Chapitre 7 : Fugue

82 8 0
                                    

Éli :

Je monte dans la Jeep et mets les gazs. Ils m’énervent tous autant qu’ils sont. Pourquoi continuer de nier l'évidence alors que je sais pertinemment qu'ils savent des choses qui m'aideraient à combler ce vide ? Un vide que j’ai en moi depuis toujours. Je n'en reviens pas qu'ils continuent de cacher le secret même après la mort de mon père. Ce n'est pas comme s'il allait ressurgir de chez les morts pour leur arraché la gorge avec ces crocs. Franchement, ils ont peur de quoi ? De me réduire à néant ? C’est déjà le cas de toute manière. Je suis détruit en des millions de fragments qui aimeraient se régénérer pour former qu’un seul et même être entier. Ça n’arrivera pas ! Mon père est mort et cette partie-là ne se réparera pas. C’est bien pour ça que je souhaite retrouver celle qui m’a mise au monde afin de combler ce trou qu’il y a toujours eu dans ma poitrine et pour réparer une partie de mon âme. 

Je suis tellement plongé dans mes pensées que je roule sans faire attention aux limitations de vitesses, ni même les routes que j’emprunte. Une lumière blanche m’aveugle et me fait revenir dans le monde réel. Un camion ! Oh putain ! Je dévie de suite ma trajectoire pour esquiver l’engin qui pourrait me ôter la vie et m’arrête de justesse avant de m’écraser dans un arbre. Je sors du véhicule en tanguant légèrement. Mes jambes flageolent, mais je dois m’assurer que ma Jeep n’ait rien. Je sens qu’elle fait réellement partie de moi maintenant ! Ouf ! À un millimètre s’en était foutu ! Ma satisfaction qu’elle s’en sorte indemne s'entend dans un souffle peu contrôler puis je m’adosse contre elle. Le crâne en arrière, les yeux plongés dans le ciel qui devient orangé. J’adore ce moment de la journée. Un moment de plénitude et de calme qui me permet de faire le vide. Aujourd’hui, ça ne marche pas ! J’ai beaucoup trop de choses qui s’entrechoquent dans ma tête. Fais chier ! Je ramasse une poignée de cailloux et le jette au loin tout en criant. Cependant, je me reprends rapidement puisque Scott pourrait m’entendre. Donc, je me relève et reprends le volant pour fuir de nouveau afin que l’alpha ne me retrouve pas de suite.

Je me gare et coupe le contact. Je regarde l’enseigne devant moi qui est éteinte. “Clinique vétérinaire : animaux en tout genre”. Mes mains se resserrent sur le volant. Allez, donne toi du courage Éli ! Tu vas le faire et tu vas y arriver ! J’essaie de me donner la force pour accomplir cette mission que je me suis lancé seul. J’inspire un grand coups et expire de la même façon. Je pèse le pour et le contre mais il semblerait bien que ce soit la seule solution afin d’avoir des réponses à mes questions. J’ouvre la porte et me faufile vers l’arrière du bâtiment. Je sais que Deaton n’est pas là puisque normalement, ce soir, il devait se rendre dans la forêt dont le nom m’a échappé pour cueillir de l'écorce d’Avia Quercus, une espèce de vieux chêne, mais comme il est venu chez Scott pour calmer notre dispute qui dégénérait, alors qui me dit qu’il ne reviendra pas rapidement ? 

J’ouvre la porte arrière avec la clef que j’ai en ma possession. Je m’infiltre sur la pointe des pieds pour éviter d’alerter quiconque. J’évite également d’allumer les lumières, seule la lampe torche de mon portable atténuée par l’un de mes doigts m’éclaire. Je file vers le bureau privé de Deaton. Là où il stocke tous ses remèdes, toutes ses potions ainsi que ses ingrédients et ses grimoires. La porte est fermée alors je tente de la défoncer en fonçant dedans, mais cette porte est bien plus coriace que ce que je ne le pensais. Je me fais super mal à l’épaule. Je la maintiens avec la main de mon autre bras. Rah ! Quel con ! Il faut que j’arrive à me transformer afin que ma puissance se décuple. Je me concentre. J’ai l’impression que mon cerveau gonfle et fait pression sur ses parodies donnant l'impression que mes yeux ressortent de leurs orbites. Par je ne sais quelle magie, j’y arrive. Mon apparence lycanthrope se manifeste et me modifie lentement dans des douleurs que j’arrive à absorber. Je retente ma chance avec mon aspect de loup-garou. Cette fois, la porte se fracasse en mille morceaux. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi elle n’est pas faite en bois de sorbier ? C’est étrange puisque tous les meubles de cet établissement en contiennent. Fin bref, allons à l’essentiel ! J’ouvre les placards, les tiroirs. Je fouille partout dans l’espoir de dégoter ce que j’ai en tête. Je prends soin de regarder chaque fiole, chaque pot et lit avec attention toutes les étiquettes qui s’y trouvent. Il faut absolument que je trouve de l’aconit tue-loup ! Je ne sais pas trop à quoi ça ressemble. Je fais une recherche sur le net et découvre que c’est une plante. Je doute que Deaton l’ait laissé sous cette apparence. Il l’a peut être broyé, mixé, écrasé. C’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin ! 

Le destin d'ÉliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant