Chapitre 39

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Presque trois semaines se sont écoulées depuis notre dernière conversation. Est-ce qu'elles ont été plus facile à supporter que les deux mois précédents ? J'en doute. Même si cette délibération entre ma Sauveuse et moi m'avait donné un peu d'espoir, j'avoue que plus les jours passent, plus il s'estompe.

Est-ce qu'elle a réfléchit et pris sa décision ? Est-ce que c'est réellement fini ? Est-ce qu'elle ne se sentira jamais capable de me faire confiance à 100% ? Car finalement, l'avenir de notre relation ne repose que sur ça : sa disposition à croire en moi et en nous.

Elle a demandé du temps, alors je lui en accorderai autant qu'elle voudra, mais à condition que je sois sûr qu'on se remette ensemble. Et finalement, je crains que cette clause ne soit pas remplie.

Mais en même temps, cela me semble impossible. C'est inconcevable que je ne finisse pas ma vie avec elle. Ça ne peut pas être autrement. Je sais qu'elle est faite pour moi et je suis convaincue d'être celui qui lui faut. La force de nos sentiments doit pouvoir nous aider à surmonter cette crise et affronter celles que nous serons encore amené à traverser.

Malgré tout, il y a quand même un mieux dans mon comportement : je ne noie plus mon chagrin dans l'alcool comme je le faisais certains soirs. Je suis moins lunatique avec les autres au bureau. J'ai réussi à me remettre en selle pour les négociations. Mais j'ai toujours beaucoup de mal à dormir et il m'arrive de sauter les repas.

- Elle ne t'a toujours pas appelé ?

- Non.

Je suis au resto avec Ethan, qui tient absolument à ce que nous sortions minimum un soir par semaine pour éviter que je m'enfonce à nouveau dans la dépression dans laquelle j'étais plongé. Cette discussion avec Emma m'a quand même fait sortir de ma prostration.

- T'as essayé de l'appeler toi ?

- Elle n'a pas débloqué mon numéro.

- Aïe, c'est mauvais ça.

- Merci de ton soutien.

Il me regarde, surpris et penaud, se rendant compte encore une fois de sa maladresse. Mais au moins, il est honnête. Sa phrase m'a fait sourire mais m'a aussi donné un petit coup au cœur.

- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire mais...

- Ce n'est pas bon signe oui... Ou alors ça ne veut rien dire. Peut-être qu'elle ne se souvient pas m'avoir bloqué ? Peut-être qu'elle me débloquera au moment où elle voudra m'appeler ?

- Oui ça doit certainement être ça.

Ouai, même lui n'est pas convaincu par ce que je dis. C'est mal barré.

- Tu tiens le coup quand même ?

- Oui. J'ai beaucoup de boulot alors ça m'aide à ne pas penser à elle.

Il me fixe du regard, comme pour voir si ce que je dis est vrai. Oui, j'ai pris du retard avec mes sottises. Mon cousin et mon oncle ont pallié mon incompétence passagère mais j'ai quand même des dossiers à rattraper.

- Concernant la rénovation du lotissement, c'est ton cousin qui est sur le dossier ?

- On s'en occupe tous les deux.

- Tu continues de bosser dessus ?

- Bien sûr. C'est un gros dossier, on n'est pas trop de deux. Puis, ce n'est pas parce que c'est celui où ses parents habitent que je dois laisser tomber. Tu me connais depuis le temps, les affaires sont les affaires.

Le PatientOù les histoires vivent. Découvrez maintenant