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Gabin

Une soirée d'intégration sans un karaoké improvisé par Josh et Maxi, c'est comme une pizza sans fromage : impossible à concevoir. Ces deux-là ont un don étrange pour créer un chaos festif en un clin d'œil. Comment ils arrivent à transformer une ambiance posée en délire collectif ? Je n'en ai toujours aucune idée. Mais une chose est sûre : ils réussissent à chaque fois. Il suffit que je tourne la tête quelques secondes – juste le temps de remplir mon verre – et me voilà face à une horde de jeunes en furie, hurlant à l'unisson sur une vieille chanson des années 80.

Je n'aurais jamais cru que Madonna pouvait encore rallier autant de voix, mais visiblement, les classiques des eighties ont un pouvoir d'attraction insoupçonné. Un sourire en coin, je m'appuie contre le mur pour observer le spectacle.

Josh, toujours aussi excentrique, ressemble à une véritable star du disco avec les paillettes sur son crâne – on dirait une boule à facette – qui scintillent sous les lumières tamisées. Il a une chemise à col large, ouverte jusqu'au nombril, et un pantalon patte d'eph' qui semble tout droit sorti de « Saturday Night Fever ». Maxi, lui, a opté pour un costume de Superman un peu trop ajusté, donnant l'impression que ses muscles fictifs sont sur le point d'exploser. Sérieusement, ils forment un duo improbable, mais terriblement efficace.

Leurs bras se lèvent dans les airs, comme un signal, et la foule imite immédiatement leurs mouvements. L'énergie monte d'un cran, ça tourne presque au concert improvisé. Tout le monde se lâche, chante faux, mais s'en fout royalement. Et moi, je ne peux m'empêcher de sourire devant tant de spontanéité. De temps à autre, je repère des premières années complètement captivés, les yeux rivés sur Josh et Maxi comme s'ils étaient en train d'assister à une performance légendaire. Ce qui – en un sens – n'est pas si loin de la vérité.

Ben choisit ce moment pour se faufiler à travers la foule et venir me rejoindre. Il chantonne les paroles de « La Isla Bonita » tout en se rapprochant de moi, bougeant les épaules avec un enthousiasme exagéré, et je devine rapidement ce qui va suivre.

En quelques pas, il se retrouve juste devant moi, esquissant une danse ridicule, mélange de moonwalk raté et de mouvements de salsa mal huilé. Il se dandine un peu plus, fait pivoter son bassin d'un air théâtral, avant de finir son numéro en mode diva.

- Je te savais pas fan de Madonna, lui dis-je en éclatant de rire
- Tu rigoles ? C'est un classique intemporel ! 

Je ne peux pas m'empêcher de détailler son costume. Cette année encore, il a ressorti son fameux déguisement de zombie. Un maquillage à moitié effacé laisse entrevoir son visage, mais le faux sang sur ses joues et ses vêtements donne un effet presque réaliste. Bon, il le déteste – je le sais – mais il faut avouer qu'il porte ça comme un pro. De toute façon, même dans un sac poubelle, Ben réussirait à être stylé.

Alors qu'on plaisante sur son déguisement, un petit groupe de premières années nous rejoint. Ils sont quatre, et ils ont l'air impressionnés, entre la performance de Josh et Maxi et l'ambiance générale.

- Ils sont parrains, ces deux-là ? demande l'un d'eux, les yeux écarquillés en direction de la scène improvisée. Ça donne quoi quand ils sont pas en mode karaoké ?

Ben et moi échangeons un regard complice avant d'éclater de rire. C'est vrai que – vu comme ça – Josh et Maxi ne donnent pas vraiment l'image de tuteurs responsables. Pourtant, ils sont incroyablement doués pour ça.

- Ça donne des majors de promo, balance Ben avec un sourire fier. Faut pas se fier aux apparences, les gars. Ces deux-là sont des machines quand il s'agit de bosser.

CoupableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant