Chapitre 2

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Je n'ai aucune idée de quel jour nous sommes. Je ne sais pas si ma conscience a hiberné pendant longtemps cette fois-ci. Plusieurs heures, plusieurs jours peut-être ?

Je ne sens toujours pas mon corps. J'ai la sensation de flotter au-dessus de celui-ci. C'est assez bizarre mais agréable en même temps. Une impression d'apesanteur, aucun poids, mis à part celui de mon esprit.

J'entends des voix qui me font remonter un peu à la surface. Je les reconnais, c'est ma sauveuse et l'autre écervelée. Elles ont l'air de se prendre la tête.

- Tiffany, je ne vais pas pouvoir te couvrir plus longtemps si tu continues tes bêtises !

- Ne me dis pas que tu ne le trouves super beau toi aussi !

- Certes, mais il reste un patient. Tu n'es pas autorisé à faire ça.

Ah, elle me trouve beau ? Intéressant. Toutefois, si elles sont réellement en train de parler de moi.

- C'est un dieu ce mec. Tu as vu son corps ?

- C'est avant tout un être humain, Tiff. Imagine si les rôles étaient inversés et que ce soit toi sur ce lit.

- Si c'est lui l'infirmier, ça ne me dérangerait pas qu'il me touche ou fasse plus...

- Tu es irrécupérable ! Ne m'oblige pas à te dénoncer.

- Tu es mon amie, tu ne ferais pas ça.

- Je suis également ta supérieure hiérarchique.

J'entends ma sauveuse pousser un soupir.

- Écoutes, déjà que les autres m'en veulent de ne pas avoir donné ton nom avec les leurs alors n'aggrave pas la situation, s'il te plaît.

Ah, je comprends pourquoi j'ai eu moins de visites de mon fan-club ces derniers temps. Ma sauveuse a été tenue de signaler leur comportement, mais à protéger son amie en même temps. Elle est loyale, c'est remarquable. L'autre a l'air d'abdiquer.

- Ok, j'ai compris.

- Promis ?

- Absolument. Je ne souhaite pas t'attirer plus d'ennuis.

- Merci.

- Pour la peine, on va en boîte vendredi pour draguer des beaux mecs. Tu me dois clairement ça !

- Comment es-tu parvenu à retourner la situation pour que ce soit moi qui te sois redevable ?

- Ça s'appelle le talent ma grande !

J'entends ma sauveuse rire. Mon Dieu que son rire est merveilleux ! Agréable, fluet, doux comme sa voix. Comment elle peut être amie avec cette Tiffany ? Je sais, on prétend que les contraires s'attirent, mais elles ont l'air radicalement différent ! Et l'autre qui lui déclare qu'elles vont sortir pour draguer. Pourquoi ça ne me plaît pas ? Non mais ce coma est en train de me rendre complètement taré !

J'entends la porte. Elles sortent ? Que cette Tiffany sorte de ma chambre, je m'en moque, mais j'aurais pris tant de plaisir à profiter un peu plus de la présence de ma Sauveuse. Je ne connais pas son prénom. Il n'a jamais été prononcé pendant mes phases d'éveil, mais j'aime l'appeler ainsi : ma Sauveuse.

J'entends des pas s'approcher. Il ne doit y en avoir qu'une de sortie. J'espère que c'est la cinglée. Je pense être dans le vrai, car je sens ce doux parfum de vanille : celui de ma Sauveuse. Mon intuition est confirmée lorsque j'entends sa voix.

- Désolée pour Tiffany. C'est une chouette fille, elle est juste un peu nympho sur les bords.

Juste un peu ? Ce ne serait pas un euphémisme, par hasard ?

Le PatientOù les histoires vivent. Découvrez maintenant