Le destin d'Éli

Chapitre 46 : Friction

Télio :

Papa et Derek sont venus nous chercher dans la matinée. Je dois dire que ce n'était pas une partie de plaisir d'aller chez Noah, enfin mon grand-père dois-je maintenant dire. C'est pas à cause de lui car il fait tout pour que je me sente bien, pour passer du temps avec moi et rattraper le temps perdu. Il est très sympa et plutôt drôle. C'est surtout à cause du fils de Derek. Quand Éli est dans les parages, je me fais le plus petit possible. C'est étrange comme situation. Quand j'ai perdu ma maman, j'ai atterri chez mon père que je ne connaissais même pas et qui ne voulais pas de moi. Je n'ai fait que m'effacer pour ne pas l'embêter, me faire tout petit pour qu'il m'oublie. J'ai détesté vivre à Los Angeles avec lui, jusqu'à l'arrivée de Karen. Elle n'était pas mère, mais elle voulait mon bien être. Elle était présente et s'occupait de moi du mieux qu'elle pouvait, même si elle faisait ça dans le but que mon père la garde auprès de lui. Elle n'a jamais pris une quelconque place dans ma vie. Elle était juste là au moment où j'en avais le plus besoin. Elle comblait un vide immense : le manque de ma mère, le fait que je n'avais pas pu cicatriser car on m'a directement envoyé chez lui. Et puis, on m'a délogé et foutu à Beacon Hill sans me demander mon avis. Qui prend le temps de connaître les états d'âmes et d'esprits d'un gamin de onze ans ? Pas lui en tout cas... J'ai fini par habiter dans cette nouvelle maison à la lisière de la forêt avec Derek et son fils. Cette baraque est immense et le terrain autour est impressionnant. Je n'ai jamais vu ça ! Derek a de suite pris une grande place dans ma vie. C'est le premier à réellement s'intéresser à moi sans arrière pensées derrière. Quand je suis arrivé, j'ai eu directement une chambre, même si elle n'était pas encore personnalisée puisqu'il voulait que ça me ressemble. Il a tout fait pour que j'ai rapidement un endroit à moi, un endroit sûr où je me sente bien et surtout où je peux me réfugier. Il n'a jamais eu peur de faire un pas vers moi, d'engager la conversation et de savoir comment j'allais. Il est quelqu'un sur qui je peux compter, et en plus il est plutôt rassurant. Sans compter qu'il rend mon père meilleur. Je vois bien qu'il essaie de faire des efforts, mais je ne le laisse pas rentrer dans ma bulle. J'ai beaucoup trop peur de lui et de ses réactions pour l'instant. Derek fait en sorte que ça se passe bien pour tout le monde. Il est au milieu de nous trois à essayer que la cohabitation se passe au mieux, mais ce n'est pas le cas. Le pire c'est bien Éli, et pourtant, je le comprends. Lui aussi n'a pas eu son mot à dire dans tous ces chamboulements dans nos vies. C'est un adolescent et d'après ce que je comprends les adolescents sont les plus compliqué de l'espèce humaine. Ils sont désagréables, énervants, râleurs, insolents voire même un peu cons. Même si j'essaie de me faire une raison en lui trouvant des excuses à son comportement, il me terrifie. Rien que son regard glaçant me fait flipper. Son agressivité, cette lueur meurtrière dans ses pupilles et sa mâchoire sans cesse serrée me paralyse. Je ne suis bon qu'à fermer les yeux dans l'espoir qu'il me laisse tranquille. Je ne bronche pas et reste silencieux pour ne pas le déranger. Malgré toutes ces peurs qu'il me procure lorsqu'il est prêt de moi, j'arrive à avoir de la compassion pour lui. Quand je disais que c'était bizarre, c'est parce que maintenant, je dois m'effacer deux fois plus tout en m'ouvrant à Derek. Ce n'est vraiment pas simple.

Derek a prévu un barbecue pour le repas de ce midi. Je n'en ai jamais mangé. Avec ma mère, on habitait un studio à deux et avec Karen et mon père c'était un appartement. Jamais un jardin pour en faire un. Éli est sur une chaise, hypnotisé par l'écran de son portable. Derek et Stiles sont à table et finissent la préparation de la viande. Et moi, je suis assis dans l'herbe un bouquin dans les mains.

- Bon, on va aller chercher du bois à l'entrée de la forêt, annonce Derek.

Je baisse mon livre, regardant la scène. Éli saute sur ses deux jambes, prêt à y aller avec un enthousiasme que je n'avais encore jamais vu chez lui. Ça a l'air de lui faire plaisir. Il rejoint son père, un sourire immense sur les lèvres. Je reste assis, ne sachant pas quoi faire. Derek se retourne vers Stiles et moi.