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Olivia

    Je commence à détester les hommes.

    Enfin, non, je les détestes déjà pour la plupart. Entre les vieux porcs qui sexualisent des enfants, les abrutis de jeunes qui ne comprennent pas le consentement et les adultes infectes qui se croient supérieur à tout le monde. Entre les arrogants, les égoïstes, les hypocrites, les malhonnêtes. Entre ceux qui n'essaie même pas de me montrer un minimum de respect et ceux qui m'imagine dans leur pieux. Et le pire, ceux qui pense m'apprendre quelque chose, ceux qui s'imagine supérieur à moi dans un domaine que je maîtrise mieux qu'eux.

    Ça. Ça, ça me met vraiment en rogne et me donne envie de leur arracher la jugulaire avec les dents. De leur enfoncer des clous chauffés à blanc dans les yeux, de les suspendre par des cordes en métal barbelé, d'insérer des aiguilles fines sous leurs ongles, de les priver de nourriture ou d'oxygène. Non de les priver de nourriture et d'oxygène.

    - Olivia, tonne la voix grave de mon grand frère, tu veux bien te concentrer un peu ?

    Je relève les yeux sur Marco. Son regard froid me sonde un instant alors que je suis en train de jouer avec mon épingle à cheveux. La pointe est tellement aiguisée qu'elle pourrait se planter dans un cœur comme dans du beurre. Je me contente de la faire tourner sur la table en bois, la pointe commençant à creuser un trou. Marco, toujours vêtu de son éternel costume sur mesure d'une nuance de noir profond, joue un instant avec la chevalière familiale qui scintille à son doigt.

    La nouvelle salle de réunion de l'Ordre est un espace moderne située au dernier étage d'un immeuble discret mais sécurisé au cœur de la ville. Les murs sont en verre fumé, offrant une vue panoramique sur les toits de la ville tout en garantissant une intimité absolue. Les surfaces métalliques et les lignes épurées dominent le décor, renforçant l'impression de froide efficacité.

    Au centre de la salle, une longue table en verre trempé, montée sur un cadre en acier, trône comme un autel autour duquel se réunissent les membres influents de l'Ordre. Les chaises, en cuir noir aux finitions parfaites, sont aussi confortables qu'elles sont imposantes. Au plafond, des panneaux lumineux diffusent une lumière blanche, clinique, qui éclaire sans complaisance les visages du Conseil.

    Les écrans intégrés dans les murs affichent des données en temps réel : flux d'informations cryptées, vidéos de surveillance, cartes tactiques. L'ambiance est celle d'un quartier général de haute sécurité.

    Marco se tient debout à une extrémité de la table, alors qu'il passe en revue les rapports qui s'affichent devant lui. Des documents numériques détaillant les pertes récentes, les opérations ratées, et les informations sur la taupe qui menace de détruire l'organisation de l'intérieur.

    - Nous sommes dans une situation critique.

    Je me suis renseignée et j'ai récemment découvert qu'une goutte d'eau qui tombe régulièrement sur le même point de son front, créer une douleur aiguë et constante. Avec un peu de chance, je pourrais utiliser mon frère pour l'expérience. Pas sûre que mama accepte, par contre.

    - Depuis la descente initiée par le secteur opérationnel, nous avons subi une série de revers inacceptables. Le Jardin a riposté, et ils l'ont fait avec une efficacité dévastatrice. Nous avons perdu des hommes, des planques, des contrats. Et surtout, nous avons une taupe parmi nous.

    Les regards se tournent vers moi. Je reste droite, impassible, mais mes yeux brillent d'une détermination visée. Je vais tuer mon frère. Il ne peut pas s'empêcher de ramener ça à mon opération de la pire des manières. J'ai l'impression d'avoir 10 ans, quand Marco me voyait casser un vase et qu'il courait vers notre mère : « Oli a fait une bêtise ! » Je sais que j'ai merdé, pas besoin de me le rappeler constamment. Encore et encore, comme un putain de disque rayé. Il a quel âge, sérieux ? 12 ans ?

CoupableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant