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Gautier

Je me réveille lentement, la lumière du matin me frappant en pleine face à travers ces ridicules rideaux en lin, comme si le soleil s'était donné pour mission de me sortir du lit. C'est l'été, donc ma chambre est déjà un four à peine le jour levé. Le bleu clair des murs donne l'impression que la pièce essaie désespérément de me convaincre que je vis en bord de mer – alors que je suis coincé dans cet appartement avec une chaleur qui ferait suer un cactus. Entre ça et les posters de vieux joueurs de basket qui se décomposent presque autant que moi, l'ambiance est au top.

À côté de moi, Lia est encore endormie. Elle, dans mon lit, avec mon t-shirt, bien trop grand pour elle, qui glisse négligemment sur son épaule. Une vraie vision. Ses cheveux blonds sont un désastre sublime, comme si elle sortait d'une pub où tout est parfait, sauf que là, c'est la vraie vie et elle est encore plus belle.

Et son odeur, bon sang... Cette fille sent le paradis en bouteille. Vanille, un soupçon de quelque chose de frais et totalement inqualifiable qui rend tout instant passé à côté d'elle infiniment plus supportable. Elle dort paisiblement, comme si le monde n'avait aucune emprise sur elle, et moi, je suis là, à la regarder comme un idiot, en me demandant ce que je fous exactement avec ma vie.

Je pourrais rester là à la contempler, mais non, évidemment, je dois me lever. Alors que je bouge légèrement, la couette glisse, et une bouffée de chaleur encore plus intense me frappe. Elle fronce les sourcils, comme si je venais de perturber le rêve du siècle. Merde. Pas question d'attraper un t-shirt qui traîne sur une chaise. Vu la chaleur, je n'ai pas besoin de ça, je suis déjà en nage.

Avec un dernier coup d'œil pour la déesse endormie dans mon lit – ce qui semble être le summum de ma vie amoureuse en ce moment –, je sors de la chambre en mode furtif. Je traverse le couloir, décoré avec des cadres photos un peu ridicules et des dessins faits à la va-vite directement sur le mur. Une ambiance entre galerie d'art pour enfants et « je m'en fous complètement de la déco ».

Tout ça pour arriver dans le salon, inondé de lumière, où une odeur divine de pain frais et de bacon grillé me frappe en plein estomac. Sérieusement, si je n'étais pas déjà debout, ce serait la meilleure alarme du monde.

Je me dirige vers la cuisine ouverte et grimpe sur une chaise haute au comptoir. Ziggy est bien installé sur le siège à côté de moi, ronronnant de satisfaction. Ce chat a clairement compris la vie mieux que moi. À quelques mètres, Simon termine de préparer le petit-déjeuner.

Bien sûr, monsieur est déjà habillé pour la journée – tout beau, tout frais. Il porte un t-shirt de compression qui ferait baver n'importe qui – hein, Sam ? – et un jean noir parfaitement ajusté. Comme toujours, casquette à l'envers et lunettes sur le nez. Il se tourne vers moi et pose une assiette sur le comptoir.

Et là... oh, Seigneur. Des œufs brouillés, des tranches de bacon dégoulinantes, et des tartines beurrées qui semblent tout droit sorties du paradis. Je ne peux même pas attendre une seconde de plus, je me jette dessus comme si ma vie en dépendait.

Simon, lui, reste appuyé contre l'évier, café à la main, me fixant en silence. C'est un peu son truc, ça. Boire son café et me regarder comme s'il essayait de lire dans mes pensées. Spoiler alert : il n'aimerait pas ce qu'il trouverait.

Alors voilà, après ma disparition organiséeque tout le monde considère comme la pire idée du siècle, mais qui, à mon sens, m'a sauvé la peau –, j'ai quitté le manoir familial. Cet endroit me rendait fou, littéralement. Entre ses murs, la vengeance m'aurait probablement avalé tout entier. J'ai viré tout le personnel, sauf ceux qui étaient dans la confidence. C'était une sorte de grand ménage, avec un petit bonus pour ceux qui ont osé me trahir en vendant des vidéos de surveillance au Jardin. Bref, nettoyage de printemps version drama familial.

CoupableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant