Chapitre 5

107 14 0
                                    

Putain, je suis devenu aveugle ou quoi ?

C'est quoi cette lumière qui me brûle la rétine ?

Je ne comprends pas trop ce qui se passe. Je me sens vaseux, endolori, mal à la tête. Un poids dans mon corps, j'ai l'impression d'être passé sous un train. J'entends des voix me parler, mais c'est le brouillard dans ma tête. Tout un tas de sensations arrivent en même temps. J'ai l'impression que tous mes sens ont décidé de s'éveiller ensemble et c'est en train de créer le foutoir dans mon crâne.

- M. Leroy ? Je suis le Dr Meyer. Vous pouvez parler ?

Hein ? Quoi ? Pourquoi il me demande ça lui ? Puis cette lumière qui me fait mal, c'est épouvantable. Je sens ma tête partir sur le côté.

- Baissez l'éclairage, ça sera moins pénible pour lui.

Effectivement, au bout de quelques secondes, la luminosité se fait moins intense et ça me soulage presque instantanément.

Je présume que je suis en train de cligner des yeux... Ouai, c'est ça, mes yeux s'ouvrent ! Putain, je suis en train de me réveiller ! C'est pour ça que je voyais cette lumière, ce sont ces saloperies de néons d'hôpital qui m'explosent les yeux !

Je vois des silhouettes se dessiner devant moi. Je tente de deviner qui ça peut être, le temps que ma vue s'adapte. Avant toute chose, il y a ce taiseux de docteur puisqu'il vient de me poser une question. Il y a d'autres personnes, mais je ne parviens pas à les distinguer.

Je cligne et mes yeux finissent leur mise au point. Il y a le médecin devant moi et derrière, un visage que j'espérais revoir plus que tout, un sourire aux lèvres et des larmes aux yeux.

- Ma...man

Oh la vache, j'ai la gorge sèche ! Ça me brûle même. J'ai beaucoup de mal à déglutir. S'efforcer de faire sortir un son de ma bouche me demande un effort quasi-surhumain. J'ai l'impression qu'on m'a arraché les cordes vocales.

- Amenez-lui un verre d'eau avec une paille. M. Leroy, prenez votre temps.

Bon, faudrait savoir ce qu'il veut lui ! Il exigeait que je parle et à présent, il m'ordonne presque de me la fermer.

J'aperçois une aide-soignante en train de m'amener un verre d'eau. Je pince la paille entre mes lèvres et m'emploie à aspirer. Je sens l'eau couler le long de ma gorge qui atténue immédiatement le feu qui s'y était installé et qui me brûlait.

Mes yeux se tournent à nouveau vers ma mère, dont les larmes ne cessent de couler et son sourire ne l'a pas quitté non plus.

Bon sang, qu'il est bon de pouvoir la regarder ! Son visage m'avait tellement manqué. Elle a une mine fatiguée et je la trouve amaigrie. Certainement le résultat du souci que je lui ai causé. Je m'en veux...

Je tente de faire un sourire à mon tour, mais je sens la peau autour de ma bouche me tirer. J'ai l'impression même qu'elle craquelle. Comme si j'avais les lèvres gercées.

Je lève péniblement mon bras pour tendre la main vers elle. Elle l'attrape immédiatement et ne peut plus retenir sa joie.

- Oh mon fils, tu es de retour, tu es revenu !

Elle se précipite vers moi et me prend dans ses bras. Je place les miens dans son dos et la serre avec le peu de force que j'ai. Je tiens à faire durer ce moment, prolonger cette étreinte que j'ai tant rêvé.

J'aperçois le médecin en train de patienter le temps de nous laisser savourer nos retrouvailles et il en vient à se racler la gorge. Ma mère se relève et se sépare de moi en essuyant ses larmes.

Le PatientOù les histoires vivent. Découvrez maintenant