17 Septembre 2023
L'idée de le revoir me tord l'estomac.
Mon cœur se comprime en m'imaginant face à lui. Lui qui prend toujours un malin plaisir à me torturer.
Avoir de ses nouvelles me raccroche un peu plus à l'idée qu'il souhaite passer du temps en ma compagnie, comme ça a pu être le cas lorsque j'étais plus jeune.
C'est mal.
Tu ne peux vraiment pas t'en empêcher.
C'est comme narguer un chiot avec un os. Ça me fait le même effet. Il veut juste s'assurer que je me porte bien, que je ne suis pas devenue sa plus grosse obsession. Mais il ne sera pas seul ce soir, et moi non plus.
Quand le téléphone de ma mère a sonné dans la voiture et que son nom est apparu à l'écran, j'ai cru étouffer. Je me rappelle de ses mots "Je veux vous voir" et le silence qui a suivi quand il a raccroché.
— Cette robe est magnifique, déclare Elian dans mon portable. Mais tu as vraiment besoin d'impressionner ton père ce soir ? On s'en fiche, nan ?
Contrairement à moi, il se fiche pas mal de ce que mon père pense de mes fréquentations. D'après lui, je devrais apprendre à être indifférente à ce qu'il pense de la vie que je construis sans lui.
— Tu trouves vraiment qu'elle est jolie ? Ou tu dis ça parce que je te casse les pieds ? je demande en me tournant vers l'écran.
Un sourire apparaît sur son visage et la réponse me saute aux yeux.
— Les deux. Elle est jolie mais tu m'épuises, Maya. Ton père ne va pas pouvoir te dicter toute ta vie. Je comprends que tu veuilles absolument le rendre fier mais ce n'est pas la façon de t'habiller qui va changer sa vision de toi. Il est pété au sol, ton père.
— Autant que le tien, je réplique sèchement.
Il hausse les épaules et il n'insiste pas. Je le protège en gardant mes secrets pour moi, tout comme il ne cesse de me protéger en restant silencieux. C'est juste un peu dur de lui mentir maintenant.
— Tu as pris la meilleure décision de ta vie en allant vivre chez ta mère, me confie-t-il d'une voix douce. Tu sembles plus libre et je suis fier de toi, Maya. Tu vas gérer ce soir et ton père n'a qu'à aller se faire foutre. Il va s'en mordre les doigts et il finira à genoux, priant pour que tu lui pardonnes ses actes, quoiqu'il ait fait.
Il marque une pause et me gratifie d'un sourire douloureux. C'est toujours le signe qu'il s'apprête à se confier. Mais cette fois, il semble être prêt à franchir une limite qu'il ne s'était jamais permis de dépasser par le passé.
— Mais je t'en supplie, ne lui pardonne pas. Il te fera des promesses qui te feront croire que tout est possible mais il sera toujours le connard qui t'a élevé. Et je ne veux plus te voir souffrir à cause de lui.
Ses traits sont tirés par l'inquiétude et c'est une expression que je n'avais jamais vu sur son visage. Je n'avais jamais pris conscience que mes secrets pouvaient l'impacter avant aujourd'hui.
J'ai toujours fait attention à ne pas trop en dire, pour nous préserver tous les deux. A l'époque, je n'étais pas prête à voir la pitié s'installer sur son visage. Et en y réfléchissant bien, je ne suis toujours pas prête.
— Tout va bien se passer, tu n'as pas besoin de t'en faire.
— Si je ne m'inquiète pas, qui le fera ? Tu es ma famille, je ne le laisserai pas te détruire à nouveau. Surtout maintenant que tu t'es échappée de cette maison de l'enfer.
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Memento Vitae
Genç KurguLorsque Maya entre à l'université, l'éducation de son père sous le bras, tout ne peut que bien se passer. Si c'est une façon pour elle d'échapper à l'homme qui l'a élevé, elle ne se débarrasse pas pour autant de tout ce qu'il lui a inculqué : discip...