Chapitre 15

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- Laisse-moi vous raccompagner. Je serais plus rassuré.

Elle me fait un grand sourire sincère et acquiesce. Je la guide jusqu'à ma voiture. J'y installe Nathan à l'arrière en l'allongeant délicatement. Emma lui passe la ceinture de sécurité sur ses jambes et son torse. Puis, elle prend place sur le siège passager avant. Une fois installée, elle observe l'intérieur de l'habitacle et me dit :

- Superbe voiture.

- Merci.

Je possède une voiture de sport de luxe. Certes, ce n'est pas familial, mais il y a assez de place pour Nathan derrière. Je ne sais pas si elle est impressionnée ou intimidée, mais elle a l'air d'apprécier.

Je démarre et suis le trajet qu'elle m'indique. Un quart d'heure plus tard, je me gare devant son immeuble. Je sors délicatement Nathan de la voiture et le garde dans mes bras. Je la suis à l'intérieur du bâtiment et prend l'ascenseur avec eux. Elle me laisse entrer avec toujours son fils dans les bras. Elle enlève son manteau et ses chaussures et récupère son garçon.

- Je vais le coucher. Installe-toi dans le salon, je n'en ai pas pour long.

Je la regarde s'éloigner dans le couloir et me dirige vers le salon ouvert sur l'entrée. C'est un appartement cosy. Il y a des jouets dans un coin de la pièce et des livres de comptines dans la bibliothèque. Il y a des photos d'elle et son fils, avec son frère, ses parents... mais aucune avec le père. Je commence à me dire qu'elle ne vit pas avec lui, tous les signes montrent qu'ils ne sont pas ensemble ou qu'ils ne le sont plus.

Dans ce cas, pourquoi elle met des barrières entre nous ?

Je l'entends revenir au salon. On se regarde en silence un instant. Qu'est-ce qu'elle est ravissante ! Elle est d'une beauté naturelle. Sans artifices. Les traits de son visage sont doux et fins dans un ovale parfait. Cette femme me fait ressentir des choses que je n'ai nullement ressenties auparavant. Ce n'est pas que physique. Je suis attiré par elle.

- Tu désires boire quelque chose ? Une bière, un café ou autre chose ?

- Je veux bien une bière.

Elle se dirige vers la cuisine ouverte sur le salon également. Elle prend deux bières dans le frigo, les décapsule et m'en tend une. Elle s'assoit sur le canapé en pliant une jambe sous ses fesses. Je m'installe près d'elle. On trinque et boit une première gorgée. Je me résigne enfin à mettre les pieds dans le plat. Je ne peux plus rester dans l'ignorance.

- Emma, quand tu prétends que tu n'es pas entièrement libre, tu parles de Nathan ou de son père ?

- Son père et moi sommes séparés. Depuis, ma vie est consacrée à mon fils.

Donc celui qui est dans sa vie et qu'elle ne peut pas ignorer, c'est son fils.

Le puzzle se met en place dans ma tête. Les discussions tendres au téléphone, c'était avec son fils. Et pendant tout ce temps, je me suis imaginé qu'il y avait un homme dans sa vie et qu'elle n'était pas célibataire.

Quel crétin !

Je comprends pourquoi elle avait l'air de ne pas saisir ce que je disais lorsque j'évoquais un « copain ». Mais elle ne se laisse pas aller à cause de son fils. Je suppose qu'elle ne s'autorise pas des aventures comme celles de Tiffany à cause de lui. Mais de toute façon, même sans son fils, elle n'est clairement pas ce type de fille. Elle est posée, responsable, mature.

Je marque un silence et reprends :

- Ce qui s'est passé ce soir, ça arrive fréquemment ?

Elle met son bras sur le dossier du canapé et pose sa tête sur son poing fermé.

Le PatientOù les histoires vivent. Découvrez maintenant