Epilogue - Partie 1

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Trois ans plus tard

Je suis là, debout, seul et je me remémore les dernières années passées. En retraçant ces moments délicieux, je ne peux m'empêcher de sourire.

Le souvenir de la voix de ma Sauveuse que je prenais plaisir à entendre pendant que j'étais dans le coma. La première fois que je l'ai vu. Son sourire, ses yeux splendides, ses cheveux parfumés à la vanille. Sa grâce naturelle, sa douceur, sa bienveillance envers ses patients. Son sourire, ses doigts fins toujours froids.

La déception d'avoir cru qu'elle n'était pas libre. Nos rencontres fortuites. Notre première danse en boite, notre seconde au club de jazz. Notre premier baiser, notre première nuit, notre premier « je t'aime ». Son rire, sa peau soyeuse, son audace dans l'intimité de la chambre.

De tout, je me souviens de tout. Je mesure la chance que j'ai eu que le destin l'ait placée sur mon chemin, et me fasse l'aimer plus que tout.

Emma et Nathan ont emménagé un mois après leur avoir demandé de s'installer chez moi. Leur chat et Rambo ont fini par trouver un terrain d 'entente. Il faut dire que d'avoir obtenu plusieurs coups de griffe dans le museau, mon espiègle bouledogue a saisi la nécessité de laisser le matou tranquille.

Comme pour mon bureau, ma belle a apporté sa touche personnelle à la décoration de la maison, tandis que son fils a investi la quatrième chambre en tant que salle de jeux. Ma maison, qui était beaucoup trop grande pour moi seul, se trouva remplit quotidiennement de rires et de cris d'enfants, de jouets, de repas à trois, de goûters avec les copains d'école. Des souvenirs merveilleux s'y sont créés, mais aujourd'hui, je songe à changer de lieu de vie.

Je me suis intégré aux parents d'élèves pour la fête de fin d'année tout en respectant la place de Romain en tant que père de Nathan. Les tensions se sont apaisées entre nous et nous nous parlons de façon cordiale dorénavant. Mais nous nous sommes mis d'accord sur le fait que nous ne pourrons en aucun cas devenir potes et ce n'est pas le but de toute façon.

J'ai découvert la vie en concubinage et nous avons appris à composer avec nos quelques défauts. Emma a tenté de repasser mes chemises, mais tout bien considéré, j'ai gardé mon abonnement au pressing. J'ai appris à organiser mes dossiers de travail que je pouvais laisser traîner dans le salon et les ranger dans mon bureau. Ma belle a pris goût aux soirées de gala, aux repas en famille chez ma mère ou mon oncle.

Il y a eu quelques moments pénibles comme le décès de sa grand-mère. Nous avons également craint pour ma mère à un moment à la suite d'un malaise cardiaque, mais elle s'en est remise.

Mon cousin et moi avons complétement repris les rênes de la société à la suite du départ en retraite de mon oncle et qui en profite pour voyager depuis. Il a d'ailleurs rencontré une femme lors de l'un d'eux et depuis, ils entretiennent une relation pure, sans encombre. Chacun chez soi, ils ne se voient que pour les bons moments et préservent leur indépendance. Mon cousin a très bien accueilli la nouvelle, enchanté pour son père.

Ethan a pris un associé, car son entreprise prenait de l'ampleur. Côté cœur, monsieur est invariablement un célibataire endurci qui enchaîne les conquêtes. Tiffany est toujours avec Louis et ils sont follement amoureux l'un de l'autre. Ils ont accueilli il y a quelques mois un petit Tom. Pour le moment, elle n'a pas souhaité reprendre son poste à l'hôpital, elle veut profiter de sa progéniture.

Sa rencontre avec Louis l'a radicalement transformée. Elle a troqué sa garde-robe provocante contre une plus « sage » mais a gardé son franc-parler. Mon cousin a également accueilli un nouvel enfant avec sa femme. Une petite fille, pour le bonheur immense des jumeaux. Raphaël file toujours le parfait amour avec sa chérie avec qui il s'est installé. Il l'a accompagné lors d'une mission humanitaire. Elle avait envie de repartir, mais pas sans lui. Ils sont ainsi partis trois mois au Togo. Emma a été stressée durant cette période.

Déjà, c'était la première fois qu'elle était séparée si longtemps et si loin de son frère. Puis, le peu de nouvelles que nous recevions ne faisait qu'accroître son anxiété.

Une brise se fait sentir au milieu de cette vaste étendue silencieuse. Je perçois l'émotion me gagner. J'ai tellement eu de chance d'avoir croisé sa route. Elle a rendu ma vie tellement plus belle, plus savoureuse, pleine d'allégresse. Elle a continué de s'épanouir dans son travail jusqu'à ce qu'elle fasse le choix d'arrêter, car ce n'était plus compatible avec son état de santé. Elle m'a rendu tellement heureux.

Mais pour le moment, je suis immobile dans ce lieu endormi à contempler le monument qui se trouve devant moi et mes pensées continuent de divaguer. Tous ces moments partagés ensemble, les balades à moto, les brunchs du dimanche, les repas d'affaires, le sport. J'aurais tellement aimé en vivre énormément d'autres. Je ne sais pas ce que va être ma vie maintenant, mais je sais cependant, qu'il y aura continuellement un manque.

Mon beau-frère me sort de ma rêverie devant cette pierre tombale au milieu du cimetière en postant une main sur mon épaule.

- Allez Luke, c'est le moment d'y aller.

J'élève vers lui mes yeux rougis par les larmes qui menacent de couler et acquiesce silencieusement au moment où une petite main se saisit de la mienne et qu'une voix fluette m'interpelle.

- Papa, viens.

Le PatientOù les histoires vivent. Découvrez maintenant