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Gabin

L'entraînement de pré-saison touche à sa fin, et je me tiens là, au centre du terrain, les mains sur les hanches, en essayant de reprendre mon souffle. La salle résonne encore des bruits de ballons rebondissant et des chaussures crissant sur le sol. On est encore en plein mois d'août, le campus est désert, mais nous, on est déjà au boulot. Le soleil décline doucement à l'extérieur, rappelant que les jours raccourcissent, mais ici, la journée semble loin d'être terminée.

- OK, les gars !

Ma voix résonne dans le gymnase. Tout le monde traîne les pieds vers le centre, comme si je venais de leur demander de gravir l'Everest. Josh, notre meneur, est le premier à arriver. Il traîne derrière lui une énorme bouteille d'eau en passant sa main sur son crâne décoloré recouvert de grosses fleurs roses. Il se plante devant moi avec un grand sourire qui ferme ses yeux.

- Si je survis à ça, tu me dois un steak. Un gros.
- Un steak ? je réponds en haussant un sourcil. Après ce que tu viens de montrer en défense, tu devrais plutôt te contenter d'une salade.
- Je suis sérieux, Cap', si on continue comme ça, je vais devoir me faire greffer des jambes neuves, dit-il en soufflant
- T'inquiète pas, tu pourras te reposer dans huit mois, une fois qu'on aura gagné cette foutue coupe.

À côté de Josh, quelques nouveaux joueurs échangent des regards, essayant de comprendre si je plaisante ou si je suis sérieux. Ben, notre arrière, arrive finalement, toujours le dernier comme d'habitude. Il est en train de discuter avec une de ses nanas sur son téléphone, ses boucles rousses cachant son visage.

- Kappel, si tu passais autant de temps sur les lancers francs que sur Tinder, on serait invincibles.
- Eh, mes doigts sont faits pour régaler les femmes, pas pour tirer, répond-il avec un clin d'œil. Mais t'inquiète pas, la prochaine fois, je mets tout dedans.
- Si tu le fais, je te paye le café pour le reste de l'année. Mais si tu rates encore, c'est toi qui nettoies les ballons.
- Marché conclu, accepte-t-il en rangeant enfin son téléphone dans sa poche

Je regarde le reste de l'équipe, tout le monde est là, fatigué mais avec ce petit sourire satisfait. On a bien bossé aujourd'hui, même si quelques uns ont encore du mal à ne pas confondre vitesse et précipitation.

L'équipe de basket masculine de la FAC fait parti des équipes sportives qui peuvent reprendre les entraînements avant le début de l'année scolaire. C'est la deuxième année que je m'occupe de la pré-saison en tant que capitaine et ça me plaît toujours autant. Lors de ma première année, j'ai intégré l'équipe sans James – puisque j'ai sauté une classe – et je me suis forgé un cercle d'ami fidèle en attendant grâce à la pré-saison. Dont Josh et Ben qui sont aussi en première année de master – dont l'un est plus âgé d'un an alors que l'autre a aussi sauté une classe comme moi. Ce sont mes meilleurs amis et même s'ils me cassent les pieds depuis quatre ans, on est inséparables.

La pré-saison permet de travailler la condition physique, la force, et l'endurance. Notre entraîneuse utilise cette période pour développer des stratégies, travailler sur la cohésion d'équipe, et mettre en place les systèmes de jeu. En plus, reprendre les entraînements plus tôt nous permet aussi de renforcer l'esprit d'équipe, notamment avec les nouveaux membres. La plupart commence déjà à s'intégrer et je sens que cette année va être intéressante.

L'entraîneuse Martinez s'avance alors, un sifflet à la main, ses yeux perçants scrutant chacun d'entre nous. C'est sa deuxième saison avec nous, alors elle a déjà imposé son style : exigeant mais juste. Elle sait exactement comment nous pousser à donner le meilleur de nous-mêmes.

CoupableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant