Chapitre 11

160 8 6
                                    

Elle est là, devant moi. Les rayons du soleil se reflètent dans ses cheveux. Elle vient vers moi avec un grand sourire et ses yeux éclatants se plongent dans les miens. Je la serre dans mes bras, hume son parfum vanille et lui fait un baiser sur le front. Je lui tends son casque. Elle secoue légèrement sa tête pour que sa chevelure passe derrière ses épaules et l'enfile sur sa tête. Elle me fait un dernier sourire et elle s'écarte pour partir à reculons.

- Non, Emma, où tu vas ?

Je l'appelle. Elle ne m'écoute pas ou ne m'entend pas. Je la vois se diriger vers une autre moto que la mienne et monter derrière un autre gars que moi qui a des ailes sur son casque. Elle enlace sa taille de ses minces bras et colle sa tête au dos de ce type.

- Emma !

Je crie son prénom, mais elle s'éloigne avec lui. Tout semble se passer au ralenti. Je cours derrière eux, mais ils disparaissent dans la brume.

Je me réveille en sursaut. Encore ce fichu rêve ! C'est la troisième fois en une semaine.

Putain, je deviens complétement cinglé !

Je regarde mon téléphone pour vérifier l'heure : 5 h 30. Je me résous à me lever et de me mettre à bosser. De quelque manière que ce soit, je ne parviendrais plus à dormir, autant me plonger dans le travail.

*****

 Les jours passent, je quitte habituellement tard le bureau. Ça m'évite de penser à autre chose. On envisage d'ouvrir une filiale dans le sud du pays, ce projet occupe tout mon temps.

Je vois Laurent 2 fois par semaine. On parle de tout et de rien, mais surtout pas d'Emma. Pourquoi parler d'elle ? Il pourrait se poser des questions et d'après la complicité que j'ai constaté entre eux, il la protégera de moi. Je ne suis pas fait pour elle.

Il m'a annoncé la dernière fois qu'il ne nous restait plus que 5 séances à raison d'une par semaine. Ça va me manquer de ne plus le voir. Même si j'ai la certitude qu'on se reverra en tant qu'ami, nos rendez-vous hebdomadaires vont créer un vide au début.

Il m'a invité à dîner chez lui pour que je rencontre « son homme ». J'ai vraiment passé une excellente soirée avec eux. Son compagnon est son opposé, physiquement et moralement. Il est chauve, fin, un peu plus âgé que lui et plus timide aussi. Mais une fois la glace brisée, il s'est montré particulièrement détendu, cultivé et... maladroit. Dans la soirée, il a renversé 2 verres et cassé une assiette. Je comprends davantage pourquoi Laurent m'avait certifié qu'il ne laissait pas cuisiner. Il craint trop qu'il mette le feu à la maison ! Mais c'est cette maladresse qui l'avait fait craquer lorsqu'il l'a rencontré. C'était dans un supermarché. Son regard a été attiré par un homme qui venait de faire tomber une pyramide de boites de céréales. Il était là, au milieu du magasin, tout penaud et gêné. La soirée a été ponctuée d'échanges de regards amoureux entre eux et quelques gestes de tendresse, mais tout en pudeur.

Je serais ravi de les revoir dans le futur.

*****

Nous sommes vendredi soir et je suis dans un bar avec Ethan. Il a débarqué chez moi une heure auparavant en me sommant de m'habiller pour sortir. Je l'ai suivi. Après tout, sortir ne peut me faire que du bien.

Il m'a traîné dans un troquet qui vient d'ouvrir. Selon lui, on ne pourra y trouver que de la « chair fraîche ». Et il avait raison. Ça fait une demi-heure que nous nous sommes installés au comptoir, en train de brancher chacun une fille. Une rousse pour lui, une blonde pour moi. Elle a de superbes yeux marrons avec des teintes d'or. Elle a quelques taches de rousseur sur les pommettes qui lui ajoutent beaucoup de charme. Elle a 23 ans et est étudiante en droit. Je suis accoudé au bar avec cette fille sur le siège à côté du mien. J'ai ma main posée sur sa cuisse, elle caresse mon avant-bras. Elle rit à ce que je viens de lui murmurer dans son oreille. Elle sent bon la pêche. Je la suis dans son rire et porte ma bière à ma bouche.

Le PatientOù les histoires vivent. Découvrez maintenant