Chapitre 21 : À travers ses yeux

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Stiles :

Ce cri strident ne m'avait pas manqué. Je place mes mains sur mes oreilles comme pour devenir sourd et je tombe lourdement contre le sol. C'est horrible. Mes tympans tremblent et pourraient s'arracher à tout moment. Ce bruit aigu me fracasse le crâne. Les vibrations de sa voix rebondissent contre les parois de ma boîte crânienne me donnant horriblement mal à la tête. J'hurle, mais je ne m'entends même pas. Il n'y a qu'elle que je perçois. Soudain, mon corps est pris de spasmes et m'embarque dans les profondeurs des ténèbres. J'ai froid. Atrocement froid. Je sens les battements de mon cœur ralentir et devenir affreusement faible. C'est à peine si je les ressens. Ça me fait flipper. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Son cri de banshee ne m'avait jamais fait autant souffrir. Je suis plongé dans le noir complet. Tout a disparu : la maison de mon père ainsi que la meute. Je ferme les yeux car l'angoisse s'invite à la fête en froissant mes boyaux dans tous les sens. Je déteste ces sensations bizarres qui me poignardent de tous les côtés. J'ai l'impression de mourir à petit feu, d'être condamné. Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu peur comme ça.

J'ouvre difficilement les paupières, mais la lumière m'éblouit et me brûle les iris, alors je referme les yeux instantanément. Est-ce que je suis mort ? Ce n'est pas possible ! Je me sentais bien avant d'entendre le cri de Lydia. Je me concentre sur les battements de mon cœur qui vont beaucoup trop rapidement à mon goût. Je les entends résonner dans ma tête. Ces "boum boum" sont insupportables, mais atténuent ce cri interminable et horrible. Je fais comme d'habitude en prenant de grandes inspirations et expirations afin de m'apaiser. J'ai besoin d'être le plus calme possible pour pouvoir être le plus lucide possible. D'ailleurs, est-ce qu'on peut réfléchir en étant mort ? Je ne pense pas ! Alors je suis vivant ! J'ouvre les yeux sur cette réalité, comme sur un coup de tête. Finalement, ce n'est pas si lumineux que ça. C'est même tout le contraire. Il fait vraiment sombre. Il n'y a aucune ouverture sur l'extérieur qui permet de faire rentrer ne serait-ce qu'un peu de lumière naturelle. Pourtant, une légère lumière est présente comme si ça se reflétait sur de l'eau alors qu'il n'y en a pas. Je tente de me tourner pour essayer de voir derrière moi, mais ça m'est impossible. Je suis attaché, ligoté, saucissonné. Qu'est-ce qu'il se passe ? J'étais tranquillement chez moi et me voilà attaché contre une paroie glaciale. Je grelotte et claque des dents. Je lève la tête vers le haut puisque c'est l'un des seuls gestes que je puisse faire avec le fait de gesticuler mes jambes. Je me rends compte que je suis assis. En levant les yeux en l'air, je remarque une espèce de colonne qui doit être en béton. Plus jeune, j'aurais dû demander à Chris de m'apprendre à me sortir de ce genre de situation. Je m'en veux, car finalement, les chasseurs sont des humains entraînés à toutes sortes de situations, même les plus improbables. À l'heure actuelle, ça m'aurait été utile. Je continue mon inspection, je peux distinguer des étagères. D'ailleurs, il y en a sur tous les murs. Je perçois également des bocaux, des vieilleries, des cartons, des coffres forts, des bouquins, des caisses et autres babioles en tout genre. J'ai le pressentiment d'être déjà venu ici, de connaître cet endroit, mais impossible d'en m'en souvenir exactement.

Le bruit de l'ouverture d'une porte se fait entendre derrière moi. La lumière imprègne entièrement la pièce. Tout ce que j'ai pu apercevoir dans la noirceur tout à l'heure, se concrétise réellement. J'imprime un maximum de détails en quelques secondes. Puis la porte se ferme et je retombe dans la pénombre. Je me tends et serre les mains sur les cordages qui me tiennent prisonnier. Des pas résonnent dans la pièce. J'ai cette impression que cette personne ou cette chose marche au ralenti. Est-ce pour me faire davantage peur ? En tout cas, ça fonctionne ! Je flippe comme ce n'est pas permis. J'essaie de garder mon sang froid comme je le ferai dans n'importe quelle situation en tant qu'agent du FBI. Cependant, je suis terrifié. Je ressens cette frayeur me prendre aux tripes. Comment ça se fait ? Je suis un professionnel. Je suis entraîné pour ce genre de situation. La peur fait partie de ma vie au quotidien. Alors pourquoi est-ce que, là, maintenant, je flippe ma race ? C'est à n'y rien comprendre. Je baisse la tête en entendant les pas se rapprocher de moi. Mon corps tremble. Je me sens pitoyable, tellement minable. Des chaussures de femmes apparaissent et je relève le menton doucement. Qui pourrait m'en vouloir ? Ne me dites pas que Kate a une fois de plus réssucité ? Vu la largeur de ses cuisses, ce n'est pas elle. D'un côté, ça me soulage puisque c'est une vraie psychopathe. D'un autre, la personne qui se trouve devant moi pourrait être pire que cette folle furieuse. Instinctivement, je me concentre tel un loup-garou pour pouvoir faire peur à mon assaillant. Attendez... Ma vision se modifie... Ce n'est pas possible ! Je ne peux pas être un loup-garou ou l'une de ces créatures surnaturelles. Je n'ai jamais été mordu ou transformé, juste possédé, et ce n'était qu'une seule fois.

Le destin d'ÉliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant