Le destin d'Éli

Chapitre 18 : Retour au bercail

Noah :

Ça fait deux jours qu'Éli est parti sur un coup de tête pour rencontrer Stiles qui l'a méchamment envoyé sur les roses. Deux jours, que j'ai appris l'existence d'un nouveau petit-fils. Pourquoi Mieczy ne m'a rien dit ? Franchement, je suis son père ! J'ai tout accepté et tout vécu à ses côtés. Je ne comprends pas comment j'ai pu être autant aveugle. Je n'ai jamais vu le moindre indice sur cet enfant caché. Chez lui, c'était une vraie garçonnière. Aucune place pour des jouets ou autre. Quant à Éli, il ne se remet pas de son petit voyage à Los Angeles. Il reste cloitré dans sa chambre, les volets fermés. Il déprime complètement. Je monte à l'étage, un plateau repas dans les mains et me dirige vers l'ancienne chambre de Mieczy. Je frappe avant de m'introduire. Il est toujours sous la couette, recroquevillé sur lui-même.

- Salut mon grand, je t'apporte un hamburger. Je sais que tu adores ça !

Deux jours que j'effectue le même rituel : lui apporter à manger dans la chambre et lui parler. Deux jours qu'il me répond uniquement par le silence. Je ne le lâche pas. Je dépose le plateau sur le bureau et reprend celui de ce matin. Il n'a rien mangé comme depuis deux jours. Il déprime complètement. Je m'assois sur un coin du lit.

- Mange un peu fiston, dis-je en caressant la couette au niveau de ses pieds.

Je veux qu'il sache que je suis présent pour lui. Je me lève et sors aussitôt. De toute manière, ça ne sert à rien d'essayer plus. Il reviendra de lui-même lorsqu'il s'en sentira capable. Je redescends, jette à la poubelle le contenu de son assiette et retourne sur le dossier des jeunes hommes brun de quinze ans qui disparaissent. Je n'y comprends rien. Il n'y a que ici et aux alentours de Beacon Hills que ses disparitions ont lieu. C'est dans un périmètre de dix kilomètres autour de la ville. Au-delà de ce périmètre, il n'y a plus rien. Aucun suspect en vue. J'aimerai tellement que Derek soit encore là pour me donner un coup de pouce. Il aurait déjà eu des pistes à suivre au niveau surnaturel. J'ai beau connaître ce monde depuis des années, j'ai toujours dû mal à mettre une limite entre le normal et le surnaturel.

On frappe à la porte. Ce doit être Scott, Allison et Deaton, même si ce n'était pas prévu. Je me lève de la table et referme les dossiers, en les empilant les uns sur les autres. Je me dirige vers la porte et l'ouvre dans un automatisme. Un choc. Une hallucination. Je reste planté là, comme un con, ne sachant pas quoi faire. Je suis complètement abasourdi. Mieczy ! Mieczy est là ! Jamais, je n'aurais cru le revoir un jour ici, à Beacon Hills. Je frotte mes yeux, mais il est toujours devant moi, le dos courbé, la tête baissée. Rien à voir avec le Mieczy de ses dernières années, plutôt caïd, dur à cuir, qui pourrait faire peur à n'importe qui. Suite à cette grossesse il n'était plus ce petit gamin gentil, souriant et plein de vie. Quelque chose en lui s'était brisé et l'a rendu froid, insensible, vide d'émotion voire même austère. Ici, j'ai l'impression de retrouver mon petit garçon sur le pas de la porte. Un petit garçon malheureux et en manque de repère. Même sans être une créature surnaturelle, sa destruction intérieure se ressent. Il est anéanti. Revenir à Beacon Hills après la mort de Derek, n'est pas qu'une épreuve pour lui. Il savait que son lien allait se manifester à nouveau. Qu'il allait raviver quelque chose en lui d'horrible. La perte de son "compagnon", ce lien déchiré, ne peut qu'avoir pour conséquence de ressentir ce vide intense en lui. Mieczy relève timidement son visage ravagé par la peine. Des cascades se déversent de ses yeux.

- Papa, je...

Il se laisse tomber à genoux, la main posée sur le cœur, en hurlant à l'agonie. Il fond en larmes. Mon fils souffre même si je sais que la douleur n'est pas à son maximum. Ça me tue de le voir ainsi. Je sais que mon petit-fils a dû l'entendre et doit le détester comme ce n'est pas permis, mais je ne peux pas le laisser sur le paillasson.