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Mattéo

    Alice :
T'as encore fait le ménage dans ma chambre ?

    Je détache ma ceinture, sort de ma voiture et referme la portière d'un geste sec. Mes yeux se lèvent un instant sur l'immense immeuble moderne qui se dresse de l'autre côté de la rue. C'est le genre de bâtiment qui domine le paysage urbain avec ses lignes épurées et ses parois de verre réfléchissant la lumière du soleil. J'ai toujours détesté ces bâtiments – et souvent les personnes qui habitent à l'intérieur aussi.

    Le ciel bleu sans nuage se reflète sur les surfaces vitrées, créant l'illusion d'un édifice infini, se fondant avec l'horizon. L'entrée principale, encadrée de colonnes imposantes, est d'un minimalisme chic, avec une porte en verre automatique qui glisse silencieusement à son approche. Je traverse la rue en évitant de me faire percuter avant de répondre à la gamine.

    Mattéo :
Ouais, c'était le bordel. Fallait bien que quelqu'un s'en occupe.

    Alice :
Mais j'avais un système ! Mtn je retrouve que dalle, merci

    Mattéo :
Un système ? Tu veux dire la technique « je balance tout par terre et j'appelle ça organisé » ?

    En entrant dans le hall, je suis frappé par le contraste entre l'agitation du monde extérieur et le calme feutré de cet espace. Le sol en marbre poli, d'un blanc immaculé, résonne doucement sous mes pas, tandis que des lustres en cristal suspendus au plafond diffusent une lumière douce.

    Le hall est vaste et un parfum subtil et luxueux flotte dans l'air. Partout, des gens bien habillés se déplacent avec assurance, leurs vêtements de créateurs affichant une élégance qui se veut discrète. Seigneur Dieu, qu'est-ce-que je fais ici. Certains discutent en petits groupes, d'autres sont assis dans des fauteuils de cuir blanc, feuilletant des magazines de mode ou consultent leurs téléphones dernière génération.

    Alice :
J'avais mon stock de bonbons de secours sous le lit ! Ils sont où ???

    Mattéo :
Ton stock de bonbons de secours ? T'avais prévu de survivre à une apocalypse ou quoi ?

    Alice :
C'est stratégique, ok ? Un stock bien caché pour les moments de crise. Là, t'as tout niquer

    Mattéo :
Si par « crise » tu veux dire « fringale de 22h », alors ouais, j'ai compromis ta mission.

    Alice :
Tu me dois une nouvelle réserve. Ça va te coûter cher l'ancien

    Je soupire pour la forme, mais un très léger sourire étire le coin de mes lèvres. Cette enfant tourne au sucre, ça m'inquiète presque. Je jette un rapide coup d'œil autour de moi, constatant que personne ne semble prêter attention à mes mouvements.

    D'une main assurée, je sors une carte magnétique de la poche arrières de mon pantalon. Le logo de l'immeuble y est gravé avec une élégance discrète, signe qu'il s'agit d'une clé d'accès réservée à une élite. Tu parles d'une élite de petits friqués.

    Sans hésiter, je m'approche des ascenseurs, un groupe de cabines aux portes en acier brossé. Je glisse la carte dans une fente discrète à côté de l'une d'elles, et les portes s'ouvrent aussitôt, révélant un intérieur luxueux. Le sol de l'ascenseur est tapissé de moquette épaisse, et les murs sont recouverts de panneaux en bois précieux, ornés de détails en laiton. Un écran tactile intégré affiche les étages, mais je n'ai pas besoin de le toucher. La carte a déjà sélectionné ma destination : le Penthouse.

CoupableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant