Chapitre 19 : Interrogatoire familiale

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Mieczy :

Une fois tout le monde parti, mon père se dirige dans la cuisine, alors je le suis. J'ai besoin d'avoir rapidement certaines réponses à mes questions sur le rituel de résurrection, la mort de Derek ou encore sur les quinze ans que j'ai perdu auprès d'Éli. Je fais les cent pas derrière mon père qui commence à préparer le dîner. Je tords mes doigts en les faisant craquer entre eux, ne sachant pas comment aborder la conversation.

- Qu'est-ce que tu as, Mieczy ? dit-il en arrêtant tout ce qu'il faisait.

Il se retourne et s'appuie contre les meubles pour me faire face.

- Je... Enfin... Tu étais là quand ça s'est produit ?

- Quand quoi s'est produit ?

- Raconte-moi comment il est mort !

- Mieczy, la ferme, râle-t-il désespérément en donnant un coup de chiffon au plan de travail.

Je n'en reviens pas qu'il me parle de cette manière et sur ce ton-là. Je crois que c'est la première fois que je suis autant choqué par mon père.

- Éli est en haut et je te rappelle qu'il a des oreilles lupines.

- Et alors ?

- Derek est mort devant ses yeux et je ne veux pas qu'il replonge dedans, chuchote-t-il le plus bas possible. Je...

Il s'arrête d'un coup. Son regard éprouve de la surprise et je comprends qu'Éli est juste derrière moi. Je pivote et rencontre un ado sur les nerfs. Il a les sourcils froncés, un air grave sur le visage et les bras croisés sur son torse.

- Il est mort par ta faute, grogne-t-il.

- Éli, tu sais bien que...

- Papy ne dit pas que c'est faux ! Mon père souffrait tellement par ta faute qu'il a préféré se sacrifier pour faire taire cette énorme douleur.

- Éli ! râle mon père pour qu'il se taise.

- Est-ce que tu te rends compte de la souffrance que tu lui as infligé pour qu'il quitte ce monde en laissant derrière lui son fils de quinze ans ?

Les poings serrés, les ongles plantés dans ses paumes le faisant saigner, il est à deux doigts de se transformer. Je recule au même niveau que mon père. Ça fait bien trop longtemps que je n'étais pas confronté au surnaturel. Et j'avoue que je n'ai pas envie de me prendre un coup de griffe de sa part ou bien qu'il m'arrache la gorge avec ses dents. Mon père se précipite sur lui.

- Éli calme-toi, s'il te plait.

Ses yeux changent de couleurs laissant ce fameux orange scintiller. Mon père l'encercle dans ses bras, le maintenant fermement contre lui.

- Chut Éli ! Concentre-toi sur les battements de mon cœur et sur le triskel.

Je remarque que ses oreilles de loup s'intéressent vraiment aux bruits qui l'entourent. Son attention se focalise sur la poitrine de mon père. Ce dernier lui caresse les cheveux pour l'apaiser. Il n'a pas changé, il faisait déjà la même chose avec moi. J'ai un léger rictus sur les lèvres.

- Le soleil. La lune. Et là vérité, énonce Éli doucement.

Ses atouts de loup-garou disparaissent et il se recule de mon père.

- Je ne veux pas être dans la même pièce que lui, grogne-t-il en poignardant mon cœur de son index.

Éli me pousse pour passer et il sort de la cuisine.

- Il a de sérieux problèmes de comportement celui-là.

Mon père n'a même pas le temps de répliquer quoi que ce soit que la tête d'Éli refait son apparition dans l'encadrement de la porte.

Le destin d'ÉliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant