Il lui parle », lui murmure sa copine.

-« Quel connard. Tu aurais dû le voir comment il lui a parlé au café », je lui réponds, agacé.