Chapitre 8

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Elle est là, devant moi... Ma Sauveuse. Je vois à ses yeux qu'elle me sourit, mais son masque me le cache. Ses cheveux mi-longs, châtains, sont éclatants. Ses yeux, entre le vert et le bleu, sont sublimes. Sa silhouette menue la fait paraître frêle. Elle est loin de la fille que j'imaginais : elle est mille fois mieux.

Elle replace mon dossier dans sa pochette et se met face à nous. Ses gestes sont gracieux. Je n'ai pas encore réussi à sortir un son de ma gorge, je suis comme un con face à elle. Par chance, Laurent est là.

- Eh ma belle ! Ça va ?

Heureusement que je suis au courant qu'il est amoureux d'un homme, sinon le surnom qu'il vient de lui donner ne me plairait pas.

- Oui, beaucoup mieux.

Elle était malade ? C'est pour ça qu'elle n'était pas là ces derniers temps ? Elle n'a rien de grave, j'espère.

- C'était juste une petite grippe, mais j'ai encore un peu de toux, d'où le masque.

Ouf, rien de grave. Laurent me ramène vers mon lit et me prête main forte pour m'installer dedans. Elle nous observe. Ça m'intimide. Incroyable ! Moi, Luke Leroy qui n'a pas peur de rien, est intimidé par une jeune infirmière ! Il y a de sérieux effets secondaires à ce coma et aux produits qu'ils m'ont injectés !

Une fois confortablement positionné dans mon lit, Emma se rapproche de moi et me regarde avec bienveillance.

- Alors ? Comment vous sentez-vous ?

- Bien. Même si ce tortionnaire vient de me faire vivre un enfer.

Je fais un signe de tête vers Laurent qui éclate de rire.

- Oh allez mon pote, tu me remercieras plus tard, tu verras.

- Permets-moi d'en douter.

Emma se joint à nos rires. Oh, ce rire ! je l'ai précédemment entendu une fois et je l'avais adoré. Ça n'a pas changé.

- Bon Emma, je te laisse avec M. Bougon. Bon courage.

Puis il me salue en me faisant un clin d'œil et en me donnant rendez-vous pour le lendemain. Après son départ, je me reconcentre sur les yeux de ma Sauveuse pleins de vie.

- Alors, pourquoi vous m'attendiez ?

- Je dois vous faire un bilan sanguin.

Bah oui du con ! Pour quelle autre raison estimais-tu qu'elle t'attende ? Pas pour te faire la conversation et certainement par parce qu'elle était aussi impatiente que toi de vous rencontrer. Cesse de rêver !

Elle met ses cheveux en arrière, ce qui fait échapper des effluves de son parfum vanille. Je ne m'étais pas rendu compte que j'aimais autant cette odeur avant...

Elle prépare les tubes dans lesquels elle va recueillir mon sang, passe un garrot à mon bras et désinfecte l'endroit où ma veine est visible dans le creux de mon coude. Elle me demande de serrer le poing.

- Je vous préviens, j'ai les mains froides.

- Je sais.

Elle me regarde, surprise.

- Vous me le disiez toujours avant de me toucher. Même si au départ, je ne le sentais pas, j'ai ressenti la fraîcheur de vos doigts les derniers jours avant mon réveil.

- Donc j'avais raison de vous prévenir.

J'entrevois qu'elle me sourit à nouveau derrière son masque. Je souhaiterais particulièrement pouvoir voir ce sourire ! Je suis certain qu'il est inoubliable. Comme ses yeux, ses cheveux, son teint, sa nuque. Ok, reprends-toi mon vieux ! Tu es juste sous le coup de l'émotion d'avoir enfin eu la possibilité de découvrir celle qui a si bien veillé sur toi pendant ton coma.

Le PatientOù les histoires vivent. Découvrez maintenant