Coupable

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Jeremy

    Je ne dirais pas que j'attends la rentrée avec une impatience frénétique, mais il faut bien avouer que le campus de la fac est vraiment quelque chose. Imaginez un peu : un vaste campus moderne, pluridisciplinaire, regroupant des secteurs d'enseignement tellement nombreux qu'on pourrait croire qu'ils essaient de cartographier tout le savoir humain. Chaque domaine a son propre espace, ses bâtiments spécialisés, ses infrastructures dernier cri : bienvenue à l'Académie Nova – où le nombre de licences proposées dépasse l'imagination.

    Le seul coin un peu excentré, c'est la fac de Santé et Sciences Médicales, perdue de l'autre côté de la ville. Peut-être que les futurs médecins ont besoin de se sentir isolés, loin de la civilisation, pour méditer sur la fragilité de la vie humaine ? Ou juste pour que les gueux ne s'incrustent pas dans leurs soirées étudiantes.

    Les soirées, parlons-en. Aujourd'hui, le soleil brille de mille feux et le campus est envahi par des hordes d'étudiants de première année. Je dis bien « hordes », car il y a tellement de monde que ça ressemble à une invasion. Heureusement, ce ne sont que ceux qui se sont inscrits pour la journée d'intégration.

    Et attention, l'intégration est divisée en deux actes distincts : la journée, ouverte à tous, et la soirée, réservée aux parrainés. Le principe est simple : tu fais la journée et tu peux faire la soirée déguisée, où tu retrouves ton parrain ou ta marraine dans un jeu de piste farfelu. Mais si tu ne fais pas la journée, pas de soirée pour toi. Un peu comme si la fac te disait : « Tu veux t'amuser ? Gagne-le. »

    Les préparatifs sont assez sérieux. Il y a une semaine, on a reçu un mail nous assignant à des groupes d'une dizaine d'étudiants, chacun guidé par un parrain ou une marraine pour la journée. Et comme si ça ne suffisait pas, les futurs parrainés ont ensuite reçu un deuxième mail concernant la soirée déguisée.

    Thème imposé, évidemment, sinon ce n'est pas drôle. À première vue, ça a l'air simple : se déguiser, retrouver son parrain, faire la fête. Mais si on en croit James et les autres – tous parrains cette année encore –, c'est rarement aussi facile qu'il n'y paraît.

    James – d'ailleurs – a l'air d'aimer semer la panique chez les nouveaux, alors que son frère prie désespérément pour ne pas être assigné à un de ses potes. Lia, de son côté, rêve de tomber sur quelqu'un qu'elle connaît déjà – histoire d'avoir un pied dans les soirées sympas dès le départ.

    Quant à moi, j'espère secrètement être avec la fille qui nous fait visiter le campus. Elle a un sourire si doux qu'on dirait qu'elle flotte sur un nuage de bienveillance. Si je dois être guidé par quelqu'un pendant cette année, autant que ce soit par quelqu'un qui respire la sérénité et la joie. Parce que, franchement, avec tout ce chaos organisé, un peu de douceur, ça ne ferait pas de mal.

    - Le gros avantage d'avoir une faculté aussi grande c'est qu'il se passe toujours quelque chose, explique Cléo en marchant devant nous. Vous allez voir, le BDE organise des tonnes d'événements tout au long de l'année. On ne s'ennuie jamais ici, que ce soit sur le plan académique, culturel ou festif.

    Ses boucles blondes sont attachés dans un chignon désordonné – et pourtant hyper classe. Elle porte une courte robe fleurie rose et blanche et les multiples bracelets à ses poignets cliquettent à chacun de ses mouvements. Ses tâches de rousseurs ferait pâlir de jalousie Lia alors que ses talons capteraient l'attention d'Oli.

    - Bon, aujourd'hui, vous avez déjà un avant-goût avec la journée d'intégration, mais en fait, la fête continue toute la semaine. Le BDE organise des soirées à thème dans les bars partenaires autour du campus, des afterworks et même un tournoi de karting cette année. C'est vraiment l'occasion de faire connaissance avec des étudiants de toutes les promos et de commencer l'année en beauté.